Etat AVANT Tunis - Ville

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
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TUNISIE

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On a prodigué à Tunis les louanges et quelquefois aussi les injures. Les anciens l'appelaient simplement Tunis la blanche. Les Arabes l'ont surnommée tour à tour la glorieuse, la véritable, la florissante, l'industrieuse, la bien gardée et le séjour de la félicité. Le docteur Louis Franck, qui avait été médecin du bey Hamoudah, proposait de substituer à toutes ces épithètes celle de la fétide (fassedéh).

On a comparé sa forme à celle d'un burnous étendu sur un plan incliné. La Kasbah figure le capuchon. Ce sont les musulmans qui habitent la ville haute. Les quartiers des Francs, des Maltais, des Italiens et des Juifs sont situés dans la ville basse et dans les faubourgs.

L'enceinte de la cité proprement dite, est crénelée et percée de cinq portes. Les deux faubourgs sont également entourés de murs. On donne au pourtour entier de Tunis une étendue de huit kilomètres.

M. Dunant ne paraît pas éloigné d'admettre que le chiffre de la population de Tunis est d'environ 150 000. M. Pelissier, dans son Histoire de la Régence de Tunis, ne compte que 70 000 habitants. M. Victor Guérin, qui a visité récemment la Tunisie, relève le chiffre à 90 000 qu'il répartit de la manière suivante : 60 000 musulmans, 20 000 juifs, 10 000 chrétiens.

Ces dix mille chrétiens lui paraissent devoir se subdiviser ainsi : 5000 Maltais, 3 000 Italiens, 500 Grecs, 1 500 Français, Espagnols, Allemands ou Anglais. Les Français seuls sont au nombre de plus de huit cents.

Parmi les monuments qui méritent une mention particulière, on doit placer au premier rang le palais du bey, dar-el-bey, l'hôtel de la municipalité et la Kasbah.

Le dar-el-bey, qui extérieurement n'a rien de remarquable, est décoré à l'intérieur avec un grand luxe et dans le goût mauresque. C'est là que logent les étrangers illustres. Le bey a sa résidence ordinaire à trois lieues de Tunis, au bord de la mer, à la Marsa. Le siége officiel du gouvernement est le Bardo, vaste château flanqué de tours et de bastions, situé à deux kilomètres de Tunis, au nord-ouest. L'école polytechnique, les prisons d'État, toute une garnison sont comprises dans l'enceinte de cette forteresse où l'on trouve aussi une rue de boutiques.

Entre la ville et le Bardo s'étend un lac, le sebkat ès-seldjouny, qui est presque à sec pendant les grandes chaleurs.

Plusieurs heures avant le coucher du soleil, toutes les boutiques sont fermées, tous les bruits cessent dès qu'il fait nuit sombre, on s'enferme dans les maisons. Il ne passe plus guère dans les rues que quelques étrangers qui se font précéder de lanternes.

Les maisons sont rarement de plus d'un étage; elles ont toute la même forme, qui est très élémentaire: un bloc carré, au milieu duquel est une cour. Tous les appartements sont disposés autour de cette cour, el pateo, où une tente protège les habitants contre le soleil. Un escalier monte de la galerie à la terrasse.

En été, on se réunit tous les soirs sur les terrasses pour y jouir du vaste et pur spectacle du ciel étoilé. On y prend son café, on y fume.

Presque toutes les maisons ont des citernes où viennent s'amasser les eaux de la pluie. On ne consomme guère que de celles-là.

Amable Crapelet - Voyage à Tunis - 1859

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Relevé fait par Colin en 1860