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AÏN-SEFRA avait pour noms d’origine Aïn-Safia, signifiant « La source pure » ou Aïn-Essefra, signifiant « La Source au métal jaune » ; elle prit le nom et l’orthographe d’AIN-SEFRA par arrêté gubernatorial du 20 mars 1882.
Le plaisant village des années 1950 n’était, pourtant, à l’origine qu’un pauvre ksar bâti au pied d’une grande dune et entouré de jardins miséreux.
Le poste d’Aïn-Séfra fût créé en 1882, après l’insurrection de Bou-Amama, pour surveiller la région face à Figuig qui était, alors, la citadelle et le refuge des dissidents.
Aïn-Séfra fût rendue célèbre par le Maréchal Lyautey qui commanda la Subdivision d’Aïn-Séfra de 1903 à 1906.


   
== Situation ==


__TOC__


Située à 32° 45’ latitude nord et à 36° 2’ 24 » de longitude ouest de Greenwich, à 440 km d’Oran par la piste Le Kreider-Colomb Béchar, par voie ferrée à 493 km, à vol d’oiseau à environ 300 km. Aïn-Séfra, grosse bourgade plantée aux confins des hauts-plateaux, aux portes du Sahara à la bordure Nord de l’Atlas saharien.
AÏN-SEFRA avait pour noms d’origine Aïn-Safia, signifiant «&nbsp;La source pure&nbsp;» ou Aïn-Essefra, signifiant «&nbsp;La Source au métal jaune&nbsp;»&nbsp;;<br>elle prit le nom et l’orthographe d’AIN-SEFRA par arrêté gubernatorial du 20 mars 1882.<br>


Le village, isolé dans une vallée de sable entre l’immensité monotone des hauts plateaux et la fournaise du Sud, est bâti au confluent des oueds Bridj et Mouillah au centre des Monts des Ksours et culmine à 1070 mètres entre le Djebel Mekter (2062 m.) au sud, le Djebel Aïssa (2236 m.) au nord-est, les Djebels Morghad (2135 m) et Hairech (1686 m) au nord-ouest et le Djebel Smir (1800m) au sud-ouest.
<br>


Ces jardins, sa végétation exubérante offrent une sensation de douceur extrême et les vents qui soufflent sur ses dunes de sable d’or édifient au caprice de chaque jour de nouveaux paysages éphémères.
== Histoire ancienne ==
De loin, on a l’impression que le village a été construit sur une mer de sable et il semblerait bien que dans des temps anciens il y ait eu mer. Pour preuve l’existence d’impacts de vagues qui venaient s’écraser sur les parois du Djebel Mekter, les nombreux fossiles marins trouvés dans la région.
Sur la route de Pierre Blanche et de Tiout, les « Pierres Ecrites »  appelé également le rocher carmillé livrent leur étonnant lot de peintures rupestres attestant de la fertilité de la région au début de l’humanité.


Aïn-Séfra tire son intérêt de sa situation géographique : les monts des Ksours, portion occidentale de l’Atlas saharien qui forment la limite géographique entre les hauts-plateaux et le Sahara ; cette limite se trouve sous une latitude très méridionale ; d’autre part les sommets des montagnes qui atteignent une altitude relativement élevée (souvent plus de 2000 mètres) qui en fait des condensateurs. Le climat d’Aïn-Séfra est sec et caractérisé par de grandes variations de température entre les jours et les nuits. En été (juillet et août) on note + 40° C ; en janvier – 4°C et même – 6°C.  
<br>Le Ksar d’Aïn-Séfra fût créé vers l’an 987 de l’Hégire – soit vers 1586 et quelques mois de notre ère par les enfants de Mohamed Ben-Chaïb – dit BOU-DEKHIL -&nbsp;qui, contrairement aux habitants des autres ksars, ne sont pas d’origine berbère mais sont issus d’éléments divers de race arabe. Tous, cependant, prétendent descendre du Prophète par sa fille Fathma et ils possèdent des sedjira qui confirment ces prétentions. Ses habitants étaient appelés «&nbsp;Açhab El Qsar&nbsp;» ou bien les «&nbsp;Bou-Dekhil&nbsp;».  


Le vent souffle souvent et plus particulièrement d’ouest, le village est alors envahi par le sable qui pénètre absolument partout, dans les moindres recoins. Le siroco est rare ; Les chutes de pluie et de neige sont assez fréquentes au printemps et en hiver. En avril 1927 la neige est tombée et s’est maintenue très longtemps sur le Djebel Aïssa ; l’hiver 1954 vit également le village enveloppé d’une magnifique couche blanche. Par contre de violents orages s’abattent sur Aïn-Séfra en juin et en automne. Ces conditions permettent l’existence et la survivance d’une flore tellienne remarquable pour la région.
Sidi Bou Dekhil était originaire de Zemmorah et habitait chez les Arbaouat –dans le cercle de Géryville, entouré de ses enfants et de ses serviteurs&nbsp;; il possédait quelques biens et, entre autres, le puits de Hassi el Abiod.  


Ces djebels furent le théâtre de violents accrochages avec les fellaghas retranchés au Maroc dont la frontière se situait à une cinquantaine de kilomètres d’Aïn-Séfra.
Mohamed ben Sliman – père de Sidi Cheikh – demanda et obtint la main de la jeune Slamet. Sidi Bou Dekhil fit don à sa fille du puits d’Hassi el Abiod. Mais ses quatre frères, lésés dans leurs intérêts par cette donation, revendiquèrent leurs parts dans la possession du puits. Ce fût, dès lors, l’origine de luttes continuelles qui aboutirent à la défaite des enfants de Sidi Bou Dekhil qui furent contraints de prendre la fuite et de chercher refuge dans la région d’Aïn-Séfra.  


L’oued Mouillah recueille les eaux des pentes sud des Djebels Hairech et Morghad et celles des pentes Nord du Djebel Aïssa. Les talwegs du Djebel Mekter alimentent l’Oued Bridj qui recueille par ailleurs les pluies de la région de Forthassa, à 70 kms à l’ouest d’Aïn-Séfra.
Pour se mettre à l’abri des attaques continuelles des Zoua et des Oules-Sidi-Chaikh, les Ouled-Sidi-Bou-Dekhil qui vivaient d’abord sous la tente au milieu de leurs troupeaux, construisirent alors des maisons qu’ils entourèrent de murs crénelés. Ils s’adonnèrent à la culture des terrains et achetèrent les terres de l’oued Bridj aux Beni-Amer et aux Ouled en Nehar moyennant 1000 moutons&nbsp;; ils purent ainsi étendre leurs droits de propriété depuis Sekhouna jusqu’à Ressaf, entre Aïn-Séfra et Tiout. Mais ne purent véritablement vivre en paix qu’avec l’occupation définitive de la région par les troupes françaises.  


A leur jonction – à Aïn-Séfra – les deux oueds prennent le nom d’Oued Séfra. L’oued Séfra coule par intermittence pendant l’hiver, à la suite des pluies de décembre et de mars ; en juin et en octobre, de violents orages provoquent souvent des crues importantes et des masses d’eau considérables balayent l’oued arrachant tamarins et lauriers-roses qui le bordent.
Les ksouriens d’Aïn-Séfra sont donc d’origine arabe. Une partie d’entre eux y compris les Ouled Daoudi – descendants des Ouled Sidi bou Dekhil sont Cheurfa&nbsp;; quant aux autres fractions, elles sont composées d’éléments divers&nbsp;: Laghouat Ksel, Beni Snouss, Hamyan, Doui Menia, Ouled Meddah, Ouled Djerir, Ouled el Hossein ainsi que les serviteurs des Ouled Sidi bou Dekhil qu’ils avaient suivi dans leur exil, mais qui appartiennent à des sectes religieuses différentes.  


Une de ces crues détruisit le 20 octobre 1904 la quasi-totalité du village ; lors de cette crue périt Isabelle EBERHARDT âgée de 27 ans. Cette jeune femme poète écrivain décrivit avec passion la région et se convertit à la religion musulmane en 1900.
Au début le ksar était divisé en deux parties&nbsp;: l’une réservée spécialement aux Ouled-Daoudi, l’autre aux trois fractions Ouled-Youcef, Ouled Atta et Ouled-Meddah, avec défense expresse à ces trois fractions de sortir de leur quartier et de pénétrer dans la cité chérifienne sous peine de mort. Cette situation fit naître des dissensions qui se terminaient toujours par des coups de fusil. Le ksar, bâti entre la dune et l’oued – non loin de la source, abritait la population arabe locale. Il est adossé à une grande ligne de dunes d’environ15 kilomètres de long qui le sépare du Djebel Mekter. Comme tous les autres ksours, il se compose d’une agglomération de maisons grises bâties généralement en pierre, possédant une cour intérieure et un étage&nbsp;: Ces maisons, placées sans alignement les unes à côté des autres, forment des quartiers séparés par des ruelles étroites, tortueuses et obscures. Le ksar qui comptait, en 1849, 260 maisons habitées n’en possède plus en 1950 que 120&nbsp;; 60 familles sont parties, avant l’occupation française, à Tlemcen où elles résident encore, 6 familles s’installèrent à Oujda, 70 autres s’étaient installées définitivement à Aïn-Nakhla dans la région de Fèz.  


En dehors des crues, le mince filet d’eau de l’oued Bridj alimente, à 2 kms en amont du centre, des barrages construits par les indigènes avec des pierres et du sable d’où partent des « séguias » qui servent à l’irrigation des jardins. Ces barrages varient fréquemment d’emplacement soit par destruction, soit suivant les nécessités de l’irrigation. Joncs, lauriers-roses, tamaris, figuiers bordent les flancs de l’oued.
== Période française  ==


Le plaisant village des années 1950 n’était, pourtant, à l’origine qu’un pauvre ksar bâti au pied d’une grande dune et entouré de jardins miséreux.


Le Ksar d’Aïn-Séfra fût créé vers l’an 987 de l’Hégire – soit vers 1586 et quelques mois de notre ère par les enfants de Mohamed Ben-Chaïb – dit BOU-DEKHIL qui, contrairement aux habitants des autres ksars, ne sont pas d’origine berbère mais sont issus d’éléments divers de race arabe. Tous, cependant, prétendent descendre du Prophète par sa fille Fathma et ils possèdent des sedjira qui confirment ces prétentions.
Le poste d’Aïn-Séfra fût créé en 1882, après l’insurrection de Bou-Amama, pour surveiller la région face à Figuig qui était, alors, la citadelle et le refuge des dissidents.<br>Aïn-Séfra fût rendue célèbre par le [[LYAUTEY Louis Hubert|Maréchal Lyautey]] qui commanda la Subdivision d’Aïn-Séfra de 1903 à 1906.  
Ses habitants étaient appelés « Açhab El Qsar » ou bien les « Bou-Dekhil ».


Sidi Bou Dekhil était originaire de Zemmorah et habitait chez les Arbaouat –dans le cercle de Géryville, entouré de ses enfants et de ses serviteurs ; il possédait quelques biens et, entre autres, le puits de Hassi el Abiod.
Située à 32° 45’ latitude nord et à 0° 35’&nbsp;de longitude ouest de Greenwich, à 440 km d’ [[Oran - Ville|Oran]] par la piste Le Kreider-[[Colomb Béchar - Ville|Colomb Béchar]], par [[CHEMIN DE FER|voie ferrée]] à 493 km, à vol d’oiseau à environ 300 km.<br>Aïn-Séfra, grosse bourgade plantée aux confins des hauts-plateaux, aux portes du [[Sahara - Algérie|Sahara]] à la bordure Nord de l’Atlas saharien.  


Mohamed ben Sliman – père de Sidi Cheikh – demanda et obtint la main de la jeune Slamet. Sidi Bou Dekhil fit don à sa fille du puits d’Hassi el Abiod. Mais ses quatre frères, lésés dans leurs intérêts par cette donation, revendiquèrent leurs parts dans la possession du puits. Ce fût, dès lors, l’origine de luttes continuelles qui aboutirent par la défaite des enfants de Sidi Bou Dekhil qui furent contraints de prendre la fuite et de chercher refuge dans la région d’Aïn-Séfra.
Le village, isolé dans une vallée de sable entre l’immensité monotone des hauts plateaux et la fournaise du Sud, est bâti au confluent des oueds Bridj et Mouillah au centre des Monts des Ksours et culmine à 1070 mètres entre le Djebel Mekter (2062 m.) au sud, le Djebel Aïssa (2236 m.) au nord-est, les Djebels Morghad (2135 m) et Hairech (1686 m) au nord-ouest et le Djebel Smir (1800m) au sud-ouest.  
Pour se mettre à l’abri des attaques continuelles des Zoua et des Oules-Sidi-Chaikh, les Ouled-Sidi-Bou-Dekhil qui vivaient d’abord sous la tente au milieu de leurs troupeaux, construisirent alors des maisons qu’ils entourèrent de murs crénelés. Ils s’adonnèrent à la culture des terrains  et achetèrent les terres de l’oued Bridj aux Beni-Amer et aux Ouled en Nehar moyennant 1000 moutons ; ils purent ainsi étendre leurs droits de propriété depuis Sekhouna jusqu’à Ressaf, entre Aïn-Séfra et Tiout. Mais ne purent véritablement vivre en paix qu’avec l’occupation définitive de la région par les troupes françaises.


Les ksouriens d’Aïn-Séfra sont donc d’origine arabe. Une partie d’entre eux y compris les Ouled Daoudi – descendants des Ouled Sidi bou Dekhil – sont Cheurfa ; quant aux autres fractions, elles sont composées d’éléments divers : Laghouat Ksel, Beni Snouss, Hamyan, Doui Menia, Ouled Meddah, Ouled Djerir, Ouled el Hossein ainsi que les serviteurs des Ouled Sidi bou Dekhil qu’ils avaient suivi dans leur exil, mais qui appartiennent à des sectes religieuses différentes.
Ces jardins, sa végétation exubérante offrent une sensation de douceur extrême et les vents qui soufflent sur ses dunes de sable d’or édifient au caprice de chaque jour de nouveaux paysages éphémères.<br>De loin, on a l’impression que le village a été construit sur une mer de sable et il semblerait bien que dans des temps anciens il y ait eu mer. Pour preuve l’existence d’impacts de vagues qui venaient s’écraser sur les parois du Djebel Mekter, les nombreux fossiles marins trouvés dans la région. <br>Sur la route de Pierre Blanche et de Tiout, les «&nbsp;Pierres Ecrites&nbsp;» appelé également le rocher carmillé livrent leur étonnant lot de [[Préhistoire#Bouleversements_climatiques|peintures rupestres]] attestant de la fertilité de la région au début de l’humanité.  
Au début le ksar était divisé en deux parties : l’une réservée spécialement aux Ouled-Daoudi, l’autre aux trois fractions Ouled-Youcef, Ouled Atta et Ouled-Meddah, avec défense expresse à ces trois fractions de sortir de leur quartier et de pénétrer dans la cité chérifienne sous peine de mort. Cette situation fit naître des dissensions qui se terminaient toujours par des coups de fusil.
Le ksar, bâti entre la dune et l’oued – non loin de la source, abritait la population arabe locale. Il est adossé à une grande ligne de dunes d’ environ15 kilomètres de long qui le sépare du Djebel Mekter. Comme tous les autres ksours, il se compose d’une agglomération de maisons grises bâties généralement en pierre, possédant une cour intérieure et un étage : Ces maisons, placées sans alignement les unes à côté des autres, forment des quartiers séparés par des ruelles étroites, tortueuses et obscures.
Le ksar qui comptait, en 1849, 260 maisons habitées n’en possède plus en 1950 que 120 ; 60 familles sont parties, avant l’occupation française, à Tlemcen où elles résident encore, 6 familles s’installèrent à Oujda, 70 autres s’étaient installées définitivement à Aïn-Nakhla dans la région de Fèz.
Les ksouriens d’Aïn-Séfra vivent en grande partie des produits de leurs jardins qui s’étendent sur les bords de l’oued et de la source (Aïn-Séfra dite Aïn-el-Ksar) jusqu’à l’oued. 300 jardins cultivés en toutes saisons produisent les fruits et légumes de toutes sortes et sont arrosés par les eaux de l’oued, par la source du kasar Aïn-Séfra et par Aïn-ed-Dzira qui se trouve dans l’oued.
L’oued Séfra coule d’une façon normale sans jamais causer de ravage lorsque les pluies d’hiver augmentent son cours. Toutefois les Beni-Amer avaient autrefois construit un barrage au pied de la butte sablonneuse sur laquelle s’élève la koubba de Sidi-bou-Djemâa en face de l’abreuvoir ; mais cet ouvrage, servant à détourner une partie des eaux de l’oued pour l’irrigation des jardins,  composé de pierres sèches retenues par des piquets solidement fixés à terre, a été démoli.
L’organisation politique, administrative et judiciaire du Ksar, avant l’arrivée des Français, était administrée par une Djemâa.
Les Ksouriens d’Aïn-Séfra étaient – comme les autres ksouriens d’ailleurs – victimes de l’oppression violente des nomades qui força de nombreuses familles à s’expatrier ; l’installation française leur assura une complète sécurité qu’ils ne connaissaient plus depuis qu’ils avaient abandonné leur vie nomade.
Le 1er Caïd investi par les autorités françaises fut El-Arbi-ben-Allal nommé par décision du 12 mars 1861 en remplacement de Mohammed ben Ouiss révoqué à la même date pour abus de pouvoir.
Il fut remplace à sa mort – le 9 octobre 1866 – par Si el Mostefa ben Allal qui fut lui-même révoqué le 18 octobre 1869 pour son attitude équivoque dans l’affaire du Capitaine Morhain de la Légion Etrangère disparu chez les Amour en avril 1868. il fut remplacé par El Arbi ben Ouiss – fils d’un ancien président de la Djemâa. A la révocation de ce dernier le 20 janvier 1871, Mohamed ben Allal entra en fonction.
El Hadj Mohamed bel Arbi lui succéda le 31 décembre 1880 ; celui-ci fut obligé de s’enfuir pour échapper à la haine de ses administrés. Il fut remplacé, le 24 janvier 1882, par El Hadj Seddick ben Abdallah, révoqué lui-même pour inaptitude et remplacé par Taïb ben Zerrouk. A la révocation de ce dernier – le 9 mai 1900 – le Caïd Mohamed ben Ouiss prit ses fonctions. Celui-ci, issu des Ouled Daoudi, est un homme jeune, de très bonne famille et animé du désir de bien faire.


Le Ksar qui relève de la 68ème circonscription (hors Tell) est divisé au point de vue administratif en trois fractions : les Ouled Daoudi (dont est originaire le Caïd Mohamed ben Ouiss), les Ouled Atta et les Ouled Youcef. Sa population compte 693 personnes : 251 hommes, 212 femmes et 230 enfants ; parmi les hommes on dénombre 97 guerriers : 7 cavaliers et 90 fantassins. Cette population vit dans 120 maisons. Leur cheptel est composé de 7 chevaux, 30 ânes,, 35 bœufs, 500 moutons et 450 chèvres.
Aïn-Séfra tire son intérêt de sa situation géographique&nbsp;: les monts des Ksours, portion occidentale de l’Atlas saharien qui forment la limite géographique entre les hauts-plateaux et le Sahara&nbsp;; cette limite se trouve sous une latitude très méridionale&nbsp;; d’autre part les sommets des montagnes qui atteignent une altitude relativement élevée (souvent plus de 2000 mètres) qui en fait des condensateurs. Le climat d’Aïn-Séfra est sec et caractérisé par de grandes variations de température entre les jours et les nuits. En été (juillet et août) on note + 40° C&nbsp;; en janvier – 4° C et même – 6° C.
Les femmes tissent les burnous et les haïks nécessaires aux besoins de la population. Les ksouriens sont relativement heureux et doivent uniquement leur bien-être à la sollicitude dont ils sont l’objet de la part de l’autorité et à la proximité d’une forte garnison et d’une agglomération assez importante d’Européens qui les emploient, leur achètent les produits de leurs jardins et avec lesquels, même, ils s’associent pour entreprendre des petits commerces.
 
De nombreux enfants du ksar suivent assidûment les cours de l’école primaire d’Aïn-Séfra. Quant à l’instruction arabe, elle est donnée par deux derrer : Si-Mostepha-ben-Taïeb l’iman de la mosquée et Si-Mohammed-ben-bou-Bekeur qui n’ont en tout et pour tout qu’une quinzaine d’élève
Le vent souffle souvent et plus particulièrement d’Ouest, le village est alors envahi par le sable qui pénètre absolument partout, dans les moindres recoins. Le siroco est rare. Les chutes de pluie et de neige sont assez fréquentes au printemps et en hiver.
Ces deux indigènes reçoivent, comme partout ailleurs, une kharrouba d’orge et des petites sommes d’argent.
 
Les habitants Musulmans d’Aïn-Séfra sont affiliés à diverses confréries religieuses : les Ouled Daoudi – 35 familles – appartiennent à l’ordre du Marabout de Kenadza ; les Ouled Atta – 27 familles – à celui du Marabout de Kerzaz ; les Ouled Youcef – 25 familles – à Si Abdesselam d’Ouazzan.
En avril 1927 la neige est tombée et s’est maintenue très longtemps sur le Djebel Aïssa&nbsp;; l’hiver 1954 vit également le village enveloppé d’une magnifique couche blanche. Par contre de violents orages s’abattent sur Aïn-Séfra en juin et en automne. Ces conditions permettent l’existence et la survivance d’une flore tellienne remarquable pour la région.
Quelques familles – 4 à 5 – sont affiliées à la confrérie des Tidjania.
 
Tous ces ordres sont représentés au Ksar par des Mokaddem qui perçoivent les ziaras : El Hadk Mohamed bel Arbi (ex Caïd révoqué) pour Kenadza ; El Hadj Seddik ex-Caïd également révoqué pour Kerzaz et Si Bou Dekhil ben Sahraoui pour Ouazzan.
Ces djebels furent le théâtre de violents accrochages avec les fellaghas retranchés au [[MAROC|Maroc]] dont la frontière se situait à une cinquantaine de kilomètres d’Aïn-Séfra.
Les besoins du culte sont assurés et la mosquée est desservie par un Iman salarié par le budget des cultes. L’immeuble ainsi que les koubba bâties aux environs du ksar sont entretenus par les soins des habitants.                    
 
Les principales koubbas d’Aïn-Séfra sont celles élevées à la mémoire de Sidi-bou-Djemaa, de Mouley-Abdelkader et de Sidi-ben-Saheli.
[[Image:Ainsefra inondation.jpg|right|300px]] L’oued Mouillah recueille les eaux des pentes sud des Djebels Hairech et Morghad et celles des pentes Nord du Djebel Aïssa. Les talwegs du Djebel Mekter alimentent l’Oued Bridj qui recueille par ailleurs les pluies de la région de Forthassa, à 70 kms à l’ouest d’Aïn-Séfra.
Ces koubbas sont visitées régulièrement ; les Musulmans invoquent ces saints à l’image des Chrétiens qui invoquent la Vierge Marie ou bien d’autres Saints de l’Eglise.
 
De nombreux Musulmans se rendaient sur la Koubba de Sidi-Bou-Djemaa pour y implorer des guérisons ; ils y psalmodiaient alors des sourates du Coran.
A leur jonction – à Aïn-Séfra – les deux oueds prennent le nom d’Oued Séfra. L’oued Séfra coule par intermittence pendant l’hiver, à la suite des pluies de décembre et de mars&nbsp;; en juin et en octobre, de violents orages provoquent souvent des crues importantes et des masses d’eau considérables balayent l’oued arrachant tamarins et lauriers-roses qui le bordent.
Cette adoration des saints qu’on appelle Maraboutisme est très mal perçue de l’orthodoxie musulmane qui accuse ces derniers « d’associateurs » (Mouchrikines ), c’est à dire de gens qui associent Dieu aux êtres qu’il à créés, ce qui est contraire au fondement de l’Islam à savoir Unicité, sans Ascendant ni Descendant ni Egal.
 
Une de ces crues détruisit le 20 octobre 1904 la quasi-totalité du village&nbsp;; lors de cette crue périt Isabelle EBERHARDT âgée de 27 ans. Cette jeune femme poète écrivain décrivit avec passion la région et se convertit à la religion musulmane en 1900.
 
En dehors des crues, le mince filet d’eau de l’oued Bridj alimente, à 2 kms en amont du centre, des barrages construits par les indigènes avec des pierres et du sable d’où partent des «&nbsp;séguias&nbsp;» qui servent à l’irrigation des jardins. <br>Ces barrages varient fréquemment d’emplacement soit par destruction, soit suivant les nécessités de l’irrigation. Joncs, lauriers-roses, tamaris, figuiers bordent les flancs de l’oued.
 
Les ksouriens d’Aïn-Séfra vivent en grande partie des produits de leurs jardins qui s’étendent sur les bords de l’oued et de la source (Aïn-Séfra dite Aïn-el-Ksar) jusqu’à l’oued.<br>300 jardins cultivés en toutes saisons produisent les fruits et légumes de toutes sortes et sont arrosés par les eaux de l’oued, par la source du kasar Aïn-Séfra et par Aïn-ed-Dzira qui se trouve dans l’oued.
 
L’oued Séfra coule d’une façon normale sans jamais causer de ravage lorsque les pluies d’hiver augmentent son cours. Toutefois les Beni-Amer avaient autrefois construit un barrage au pied de la butte sablonneuse sur laquelle s’élève la koubba de Sidi-bou-Djemâa en face de l’abreuvoir&nbsp;; mais cet ouvrage, servant à détourner une partie des eaux de l’oued pour l’irrigation des jardins, composé de pierres sèches retenues par des piquets solidement fixés à terre, a été démoli. L’organisation politique, administrative et judiciaire du Ksar, avant l’arrivée des Français, était administrée par une Djemâa. Les Ksouriens d’Aïn-Séfra étaient – comme les autres ksouriens d’ailleurs – victimes de l’oppression violente des nomades qui força de nombreuses familles à s’expatrier&nbsp;; l’installation française leur assura une complète sécurité qu’ils ne connaissaient plus depuis qu’ils avaient abandonné leur vie nomade.
 
Le 1<sup>er</sup> Caïd investi par les autorités françaises fut El-Arbi-ben-Allal nommé par décision du 12 mars 1861 en remplacement de Mohammed ben Ouiss révoqué à la même date pour abus de pouvoir.<br>Il fut remplace à sa mort – le 9 octobre 1866 – par Si el Mostefa ben Allal qui fut lui-même révoqué le 18 octobre 1869 pour son attitude équivoque dans l’affaire du Capitaine Morhain de la Légion Etrangère disparu chez les Amour en avril 1868. il fut remplacé par El Arbi ben Ouiss – fils d’un ancien président de la Djemâa. A la révocation de ce dernier le 20 janvier 1871, Mohamed ben Allal entra en fonction. El Hadj Mohamed bel Arbi lui succéda le 31 décembre 1880&nbsp;; celui-ci fut obligé de s’enfuir pour échapper à la haine de ses administrés. Il fut remplacé, le 24 janvier 1882, par El Hadj Seddick ben Abdallah, révoqué lui-même pour inaptitude et remplacé par Taïb ben Zerrouk. A la révocation de ce dernier – le 9 mai 1900 – le Caïd Mohamed ben Ouiss prit ses fonctions. Celui-ci, issu des Ouled Daoudi, est un homme jeune, de très bonne famille et animé du désir de bien faire.
 
Le Ksar qui relève de la 68<sup>e</sup> circonscription (hors Tell) est divisé au point de vue administratif en trois fractions&nbsp;: les Ouled Daoudi (dont est originaire le Caïd Mohamed ben Ouiss), les Ouled Atta et les Ouled Youcef. Sa population compte 693 personnes&nbsp;: 251 hommes, 212 femmes et 230 enfants&nbsp;; parmi les hommes on dénombre 97 guerriers&nbsp;: 7 cavaliers et 90 fantassins. Cette population vit dans 120 maisons. Leur cheptel est composé de 7 chevaux, 30 ânes, 35 bœufs, 500 moutons et 450 chèvres. Les femmes tissent les burnous et les haïks nécessaires aux besoins de la population. Les ksouriens sont relativement heureux et doivent uniquement leur bien-être à la sollicitude dont ils sont l’objet de la part de l’autorité et à la proximité d’une forte garnison et d’une agglomération assez importante d’Européens qui les emploient, leur achètent les produits de leurs jardins et avec lesquels, même, ils s’associent pour entreprendre des petits commerces.  
 
De nombreux enfants du ksar suivent assidûment les cours de l’école primaire d’Aïn-Séfra. Quant à l’instruction arabe, elle est donnée par deux derrer&nbsp;: Si-Mostepha-ben-Taïeb l’iman de la mosquée et Si-Mohammed-ben-bou-Bekeur qui n’ont en tout et pour tout qu’une quinzaine d’élève Ces deux indigènes reçoivent, comme partout ailleurs, une kharrouba d’orge et des petites sommes d’argent. Les habitants Musulmans d’Aïn-Séfra sont affiliés à diverses confréries religieuses&nbsp;: les Ouled Daoudi – 35 familles – appartiennent à l’ordre du Marabout de Kenadza&nbsp;; les Ouled Atta – 27 familles – à celui du Marabout de Kerzaz&nbsp;; les Ouled Youcef – 25 familles – à Si Abdesselam d’Ouazzan. Quelques familles – 4 à 5 – sont affiliées à la confrérie des Tidjania.<br>Tous ces ordres sont représentés au Ksar par des Mokaddem qui perçoivent les ziaras&nbsp;: El Hadk Mohamed bel Arbi (ex Caïd révoqué) pour Kenadza&nbsp;; El Hadj Seddik ex-Caïd également révoqué pour Kerzaz et Si Bou Dekhil ben Sahraoui pour Ouazzan.<br>Les besoins du culte sont assurés et la mosquée est desservie par un Iman salarié par le budget des cultes. L’immeuble ainsi que les koubba bâties aux environs du ksar sont entretenus par les soins des habitants.<br>Les principales koubbas d’Aïn-Séfra sont celles élevées à la mémoire de Sidi-bou-Djemaa, de Mouley-Abdelkader et de Sidi-ben-Saheli. Ces koubbas sont visitées régulièrement&nbsp;; les Musulmans invoquent ces saints à l’image des Chrétiens qui invoquent la Vierge Marie ou bien d’autres Saints de l’Eglise.<br>De nombreux Musulmans se rendaient sur la Koubba de Sidi-Bou-Djemaa pour y implorer des guérisons&nbsp;; ils y psalmodiaient alors des sourates du Coran.<br>Cette adoration des saints qu’on appelle Maraboutisme est très mal perçue de l’orthodoxie musulmane qui accuse ces derniers «&nbsp;d’associateurs&nbsp;» (Mouchrikines ), c’est à dire de gens qui associent Dieu aux êtres qu’il&nbsp;a créés, ce qui est contraire au fondement de l’Islam à savoir Unicité, sans Ascendant ni Descendant ni&nbsp;Égal.
 
==== Personnalité  ====
 
*Le nom d’Isabelle Eberhardt, née le 17 février 1877 à Genève, morte le 21 octobre 1904 à Aïn-Sefra, Algérie, est lié à l’Algérie. L’écrivaine suisse d'origine russe et française de par son mariage, née d'une mère anarchiste exilée et d'un père inconnu, s'installe à Bône en 1897. Une fois là, Isabelle Eberhardt fuit les Européens, décide de vivre comme une musulmane et s'habille en homme bédouin. Sa mère morte, elle vivra plusieurs mois en nomade et rencontrera Slimane Ehnni, musulman de nationalité française, suspecté par les autorités françaises d'espionnage. Elle l'épouse en 1901 et obtient ainsi la nationalité française.<br>Un musée Eberhardt existe en Suisse et un autre en Angleterre.

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Ain Sefra Nom actuel : ?

Historique

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Liste des Villes

 

Situation

AÏN-SEFRA avait pour noms d’origine Aïn-Safia, signifiant « La source pure » ou Aïn-Essefra, signifiant « La Source au métal jaune » ;
elle prit le nom et l’orthographe d’AIN-SEFRA par arrêté gubernatorial du 20 mars 1882.


Histoire ancienne


Le Ksar d’Aïn-Séfra fût créé vers l’an 987 de l’Hégire – soit vers 1586 et quelques mois de notre ère par les enfants de Mohamed Ben-Chaïb – dit BOU-DEKHIL - qui, contrairement aux habitants des autres ksars, ne sont pas d’origine berbère mais sont issus d’éléments divers de race arabe. Tous, cependant, prétendent descendre du Prophète par sa fille Fathma et ils possèdent des sedjira qui confirment ces prétentions. Ses habitants étaient appelés « Açhab El Qsar » ou bien les « Bou-Dekhil ».

Sidi Bou Dekhil était originaire de Zemmorah et habitait chez les Arbaouat –dans le cercle de Géryville, entouré de ses enfants et de ses serviteurs ; il possédait quelques biens et, entre autres, le puits de Hassi el Abiod.

Mohamed ben Sliman – père de Sidi Cheikh – demanda et obtint la main de la jeune Slamet. Sidi Bou Dekhil fit don à sa fille du puits d’Hassi el Abiod. Mais ses quatre frères, lésés dans leurs intérêts par cette donation, revendiquèrent leurs parts dans la possession du puits. Ce fût, dès lors, l’origine de luttes continuelles qui aboutirent à la défaite des enfants de Sidi Bou Dekhil qui furent contraints de prendre la fuite et de chercher refuge dans la région d’Aïn-Séfra.

Pour se mettre à l’abri des attaques continuelles des Zoua et des Oules-Sidi-Chaikh, les Ouled-Sidi-Bou-Dekhil qui vivaient d’abord sous la tente au milieu de leurs troupeaux, construisirent alors des maisons qu’ils entourèrent de murs crénelés. Ils s’adonnèrent à la culture des terrains et achetèrent les terres de l’oued Bridj aux Beni-Amer et aux Ouled en Nehar moyennant 1000 moutons ; ils purent ainsi étendre leurs droits de propriété depuis Sekhouna jusqu’à Ressaf, entre Aïn-Séfra et Tiout. Mais ne purent véritablement vivre en paix qu’avec l’occupation définitive de la région par les troupes françaises.

Les ksouriens d’Aïn-Séfra sont donc d’origine arabe. Une partie d’entre eux y compris les Ouled Daoudi – descendants des Ouled Sidi bou Dekhil – sont Cheurfa ; quant aux autres fractions, elles sont composées d’éléments divers : Laghouat Ksel, Beni Snouss, Hamyan, Doui Menia, Ouled Meddah, Ouled Djerir, Ouled el Hossein ainsi que les serviteurs des Ouled Sidi bou Dekhil qu’ils avaient suivi dans leur exil, mais qui appartiennent à des sectes religieuses différentes.

Au début le ksar était divisé en deux parties : l’une réservée spécialement aux Ouled-Daoudi, l’autre aux trois fractions Ouled-Youcef, Ouled Atta et Ouled-Meddah, avec défense expresse à ces trois fractions de sortir de leur quartier et de pénétrer dans la cité chérifienne sous peine de mort. Cette situation fit naître des dissensions qui se terminaient toujours par des coups de fusil. Le ksar, bâti entre la dune et l’oued – non loin de la source, abritait la population arabe locale. Il est adossé à une grande ligne de dunes d’environ15 kilomètres de long qui le sépare du Djebel Mekter. Comme tous les autres ksours, il se compose d’une agglomération de maisons grises bâties généralement en pierre, possédant une cour intérieure et un étage : Ces maisons, placées sans alignement les unes à côté des autres, forment des quartiers séparés par des ruelles étroites, tortueuses et obscures. Le ksar qui comptait, en 1849, 260 maisons habitées n’en possède plus en 1950 que 120 ; 60 familles sont parties, avant l’occupation française, à Tlemcen où elles résident encore, 6 familles s’installèrent à Oujda, 70 autres s’étaient installées définitivement à Aïn-Nakhla dans la région de Fèz.

Période française

Le plaisant village des années 1950 n’était, pourtant, à l’origine qu’un pauvre ksar bâti au pied d’une grande dune et entouré de jardins miséreux.

Le poste d’Aïn-Séfra fût créé en 1882, après l’insurrection de Bou-Amama, pour surveiller la région face à Figuig qui était, alors, la citadelle et le refuge des dissidents.
Aïn-Séfra fût rendue célèbre par le Maréchal Lyautey qui commanda la Subdivision d’Aïn-Séfra de 1903 à 1906.

Située à 32° 45’ latitude nord et à 0° 35’ de longitude ouest de Greenwich, à 440 km d’ Oran par la piste Le Kreider-Colomb Béchar, par voie ferrée à 493 km, à vol d’oiseau à environ 300 km.
Aïn-Séfra, grosse bourgade plantée aux confins des hauts-plateaux, aux portes du Sahara à la bordure Nord de l’Atlas saharien.

Le village, isolé dans une vallée de sable entre l’immensité monotone des hauts plateaux et la fournaise du Sud, est bâti au confluent des oueds Bridj et Mouillah au centre des Monts des Ksours et culmine à 1070 mètres entre le Djebel Mekter (2062 m.) au sud, le Djebel Aïssa (2236 m.) au nord-est, les Djebels Morghad (2135 m) et Hairech (1686 m) au nord-ouest et le Djebel Smir (1800m) au sud-ouest.

Ces jardins, sa végétation exubérante offrent une sensation de douceur extrême et les vents qui soufflent sur ses dunes de sable d’or édifient au caprice de chaque jour de nouveaux paysages éphémères.
De loin, on a l’impression que le village a été construit sur une mer de sable et il semblerait bien que dans des temps anciens il y ait eu mer. Pour preuve l’existence d’impacts de vagues qui venaient s’écraser sur les parois du Djebel Mekter, les nombreux fossiles marins trouvés dans la région.
Sur la route de Pierre Blanche et de Tiout, les « Pierres Ecrites » appelé également le rocher carmillé livrent leur étonnant lot de peintures rupestres attestant de la fertilité de la région au début de l’humanité.

Aïn-Séfra tire son intérêt de sa situation géographique : les monts des Ksours, portion occidentale de l’Atlas saharien qui forment la limite géographique entre les hauts-plateaux et le Sahara ; cette limite se trouve sous une latitude très méridionale ; d’autre part les sommets des montagnes qui atteignent une altitude relativement élevée (souvent plus de 2000 mètres) qui en fait des condensateurs. Le climat d’Aïn-Séfra est sec et caractérisé par de grandes variations de température entre les jours et les nuits. En été (juillet et août) on note + 40° C ; en janvier – 4° C et même – 6° C.

Le vent souffle souvent et plus particulièrement d’Ouest, le village est alors envahi par le sable qui pénètre absolument partout, dans les moindres recoins. Le siroco est rare. Les chutes de pluie et de neige sont assez fréquentes au printemps et en hiver.

En avril 1927 la neige est tombée et s’est maintenue très longtemps sur le Djebel Aïssa ; l’hiver 1954 vit également le village enveloppé d’une magnifique couche blanche. Par contre de violents orages s’abattent sur Aïn-Séfra en juin et en automne. Ces conditions permettent l’existence et la survivance d’une flore tellienne remarquable pour la région.

Ces djebels furent le théâtre de violents accrochages avec les fellaghas retranchés au Maroc dont la frontière se situait à une cinquantaine de kilomètres d’Aïn-Séfra.

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L’oued Mouillah recueille les eaux des pentes sud des Djebels Hairech et Morghad et celles des pentes Nord du Djebel Aïssa. Les talwegs du Djebel Mekter alimentent l’Oued Bridj qui recueille par ailleurs les pluies de la région de Forthassa, à 70 kms à l’ouest d’Aïn-Séfra.

A leur jonction – à Aïn-Séfra – les deux oueds prennent le nom d’Oued Séfra. L’oued Séfra coule par intermittence pendant l’hiver, à la suite des pluies de décembre et de mars ; en juin et en octobre, de violents orages provoquent souvent des crues importantes et des masses d’eau considérables balayent l’oued arrachant tamarins et lauriers-roses qui le bordent.

Une de ces crues détruisit le 20 octobre 1904 la quasi-totalité du village ; lors de cette crue périt Isabelle EBERHARDT âgée de 27 ans. Cette jeune femme poète écrivain décrivit avec passion la région et se convertit à la religion musulmane en 1900.

En dehors des crues, le mince filet d’eau de l’oued Bridj alimente, à 2 kms en amont du centre, des barrages construits par les indigènes avec des pierres et du sable d’où partent des « séguias » qui servent à l’irrigation des jardins.
Ces barrages varient fréquemment d’emplacement soit par destruction, soit suivant les nécessités de l’irrigation. Joncs, lauriers-roses, tamaris, figuiers bordent les flancs de l’oued.

Les ksouriens d’Aïn-Séfra vivent en grande partie des produits de leurs jardins qui s’étendent sur les bords de l’oued et de la source (Aïn-Séfra dite Aïn-el-Ksar) jusqu’à l’oued.
300 jardins cultivés en toutes saisons produisent les fruits et légumes de toutes sortes et sont arrosés par les eaux de l’oued, par la source du kasar Aïn-Séfra et par Aïn-ed-Dzira qui se trouve dans l’oued.

L’oued Séfra coule d’une façon normale sans jamais causer de ravage lorsque les pluies d’hiver augmentent son cours. Toutefois les Beni-Amer avaient autrefois construit un barrage au pied de la butte sablonneuse sur laquelle s’élève la koubba de Sidi-bou-Djemâa en face de l’abreuvoir ; mais cet ouvrage, servant à détourner une partie des eaux de l’oued pour l’irrigation des jardins, composé de pierres sèches retenues par des piquets solidement fixés à terre, a été démoli. L’organisation politique, administrative et judiciaire du Ksar, avant l’arrivée des Français, était administrée par une Djemâa. Les Ksouriens d’Aïn-Séfra étaient – comme les autres ksouriens d’ailleurs – victimes de l’oppression violente des nomades qui força de nombreuses familles à s’expatrier ; l’installation française leur assura une complète sécurité qu’ils ne connaissaient plus depuis qu’ils avaient abandonné leur vie nomade.

Le 1er Caïd investi par les autorités françaises fut El-Arbi-ben-Allal nommé par décision du 12 mars 1861 en remplacement de Mohammed ben Ouiss révoqué à la même date pour abus de pouvoir.
Il fut remplace à sa mort – le 9 octobre 1866 – par Si el Mostefa ben Allal qui fut lui-même révoqué le 18 octobre 1869 pour son attitude équivoque dans l’affaire du Capitaine Morhain de la Légion Etrangère disparu chez les Amour en avril 1868. il fut remplacé par El Arbi ben Ouiss – fils d’un ancien président de la Djemâa. A la révocation de ce dernier le 20 janvier 1871, Mohamed ben Allal entra en fonction. El Hadj Mohamed bel Arbi lui succéda le 31 décembre 1880 ; celui-ci fut obligé de s’enfuir pour échapper à la haine de ses administrés. Il fut remplacé, le 24 janvier 1882, par El Hadj Seddick ben Abdallah, révoqué lui-même pour inaptitude et remplacé par Taïb ben Zerrouk. A la révocation de ce dernier – le 9 mai 1900 – le Caïd Mohamed ben Ouiss prit ses fonctions. Celui-ci, issu des Ouled Daoudi, est un homme jeune, de très bonne famille et animé du désir de bien faire.

Le Ksar qui relève de la 68e circonscription (hors Tell) est divisé au point de vue administratif en trois fractions : les Ouled Daoudi (dont est originaire le Caïd Mohamed ben Ouiss), les Ouled Atta et les Ouled Youcef. Sa population compte 693 personnes : 251 hommes, 212 femmes et 230 enfants ; parmi les hommes on dénombre 97 guerriers : 7 cavaliers et 90 fantassins. Cette population vit dans 120 maisons. Leur cheptel est composé de 7 chevaux, 30 ânes, 35 bœufs, 500 moutons et 450 chèvres. Les femmes tissent les burnous et les haïks nécessaires aux besoins de la population. Les ksouriens sont relativement heureux et doivent uniquement leur bien-être à la sollicitude dont ils sont l’objet de la part de l’autorité et à la proximité d’une forte garnison et d’une agglomération assez importante d’Européens qui les emploient, leur achètent les produits de leurs jardins et avec lesquels, même, ils s’associent pour entreprendre des petits commerces.

De nombreux enfants du ksar suivent assidûment les cours de l’école primaire d’Aïn-Séfra. Quant à l’instruction arabe, elle est donnée par deux derrer : Si-Mostepha-ben-Taïeb l’iman de la mosquée et Si-Mohammed-ben-bou-Bekeur qui n’ont en tout et pour tout qu’une quinzaine d’élève Ces deux indigènes reçoivent, comme partout ailleurs, une kharrouba d’orge et des petites sommes d’argent. Les habitants Musulmans d’Aïn-Séfra sont affiliés à diverses confréries religieuses : les Ouled Daoudi – 35 familles – appartiennent à l’ordre du Marabout de Kenadza ; les Ouled Atta – 27 familles – à celui du Marabout de Kerzaz ; les Ouled Youcef – 25 familles – à Si Abdesselam d’Ouazzan. Quelques familles – 4 à 5 – sont affiliées à la confrérie des Tidjania.
Tous ces ordres sont représentés au Ksar par des Mokaddem qui perçoivent les ziaras : El Hadk Mohamed bel Arbi (ex Caïd révoqué) pour Kenadza ; El Hadj Seddik ex-Caïd également révoqué pour Kerzaz et Si Bou Dekhil ben Sahraoui pour Ouazzan.
Les besoins du culte sont assurés et la mosquée est desservie par un Iman salarié par le budget des cultes. L’immeuble ainsi que les koubba bâties aux environs du ksar sont entretenus par les soins des habitants.
Les principales koubbas d’Aïn-Séfra sont celles élevées à la mémoire de Sidi-bou-Djemaa, de Mouley-Abdelkader et de Sidi-ben-Saheli. Ces koubbas sont visitées régulièrement ; les Musulmans invoquent ces saints à l’image des Chrétiens qui invoquent la Vierge Marie ou bien d’autres Saints de l’Eglise.
De nombreux Musulmans se rendaient sur la Koubba de Sidi-Bou-Djemaa pour y implorer des guérisons ; ils y psalmodiaient alors des sourates du Coran.
Cette adoration des saints qu’on appelle Maraboutisme est très mal perçue de l’orthodoxie musulmane qui accuse ces derniers « d’associateurs » (Mouchrikines ), c’est à dire de gens qui associent Dieu aux êtres qu’il a créés, ce qui est contraire au fondement de l’Islam à savoir Unicité, sans Ascendant ni Descendant ni Égal.

Personnalité

  • Le nom d’Isabelle Eberhardt, née le 17 février 1877 à Genève, morte le 21 octobre 1904 à Aïn-Sefra, Algérie, est lié à l’Algérie. L’écrivaine suisse d'origine russe et française de par son mariage, née d'une mère anarchiste exilée et d'un père inconnu, s'installe à Bône en 1897. Une fois là, Isabelle Eberhardt fuit les Européens, décide de vivre comme une musulmane et s'habille en homme bédouin. Sa mère morte, elle vivra plusieurs mois en nomade et rencontrera Slimane Ehnni, musulman de nationalité française, suspecté par les autorités françaises d'espionnage. Elle l'épouse en 1901 et obtient ainsi la nationalité française.
    Un musée Eberhardt existe en Suisse et un autre en Angleterre.