Légion Etrangère

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962

1ère partie[1] 2ème partie[2]

La Légion Etrangère

Les unités étrangères dans l’armée française ne datent pas de la conquête de l’Algérie. En 1635, lorsque Richelieu établit le premier ordre de bataille de l’armée française, on compte un quart de régiments étrangers. Au fil des ans et des conflits, écossais, allemands, suisses, belges, polonais, espagnols et portugais ont loué leurs services aux souverains français.

En 1815, à la chute de l’Empire, toutes les formations étrangères sont dissoutes ; elles réapparaissent quelques mois plus tard, avec des effectifs réduits et sous le nom de Légion Royale Etrangère. Le nom définitif de « Légion Etrangère » lui est donné le 10 mars 1831 dans l’ordonnance royale signée par Louis Philippe.

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Mais cette création avait un but bien particulier. Il s’agissait d’éloigner du territoire national ces cadres remuants, issus principalement de la Grande Armée et de leur offrir un territoire ou ils pourraient dépenser leur trop plein d’énergie : l’Algérie. Là, les légionnaires vont faire l’apprentissage de la guérilla et il faudra attendre 1832 pour constater les premiers succès.

  • Le 27 avril les légionnaires remportent leur première victoire en s’emparant des redoutes qui défendent l’accès de Maison Carrée ;
  • le 11 novembre, aux portes d’Oran, ce sont eux qui mettront en déroute les 3000 cavaliers d’Abdelkader. Pour ces faits d’armes, ils recevront leur premier drapeau..
  • L’année suivante, ils entrent dans Arzew puis participent activement à la conquête de Mostaganem.
  • Un peu plus tard, sous le commandement du colonel Bernelle, c’est la prise de Koléa.
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De 1835 à 1837, la Légion va vivre un épisode douloureux. Réunie au complet, et toujours aux ordres du colonel Bernelle, elle est prêtée à l’Espagne pour soutenir les Carlistes. Malgré leurs promesses, les espagnols n’assureront pas son entretien ; Bernelle réclame et tempête pour que les accords soient respectés, il est relevé de son commandement et la Légion va participer pauvre, famélique et misérable à une multitude de combats féroces et meurtriers. Des quelques 5000 hommes débarqués le 19 août 1835 à Tarragonne, moins de 500 vont franchir les Pyrénées pour rentrer en France. Pour ces rescapés, le martyre espagnol est terminé.

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Renforcée de deux bataillons recrutés dans le sud de la France, la Légion retrouve le sol algérien dans les premiers jours de 1837, juste à temps pour participer à la prise de Constantine. C’est aussi à cette époque que les légionnaires établissent leur réputation de bâtisseurs. Un des premiers ouvrages remarquables sera la route empierrée construite entre Douera et Boufarik qui portera longtemps le nom de « chaussée de la légion ». En 1841, le nombre croissant de volontaires permet de constituer deux régiments : Le premier dans l’algérois, est à l’origine de la création de Sidi Bel Abbes ; Le deuxième rayonnera dans la région de Bône. Ils vont participer à toutes les opérations militaires, citons plus particulièrement :

  • Le 15 mars 1844 Mouley Chounech
  • Novembre 1849 la difficile prise de Zaatcha
  • Le 24 juin 1857 la bataille d’Icheriden contre 5000 guerriers kabyles
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Pendant ce temps en France, l’éphémère 2ème république a été remplacé par le Second Empire. La paix promise par l’Empereur ne va pas empêcher les « conflits limités » auxquels la Légion participera.

La conquête de l’Algérie a fait de la Légion une troupe aguerrie qui fera partie des premières unités envoyées au combat :

  • La Crimée d’abord où l’on retiendra la bataille de l’Alma et le siège de Sébastopol contre les Russes. C’est à cette époque que les légionnaires sont dotés d’une vareuse verte sur un pantalon garance. Le vert et le rouge seront désormais les couleurs de la Légion.
  • La courte campagne Italienne avec les victoires de Magenta et de Solférino
  • Le Mexique enfin, pour soutenir l’Empereur Maximilien contre les partisans de Juarez.

Pendant quatre ans, de 1863 à 1867, la Légion va s’illustrer dans de nombreux combats dont le plus connu est celui de Camerone. L’anniversaire de ce haut fait d’armes, le 30 avril est commémoré chaque année avec respect et recueillement par tous les légionnaires

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Tout en conservant sa base algérienne de Sidi Bel Abbès, la Légion dont la réputation n’est plus à faire sera engagée dans tous les conflits :

  • la désastreuse campagne de 1870-1871 qui voit la chute de l’Empire,
  • le Tonkin dès 1883 pour une épopée qui durera 70 ans
  • Le Dahomey et le Soudan en 1892
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Les unités restées en Algérie ne restent pas inactives ; elles vont contribuer à mettre le pays en valeur en participant aux grands travaux. Sidi Bel Abbes en 60 ans est passé de 6 à 40.000 habitants, l’Algérie se modernise mais la sécurité de ses frontières est menacée par des bandes de pillards qui entretiennent un climat d’insécurité dans le Sud Oranais

Le commandement militaire, Lyautey en l’occurrence, est contraint d’élargir au Maroc les interventions françaises pour lutter contre ces tribus nomades. C’est la création des compagnies nomades de la Légion avec comme atout principal le mulet, mais… un mulet pour deux hommes. Ces compagnies pauvres et rustiques sont extraordinairement mobiles et parfaitement adaptées au travail de pacification qui leur est confié.

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De l’autre côté de la méditerranée, la France est confronté au premier conflit mondial. Quatre régiments de Légion, constitués en métropole, avec une ossature de légionnaires d’Algérie et du Maroc, vont y participer.

Au même moment au Maroc, Lyautey qui avait pour mission de tenir le « Maroc utile », c'est-à-dire les ports et les régions paisibles, a poursuivi son œuvre de pacification avec les faibles effectifs dont il disposait .A la fin de la guerre, le renfort de deux régiments de légion, l’un constitué à Saïda , l’autre venant de France lui permettent d’achever cette tâche à laquelle sont indissociables les 27 années de combats et de travaux qui marquent le passage de la légion au Maroc.

Le 5 août 1920, une loi est promulguée autorisant la création d’un régiment étranger de cavalerie . Il est formé à Saïda avant d’aller prendre ses quartiers en Tunisie.

Les conflits se succèdent : campagne de 1940, Bir Hakem , libération de l’Afrique , campagne d’Italie aux ordres de Juin, offensive vers Belfort avec de Lattre,les légionnaires n’en manquent aucun !

Au lendemain du 18 juin 1945, les régiments regagnent enfin l’Afrique du nord, ils espèrent marquer une pause mais ils se trompent, un nouveau conflit les attend à 12.000 km de là : l’Indochine avec sa fin tragique à Dien ben Phu

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A nouveau sur leurs cantonnements, la pause une fois de plus est de courte durée : le 1er novembre 1954, le FLN déclenche une série d’attentats. La guerre d’Algérie vient de commencer, elle durera six ans et demi. En réalité plus qu’une guerre ce sera une succession d’accrochages avec de petites bandes armées. L’Oranie restera longtemps calme, alors que l’Est est marqué par trois points de résistance : Le massif des Aures Nementchas – la zône frontière de Bône à Khenchala – le triangle de la presqu’île de Collo Djidjelli Pendant six années, les képis blancs et les bérets verts seront partout.

A la fin de la campagne, les pertes des légionnaires sont cinq fois inférieures à celles subies en Indochine et pourtant le traumatisme est plus important car il est aggravé par le déchirement et l’amertume. Comme pour beaucoup, l’opinion du légionnaire de base est que tout n’a pas été fait pour conserver l’Algérie et que ce n’est pas le courage des hommes qui a manqué, mais la volonté politique

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La légion étrangère n’a pas d’autre berceau que Sidi Bel Abbes ; elle se trouve dans la même situation que le million d’européens chassé de leur pays natal. A Aubagne ou elle se replie, elle va reconstruire ses racines en conservant le même esprit d’entreprise qui animait les anciens. Participant activement aux opérations menées par la France dans le cadre de ses accords de défense, elle assume avec brio, efficacité et compétence les missions qui lui sont confiées en couplant, chaque fois que cela est possible, ses actions militaires ou humanitaires et sa vocation de bâtisseur.

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