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'''1901 - Le premier chemin de fer marocain.'''
'''1901 - Le premier chemin de fer marocain.'''

Version du 18 mai 2005 à 14:28

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1901 - Le premier chemin de fer marocain.

decauville.jpg

Sur les quais de l'Oued Loukkos, à Larache, des hommes, sous la direction d'un caïd Mia, chef de cent hommes, poussent de grands cris, font effort pour hisser sur un chariot cette chose énorme à leurs yeux qu'est une petite locomotive Decauville. Elle avait été amenée, séparée de ses roues, en rade par le petit vapeur «La Gaule» de la Compagnie Paquet, ainsi que deux petits wagons et un lot de rails à écartement de soixante centimètres.

Ce matériel de chemin de fer avait été commandé aux usines du Creusot par le jeune Sultan Abdel Aziz, pour relier, sur quatre kilomètres de parcours, son Palais de Fez aux jardins de Dar Debibagh. On avait, dû construire des chariots faits de simples planches, montées sur de grosses roues de bois de Larache, pour ce transport peu ordinaire, sur une piste de deux cent cinquante kilomètres de parcours. Et pour qui a connu ces pistes moghrebines, même celles de 1912, les difficultés apparaissent à tout moment pour le transport d'un volume aussi encombrant qu'une locomotive, même petite, et des éléments accouplés de rails: descente rapide vers l'oued, passage en radeau, remontée glissante de l'autre berge, piste caillouteuse ou sablonneuse.

Le convoi, avec une escorte commandée par le caïd Mia part enfin de Larache, les chariots traînés chacun par 60 mulets et les rails liés par charge de chameaux. Quatre mois après, il arrive devant les murs de Fez, mais combien de haltes en cours de trajet? Une roue cassée, c'était le convoi immobilisé; des hommes rebroussaient chemin vers Larache pour ramener après de longs jours, une autre roue ou un essieux.

A peine le convoi est-il arrrivé à Fez (et après combien de péripéties!) que le jeune Sultan, impatient, ordonne la pose de la voie et le montage du matériel. Mais, comble de malchance, nous dit le Docteur Veyre, qui avait été appelé au commencement de 1901 à Fez, auprès d'Abdel Aziz, jamais on ne parvint à retrouver les roues de la locomotive; on fit des recherches à Larache, on réclama à Ia Douane, à la Cie de Navigation, aux Chemins de fer français, au Creusot: jamais les roues ne parvinrent. D'ailleurs une bonne moitié des éléments de rails manquait aussi; il en était resté en cours de route peut-être, à Larache sûrement où l'on a pu voir ensuite dans les magasins de la Douane des éléments de rails servant d'échelles ou de supports pour les piles de sacs d'orge ou de blé.

On fit ce qu'on put, on posa les rails sur deux kilomètres en ligne droite, du Palais vers Dar Debibagh et comme le Sultan voulait échapper aux regards indiscrets, on barra, de part et d'autre, par de hauts murs, un chemin très fréquenté que traversait la voie dès sa sortie de l'enceinte du Palais.

Cependant ce travail achevé, la locomotive, faute de roues ne put fonctionner. On remorqua donc les petits wagons au moyen de mules et de chevaux pour promener le Sultan; mais comme il ne pouvait goûter l'imprévu de la vitesse, il se lassa vite de ce moyen de promenade et le chemin de fer fut oublié; les rails disparurent ensevelis sous la terre.


Bulletin de la Société Géographique d'Alger

Numéro spécial publié en 1922 à l'occasion de l'exposition de Marseille

Extrait de l'article: Les Chemins de fer marocains

par MARC DE MAZIÈRES, administrateur au PLM

Casablanca, le 5 novembre 1921