« Constantine - Ville » : différence entre les versions

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
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(SIEGE DE CONSTANTINE ENVOI 2)
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          Enfin le bienheureux signal est donné, la charge bat de
toutes parts, la canonnade du 24 se tait de notre côté comme par
enchantement, et est remplacée par des obus de 12que l'on jette sans
discontinuer dans la place. Le brave Lamoricière s'élance avec ses
zouaves. Lui et le commandant Vieux du génie, suivis du capitaine
Garderens qui porte un drapeau, gravissent la brèche où les couleurs
françaises flottent glorieuses. En quelques minutes, la première colonne couronne la brèche. La deuxième est prête à s'élancer quand la brèche sera débarassée de la première qui pénètrera dans la ville.
          Mais en arrivant sur la brèche, au lieu de pouvoir pénétrer dans la ville comme on le croyait, la première colonne est arrêtée par un deuxième mur d'enceinte. Toutes les murailles, toutes les maisons, toutes les fenêtres sont garnies de turbans. C'est un mur de feu que l'on a devant soi... Les Français tombent mais ne reculent pas. A ce nouvel obstacle, le cri : Des échelles ! des échelles ! est partout répété. Le génie dirige ses braves soldats sur la brèche, ils sont pourvus d'échelles, de haches, cordes, sacs à poudre, etc. A ce moment, les Turcs font tomber un pan de muraille qui écrase sous ses ruines le brave commandant Sérigny du 2ème léger, et environ quarante hommes. Cet avantage est bien loin de profiter aux Turcs, car les décombres comblent les intervalles et l'on parvient à pénétrer dans une rue, rue étroite et serpentante, et rouge du feu que les Bédouins dirigent sur nous.
          Alors seuleument, et il s'est écoulé un grand quart d'heure depuis que la première colonne est partie, temps qui nous a paru bien long ; alors, dis-je, le général donne l'ordre à la deuxième colonne de faire son mouvement.Ici je deviens acteur et je vais raconté ce que j'ai vu, ce qui s'est passé sous mes yeux, sur les points de la ville où j'ai été. L'aspect général de l'assaut se changera souvent en tableaux particuliers.
          Pendant que nous gravissons la brèche,les Français qui avec le capitaine Richepance, Répond des zouaves, Leflo du 2ème étaient entrés dans la ville, sont arrêtés court par une mitraillade infernale. Les Turcs, beaucoup plus nombreux, s'élancent de toutes parts sur nos soldats que la mitraille a surpris et arrêtés ; et malgré les cris et les menaces des officiers,qu'ils entraînent eux- mêmes, nos soldats sont ramenés aussi vivement qu'ils étaient entrés. - Les cris de : En avant ! poussés avec énergie, ce tumulte de fuite attire Lamoricière suivi d'un renfort, et il arrive pour voir les Turcs poussant les nôtres l'épée dans les reins, nos soldats tombant les uns sur les autres avec les officiers, enfin un désordre épouvantable. - Lamoricière s'élance le sabre à la main.
- Nous sommes arrivés au haut de la brèche. Notre étoile veut que la
compagnie franche soit devant nous. C'est dans ce moment qu'eut lieu
la terrible explosion... Un silence de mort succède un instant au
tumulte... Ceux qui restent debouts, repoussés par la force de
l'explosion, cherchent un point d'appui sur leurs sabres, leurs
voisins, ou le mur a gauche. Les plus près du haut de la brèche essuient leurs yeux plein de terre, de poussière et de poudre, et sont un  moment suffoqués.
- Mais alors s'offre à tous les yeux le plus horrible spectacle... Les malheureux qui ont conservé leurs membres et qui ont pu sortir des décombres fuient vers la batterie et descendent la brèche en criant : Sauvez-vous, mes amis nous sommes tous perdus, tout est miné, n'avancez pas, sauvez-vous!!!
Quand je me rappelle ces figures brûlées, ces têtes sans cheveux, sans polis et dégouttantes de sang, ces vêtements en lambeaux, tombant avec les chairs, quand j'entends ces cris lamentables, je m'étonne que ces fuyards n'aient pas entraîné toute la 2è colonne qui encombrait la brèche.
- Combes et Bedeau étaient sur le haut de la position. D'un commun accord, ils élèvent leurs épées en l'air aux cris de : En avant, en avant! Ce cri, frère, je le répétais, je le vociférais avec eux : Je criais à mes soldats : A moi la légion, à la baïonnette, ce n'est rien, c'est de la mitraille,en avant! en avant! et je me précipitai le premier dans ce gouffre où, sur ma conscience, j'attendais  une seconde explosion ; je croyais que c'était une mine, qu'elle devait être suivie d'une deuxième.
          Là, frère, j'eus ma première récompense, le colonel Combes
me serra affectueusement la mainen me disant : Bravo, capitaine!
J'étais tellement enthousiasmé que seul je me serais jeté sur des canons. L'explosion avait, dans son désastre, eu ce côté avantageux pour nous, qu'elle avait arrête les Turcs, et facilité l'entrée de la ville ; une porte, une voûte, et plusieurs maisons avaient sauté. - Environ cent hommes des nôtres, tant de zouaves due du 2è léger et compagnie franche, dormaient sous les décombres.
Lamoricière blessé était emporté par ses zouaves.
          Alors, frère, nous nous jetâmes dans la ville, chacun où le hasard et son instinct le poussa, les ordres étaient confus.
C'était un chaos, mais un chaos dont les éléments étaient l'intrépidité et l'oubli de soi-même.
- J'avais ordonné à mes hommes de ne jamais me dépasser, mais de me suivre toujours ; je commençai à me jeter dans la batterie à gauche de la brèche. Dans un petit carré servant de place à l'embrasure d'un canon, sept Turcs faisaient un feu continuel sur nous. Je m'élançai dans ce trou la tête baissée, mes hommes me suivaient de près. Les Turcs se défendaient avec le courage du désespoir. Ils faisaient feu et nous les tuions rechargeant leurs armes ; ce sont d'admirables soldats ; la baïonnette n'en laissa pas un vivant. On ne faisait pas de prisonniers.
          En quittant la batterie, je me dirigeai sur le point où la
fusillade me paraissait la plus vive. J'arrivai à la maison de Ben Aïssa, le lieutenant du bey. Le commandant Bedeau y était avec le commissaire commandant Despinois. On cherchait encore des issues pour pénétrer en avant dans la ville. Les balles nous pleuvaient de partout et tombaient sur les dalles autour de nous, comme de la grêle qui frappe sur les toits et les carreaux.
          Je demandais des ordres, je sollicitais pour qu'on m'envoyât hors de cette cage, où je tournais comme un ours qui évite les frelons. Enfin le génie arrive en criant qu'il y a une barricade à enlever au bout d'une petite rue, et que cette issue donne dans une des rues principales. Je regarde le commandant Bedeau et sur un petit signe d'approbation, que moi seul je devine, je m'élance avec mon peloton, en criant : A moi la légion! Oh! cette petite rue étroite et sinueuse comme la Traversine d'autrefois, tu te rappelles, cette petite rue, je la verrai souvent dans mes rêves...
Elle était encombrée de soldats. Les hommes du bataillon d'Afrique s'y pressaient avec les nôtres et pendant dix minutes au moins nous avons marché sur le cadavre du capitaine Hackette,du génie, tué là avant notre arrivée. Tout le monde criait, on ne s'entendait pas. Mon garde me donnait là de l'influence et du pouvoir : au milieu des balles je rétablis une espèce d'ordre, je fis enlever le corps piétiné de notre camarade, et m'avançant vers le bout de la rue, je vis que nous étions arrêtés par le feu formidable d'une barricade artistement construite : portes, poutres, matelas, rien n'y manquait. Les Kabyles la défendaient par le feu le mieux nourri et nous tuaient beaucoup de monde. Retourné à mes hommes, je leur fis comprendre qu'en allant à la barricade au pas de course et l'enlevant à la baïonnette, on perdrait beaucoup moins de monde
qu'en tiraillant inutilement contre des matelas. Ceci bien compris, je plaçais dans les maisons voisines , conquises par nous, quelques tirailleurs adroits qui dominaient la barricade, incommodaient fort les défenseurs ; puis, le sabre à la main, aux cris de Hourra, mieux
connu de mes soldats étrangers , aux vociférations de : en avant la
légion, je me jettai sur la barricade que je franchis en tombant de
l'autre côté au milieu des Arabes. Cette chute me sauva car toutes les balles me passèrent au dessus de la tête ; on me tira de si près que ma capote fut brûlée par la poudre, mon fourreau de sabre traversé d'une balle. Là, par terre, j'eus le bonheur d'entendre un soldat, crier furieux : Au capitaine, au capitaine, il est blessé, par terre, par terre. Ma chute les avait trompés . Debout comme l'éclair je commençai à travailler les Turcs comme il faut, et la barricade presqu'aussitôt détruite nous donna passage à gauche, dans cette même rue où les zouaves et la 1ère colonne avaient été d'abord repoussés. A droite était la brèche à environ trois cents pas.
          Cette rue, frère, c'était la rue marchande de Constantine,
garnie de chaque côté de boutiques sans étages qui les surmontent ; de loin en loin, quelques maisons occupées par les Turcs, les toits
surmontant les boutiques, plats et garnis de Turcs, rue serpentante, à coudes arrondis, étroite comme la rue Saint-Jacques, quelques fois
davantage.
        C'était cette rue qu'il fallait prendre, maison par maison,
et sous un feu d'autant plus terrible qu'on ne voyait pas d'où il venait. C'est dans cette rue où l'on marchait jusqu'aux genouc dans des cadavres et dans le sang, que nous avons perdu le plus de monde.
C'est dans cette rue que le brave Combes a été blessé mortellement ; que Lacoste, mon pauvre sous-lieutenant, a été tué. Mais n'anticipons pas.

Version du 10 mai 2005 à 13:50

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         Enfin le bienheureux signal est donné, la charge bat de 

toutes parts, la canonnade du 24 se tait de notre côté comme par enchantement, et est remplacée par des obus de 12que l'on jette sans discontinuer dans la place. Le brave Lamoricière s'élance avec ses zouaves. Lui et le commandant Vieux du génie, suivis du capitaine Garderens qui porte un drapeau, gravissent la brèche où les couleurs françaises flottent glorieuses. En quelques minutes, la première colonne couronne la brèche. La deuxième est prête à s'élancer quand la brèche sera débarassée de la première qui pénètrera dans la ville.

         Mais en arrivant sur la brèche, au lieu de pouvoir pénétrer dans la ville comme on le croyait, la première colonne est arrêtée par un deuxième mur d'enceinte. Toutes les murailles, toutes les maisons, toutes les fenêtres sont garnies de turbans. C'est un mur de feu que l'on a devant soi... Les Français tombent mais ne reculent pas. A ce nouvel obstacle, le cri : Des échelles ! des échelles ! est partout répété. Le génie dirige ses braves soldats sur la brèche, ils sont pourvus d'échelles, de haches, cordes, sacs à poudre, etc. A ce moment, les Turcs font tomber un pan de muraille qui écrase sous ses ruines le brave commandant Sérigny du 2ème léger, et environ quarante hommes. Cet avantage est bien loin de profiter aux Turcs, car les décombres comblent les intervalles et l'on parvient à pénétrer dans une rue, rue étroite et serpentante, et rouge du feu que les Bédouins dirigent sur nous.
         Alors seuleument, et il s'est écoulé un grand quart d'heure depuis que la première colonne est partie, temps qui nous a paru bien long ; alors, dis-je, le général donne l'ordre à la deuxième colonne de faire son mouvement.Ici je deviens acteur et je vais raconté ce que j'ai vu, ce qui s'est passé sous mes yeux, sur les points de la ville où j'ai été. L'aspect général de l'assaut se changera souvent en tableaux particuliers.
         Pendant que nous gravissons la brèche,les Français qui avec le capitaine Richepance, Répond des zouaves, Leflo du 2ème étaient entrés dans la ville, sont arrêtés court par une mitraillade infernale. Les Turcs, beaucoup plus nombreux, s'élancent de toutes parts sur nos soldats que la mitraille a surpris et arrêtés ; et malgré les cris et les menaces des officiers,qu'ils entraînent eux- mêmes, nos soldats sont ramenés aussi vivement qu'ils étaient entrés. - Les cris de : En avant ! poussés avec énergie, ce tumulte de fuite attire Lamoricière suivi d'un renfort, et il arrive pour voir les Turcs poussant les nôtres l'épée dans les reins, nos soldats tombant les uns sur les autres avec les officiers, enfin un désordre épouvantable. - Lamoricière s'élance le sabre à la main. 

- Nous sommes arrivés au haut de la brèche. Notre étoile veut que la compagnie franche soit devant nous. C'est dans ce moment qu'eut lieu la terrible explosion... Un silence de mort succède un instant au tumulte... Ceux qui restent debouts, repoussés par la force de l'explosion, cherchent un point d'appui sur leurs sabres, leurs voisins, ou le mur a gauche. Les plus près du haut de la brèche essuient leurs yeux plein de terre, de poussière et de poudre, et sont un moment suffoqués. - Mais alors s'offre à tous les yeux le plus horrible spectacle... Les malheureux qui ont conservé leurs membres et qui ont pu sortir des décombres fuient vers la batterie et descendent la brèche en criant : Sauvez-vous, mes amis nous sommes tous perdus, tout est miné, n'avancez pas, sauvez-vous!!! Quand je me rappelle ces figures brûlées, ces têtes sans cheveux, sans polis et dégouttantes de sang, ces vêtements en lambeaux, tombant avec les chairs, quand j'entends ces cris lamentables, je m'étonne que ces fuyards n'aient pas entraîné toute la 2è colonne qui encombrait la brèche. - Combes et Bedeau étaient sur le haut de la position. D'un commun accord, ils élèvent leurs épées en l'air aux cris de : En avant, en avant! Ce cri, frère, je le répétais, je le vociférais avec eux : Je criais à mes soldats : A moi la légion, à la baïonnette, ce n'est rien, c'est de la mitraille,en avant! en avant! et je me précipitai le premier dans ce gouffre où, sur ma conscience, j'attendais une seconde explosion ; je croyais que c'était une mine, qu'elle devait être suivie d'une deuxième.

         Là, frère, j'eus ma première récompense, le colonel Combes 

me serra affectueusement la mainen me disant : Bravo, capitaine! J'étais tellement enthousiasmé que seul je me serais jeté sur des canons. L'explosion avait, dans son désastre, eu ce côté avantageux pour nous, qu'elle avait arrête les Turcs, et facilité l'entrée de la ville ; une porte, une voûte, et plusieurs maisons avaient sauté. - Environ cent hommes des nôtres, tant de zouaves due du 2è léger et compagnie franche, dormaient sous les décombres. Lamoricière blessé était emporté par ses zouaves.

         Alors, frère, nous nous jetâmes dans la ville, chacun où le hasard et son instinct le poussa, les ordres étaient confus. 

C'était un chaos, mais un chaos dont les éléments étaient l'intrépidité et l'oubli de soi-même. - J'avais ordonné à mes hommes de ne jamais me dépasser, mais de me suivre toujours ; je commençai à me jeter dans la batterie à gauche de la brèche. Dans un petit carré servant de place à l'embrasure d'un canon, sept Turcs faisaient un feu continuel sur nous. Je m'élançai dans ce trou la tête baissée, mes hommes me suivaient de près. Les Turcs se défendaient avec le courage du désespoir. Ils faisaient feu et nous les tuions rechargeant leurs armes ; ce sont d'admirables soldats ; la baïonnette n'en laissa pas un vivant. On ne faisait pas de prisonniers.

         En quittant la batterie, je me dirigeai sur le point où la 

fusillade me paraissait la plus vive. J'arrivai à la maison de Ben Aïssa, le lieutenant du bey. Le commandant Bedeau y était avec le commissaire commandant Despinois. On cherchait encore des issues pour pénétrer en avant dans la ville. Les balles nous pleuvaient de partout et tombaient sur les dalles autour de nous, comme de la grêle qui frappe sur les toits et les carreaux.

         Je demandais des ordres, je sollicitais pour qu'on m'envoyât hors de cette cage, où je tournais comme un ours qui évite les frelons. Enfin le génie arrive en criant qu'il y a une barricade à enlever au bout d'une petite rue, et que cette issue donne dans une des rues principales. Je regarde le commandant Bedeau et sur un petit signe d'approbation, que moi seul je devine, je m'élance avec mon peloton, en criant : A moi la légion! Oh! cette petite rue étroite et sinueuse comme la Traversine d'autrefois, tu te rappelles, cette petite rue, je la verrai souvent dans mes rêves... 

Elle était encombrée de soldats. Les hommes du bataillon d'Afrique s'y pressaient avec les nôtres et pendant dix minutes au moins nous avons marché sur le cadavre du capitaine Hackette,du génie, tué là avant notre arrivée. Tout le monde criait, on ne s'entendait pas. Mon garde me donnait là de l'influence et du pouvoir : au milieu des balles je rétablis une espèce d'ordre, je fis enlever le corps piétiné de notre camarade, et m'avançant vers le bout de la rue, je vis que nous étions arrêtés par le feu formidable d'une barricade artistement construite : portes, poutres, matelas, rien n'y manquait. Les Kabyles la défendaient par le feu le mieux nourri et nous tuaient beaucoup de monde. Retourné à mes hommes, je leur fis comprendre qu'en allant à la barricade au pas de course et l'enlevant à la baïonnette, on perdrait beaucoup moins de monde qu'en tiraillant inutilement contre des matelas. Ceci bien compris, je plaçais dans les maisons voisines , conquises par nous, quelques tirailleurs adroits qui dominaient la barricade, incommodaient fort les défenseurs ; puis, le sabre à la main, aux cris de Hourra, mieux connu de mes soldats étrangers , aux vociférations de : en avant la légion, je me jettai sur la barricade que je franchis en tombant de l'autre côté au milieu des Arabes. Cette chute me sauva car toutes les balles me passèrent au dessus de la tête ; on me tira de si près que ma capote fut brûlée par la poudre, mon fourreau de sabre traversé d'une balle. Là, par terre, j'eus le bonheur d'entendre un soldat, crier furieux : Au capitaine, au capitaine, il est blessé, par terre, par terre. Ma chute les avait trompés . Debout comme l'éclair je commençai à travailler les Turcs comme il faut, et la barricade presqu'aussitôt détruite nous donna passage à gauche, dans cette même rue où les zouaves et la 1ère colonne avaient été d'abord repoussés. A droite était la brèche à environ trois cents pas.

         Cette rue, frère, c'était la rue marchande de Constantine, 

garnie de chaque côté de boutiques sans étages qui les surmontent ; de loin en loin, quelques maisons occupées par les Turcs, les toits surmontant les boutiques, plats et garnis de Turcs, rue serpentante, à coudes arrondis, étroite comme la rue Saint-Jacques, quelques fois davantage.

        C'était cette rue qu'il fallait prendre, maison par maison, 

et sous un feu d'autant plus terrible qu'on ne voyait pas d'où il venait. C'est dans cette rue où l'on marchait jusqu'aux genouc dans des cadavres et dans le sang, que nous avons perdu le plus de monde. C'est dans cette rue que le brave Combes a été blessé mortellement ; que Lacoste, mon pauvre sous-lieutenant, a été tué. Mais n'anticipons pas.