Historique La Calle - Ville
La Calle est-elle la Tunilia, une des stations anciennes, marquées sur la Table de Peutinger? En attendant que l'affirmative soit résolue, ou sait que la Calle est le Mers el Kharez (le port aux breloques), ou Mers ed Djoun (le port de la baie), des Arabes.
Ibn-Khaldoun nous apprend qu'en 689 (1287 de .J-C.), les Siciliens, commandés par le marquis Roger Luria, battirent en brèche et prirent d'assaut Mers-el-Kharez. Ils y mirent le feu, après l'avoir pillée, et emmenèrent, les habitants en captivité.
La Calle s'appelait encore Mers-el-Kharez, lorsque des établissements français furent formés sur la côte de Barbarie, en vertu du traité de commerce conclu sous le règne de Hasen-ben-Kheir-ed-Din, traité qui accordait à la France:
1- le privilège exclusif de la pêche du corail le long de la côte d'Afrique dépendant de la régence d'Alger
2° l'exportation annuelle d'une certaine quantité de grains, ainsi que des cuirs, des laines, des cires et autres productions du pays.
Ce privilège remonte à l'année 1560. A cette époque, un certain nombre de négociants, la plupart Marseillais et parmi lesquels on cite Thomas Linchès et Carlin Didier, formèrent une association qui fut connue sous la dénomination de Compagnie d'Afrique jusqu'en 1799, époque de l'expédition des Français en Egypte. Le premier établissement qu'ils formèrent fut le Bastion de France entre La Calle et le cap Stora. Cet établissement eut à subir des vicissitudes diverses jusqu'en 1691, époque à laquelle la Compagnie crut devoir l'abandonner pour établir le siège de ses opérations à la Calle.
La Calle parvint bientôt à un état florissant. La Compagnie y entretenait un agent principal avec le titre de gouverneur, un certain nombre d'employés et une garnison de 50 hommes commandée par un capitaine.
En 1789, toutes les compagnies commerciales furent dissoutes, excepté celle d'Afrique, mais la guerre maritime lui porta un coup funeste, et, en 1799, la saisie des propriétés de la Compagnie força les habitants de la Calle d'abandonner la colonie. Tout ce qu'ils laissèrent sur les lieux fut livré au pillage et à la destruction.
Sur ces entrefaites, l'Angleterre, restée maîtresse de la Méditerranée, profita de son ascendant sur la régence d'Alger pour se faire céder, en 1807, nos concessions d'Afrique moyennant une redevance annuelle de 267.500 fr. ; elle les garda près de 10 années; notre reprise de possession ne date que de 1816. Nous n'avions alors à reprendre que des ruines.
En 1822, le privilège commercial fut concédé M. Paret, de Marseille. En 1827, la guerre ayant éclaté entre la France et Alger, l'abandon de la Calle et sa destruction par les troupes du dey en furent la suite.
Une reconnaissance fut faite par nous au mois de mai 1831. A cette époque, la Calle ne présentait que des masures abandonnées; Bône ne nous appartenait point encore, et l'occupation de la Calle, qui présentait de grandes difficultés, n'eut lien que le 22 juillet 1836.
Ce n'est que dans ces derniers temps que la Calle a été entourée d'une enceinte, renfermant tous les bâtiments militaires que comporte l'installation d'une petite garnison de 200 hommes, tous les bâtiments civils nécessaires à l'administration et un nouveau quartier s'étendant au-dessus du moulin et de l'ancien port. On n'a du reste aucun monument saillant à signaler, sinon l'église à deux clochers.
Guide Piesse 1888