Scolaire - 1957
<ret>Retour</ret>
Malgré les difficultés de toutes sortes auxquelles se heurte le développement de l'Education Nationale en Algérie, l'accroissement des effectifs d'élèves a repris dans tous les ordres d'enseignement ainsi que le montre le tableau suivant:
La reprise demeure limitée dans l'Enseignement Supérieur, plus particulièrement visé par la grève scolaire de 1956-1957 et où divers incidents qui ont marqué l'année 1956-1957 ont pu conduire une proportion notable d'étudiants à poursuivre leurs études en Métropole. Le retour au calme, indispensable pour le travail, doit permettre la reprise de l'essor normal de l'Université d'Alger qui se place au premier plan des Universités françaises par son personnel enseignant et par ses équipements.
Au début de l'année scolaire 1957-1958, a été posée la première pierre d'un Institut d'Etudes nucléaires qui disposera dès la fin de 1959 d'un équipement des plus modernes ; les nouvelles constructions destinées à la Faculté des Lettres ont été amorcées au printemps de 1958 et, après ces bâtiments, seront édifiés ceux qui doivent abriter convenablement l'Institut de Géologie, l'Institut d'Etudes sahariennes, en attendant d'autres extensions intéressant les études de droit et de sciences économiques et les études de médecine.
A la rentrée de 1957, l'Université a perdu, par mutation en Métropole, quelques maîtres éminents mais pour occuper les postes vacants ainsi que les huit postes de professeurs ou maîtres de conférence créés en octobre 1957, elle a reçu des maîtres jeunes qui l'honorent par leur savoir et par leur enthousiasme.
Dans l'Enseignement du Second Degré, la grève scolaire a fait un tort considérable à beaucoup de jeunes musulmans (près d'un millier) qu'une longue interruption a mené à l'abandon définitif de leurs études. Un tel arrêt, concentré, pour des raisons d'âge, dans les classes terminales, est d'autant plus déplorable que l'Académie d'Alger fait à tous les degrés un effort enthousiaste pour faciliter la promotion de toute la jeunesse d'Algérie. Sans doute, la rentrée de 1957 a-t-elle montré, dans les lycées et collèges, un afflux de nouveaux élèves musulmans, supérieur à celui des années précédentes.
Ce mouvement ne peut que se développer en 1958.
En milieu européen, l'accroissement des effectifs a été ralenti par d'assez nombreux départs vers les Etablissements de Métropole, pendant l'année 1956. La rentrée de 1957 a repris une allure normale. Il est très probable que l'achèvement de constructions escompté pour le début de l'année scolaire 1958-1959 aura pour conséquence un accroissement important des effectifs de l'enseignement du Second Degré. Le trimestre de rentrée 1958 bénéficie d'aménagements destinés à agrandir bon nombre d'établissements existants et, en plus, de la mise en service de trois nouveaux lycées importants à Kouba (près d'Alger), à Tlemcen, et d'un grand collège à Orléansville.
Le nouveau lycée d'El-Biar unira dans un même établissement les sections de l'ancien lycée d'enseignement franco-musulman masculin d'Alger, qui pourront désormais s'épanouir largement après avoir été bloquées dans une maison trop exiguë, les sections classique et moderne de l'ancienne annexe du Lycée Bugeaud à Ben-Aknoun et une section technique dont les bâtiments seront édifiés au cours de l'année scolaire 1958-1959. La construction d'une section agricole est envisagée. Tout l'éventail des enseignements du Second Degré se trouvera ainsi à la disposition des élèves d'un même établissement dont la capacité dépassera 2.500 élèves.
Le même principe de regroupement de toutes les sections d'enseignement du Second Degré, permettant, sans changement d'établissement, les plus grandes latitudes d'orientation, sera appliqué dès la rentrée de 1958 au nouveau lycée de jeunes filles de Kouba dans lequel viendront s'installer et se développer des sections traditionnelles du lycée d'enseignement féminin franco-musulman d'Alger. Cet établissement disposera d'une capacité dépassant 2.000 élèves.
Les bâtiments destinés au lycée de garçons de Tlemcen doivent se substituer au collège de Slane, devenu trop petit, lui aussi. La plus grande partie des locaux entrant en 'service en 1958 permettra déjà d'abriter près de 1.500 élèves.
La construction du nouveau collège d'Orléansville destiné à recevoir des élèves de sections classiques, modernes et techniques, a été commencée le 1" avril 1958. La fin des travaux, escomptée d'abord pour la rentrée prochaine aura lieu en novembre 1958. Un établissement neuf destiné à recevoir plus de 1.200 élèves aura ainsi pu être construit en bien moins de neuf mois. Encore, y a-t-il lieu de souligner que les chantiers se sont trouvés freinés pendant deux mois par une impossibilité exceptionnelle de livraison des matériaux préfabriqués. Cette réalisation montrera que le développement des enseignements du Second Degré n'est plus subordonné, si on le veut vraiment, à la lenteur des constructions.
Le problème le plus grave reste celui du recrutement des maîtres qualifiés du Second Degré. En 1956-1957, 381 postes de professeurs agrégés ou certifiés sur 1.374 -- soit 27.7 % — n'ont pu être pourvus par la Direction de l'Enseignement du Second Degré.
En 1957-1958, malgré 105 créations de postes nouveaux et grâce à la possibilité donnée par le dé cret du 28 mai 1957 de nommer des licenciés d'enseignement dans les postes vacants de certifiés, 377 postes sur 1.479 n'étaient pas pourvus ministériellement, ce qui ramenait à 25,5 % la proportion de postes non pourvus.
Le mouvement de 1957 permettait ainsi de donner des professeurs qualifiés à des Etablissements de l'intérieur de l'Algérie, mais réduisait encore les possibilités, déjà très insuffisantes, de surveillance pédagogique du travail des élèves en tarissant le recrutement des adjoints d'enseignement.
La Métropole rencontre, à un degré moindre, d'importantes difficultés en ce domaine, mais si une solution générale n'intervenait pas à bref délai, pour ce problème, l'Académie d'Alger aurait à pro- poser une formule particulière efficace, ainsi qu'elle l'a déjà fait pour le recrutement des maîtres de l'enseignement primaire.
L'Enseignement Technique se heurte, en Algérie tout comme en Métropole, à des difficultés de construction, d'équipement et de recrutement des maîtres. Les troubles actuels compliquent encore ses développements. Les perspectives demeurent encourageantes cependant.
L'Ecole Nationale d'Ingenieurs d'Alger-Maison-Carrée, jusqu'ici spécialisée dans le Bâtiment et le Génie Civil, formera désormais, dans deux sections nouvelles, des ingénieurs spécialisés en électrotechnique et électronique. Les conditions de recrutement ont été modifiées de façon que les lycées d'Algérie ainsi que les enseignements propédeutiques de la Faculté des Sciences alimentent normalement l'Ecole Nationale d'Ingénieurs. En 1958, 60 élèves ont été recrutés au lieu de 21 l'année précédente. L'Ecole Nationale d'Ingénieurs d'Alger est actuellement très loin de pouvoir fournir le grand nombre de jeunes ingénieurs qui lui sont demandés. Les promotions antérieures de 20 à 30 élèves doivent être rapidement triplées et si possible quintuplées, en quelques années, parallèlement à la mise en place des deux nouvelles sections spécialisées et de deux autres sections prévues (construction mécanique et génie chimique).
Dans les centres d'apprentissage et cours complémentaires d'enseignement professionnel, l'effectif non musulman continue à croître, bien que très lentement ; l'effectif musulman, très affecté par la grève en 1956, a, par contre, bénéficié en 1957 d'une montée sans précédent. Cet engouement des jeunes Musulmans pour l'enseignement professionnel est un fait notable qui souligne l'importance de l'effort d'équipement à réaliser en ce domaine.
L'extension des établissements existants et la mise en chantier de nouveaux C.C.E.P. ou Centres d'apprentissage, la plupart dotés d'internats, doit permettre d'accroître l'effectif des élèves de l'enseignement professionnel, actuellement surtout limité par la capacité des établissements existants. Les C.C.E.P., organismes particuliers à l'Académie d'Alger, qui rendent les mêmes services que les Centres d'Apprentissage, avec une administration plus légère, se prêtent comme les C.C.E.G. à la déconcentration de l'enseignement et à la promotion de la jeunesse en dehors des gros centres urbains. 9 nouveaux C.C.E.P. ont été créés à la rentrée de 1957, ce qui porte leur nombre à 118 pour l'ensemble de l'Académie.
L'enseignement technique du second degré commence à bénéficier d'un rapprochement que l'Académie veut désormais systématique avec les établissements secondaires classiques ou modernes. Les établissements techniques sont développés, et, en outre, la multiplication des sections techniques dans les lycées ou collèges, permettra, sans heurter l'amour-propre des familles, d'orienter de plus en plus, vers les études techniques, des jeunes gens bien doués. L'expérience réalisée l'an dernier, par la création d'une section technique au lycée Laperrine de Sidi-Bel-Abbès est pleine d'encouragements. Il y a lieu de souligner en cette occasion la parfaite compréhension du problème, manifestée par tous les Chefs d'établissements d'Algérie dont l'action est déterminante sur l'orientation de la jeunesse. Le nombre de baccalauréats techniques doit être largement accru.
Plus encore que dans les lycées et collèges classiques ou modernes, le problème du recrutement des maîtres qualifiés, s'avère inquiétant. Dans l'ensemble, plus de 50 % des postes d'enseignement technique ne sont pas pourvus ministériellement, et les postes laissés ainsi vacants doivent trop sou- vent être confiés à des maîtres improvisés. Sans doute, pour les enseignements généraux, l'appel au corps des instituteurs résout-il correctement le problème en bien des cas, mais cette solution n'est pas sans porter gravement préjudice à l'enseignement primaire qu'elle prive d'excellents maîtres. Elle ne vaut que dans des cas exceptionnels pour remédier au manque tragique de professeurs techniques et de chefs de travaux.
Si la Métropole qui, en période de pénurie, pousse peut-être un peu loin le formalisme et les exigences en ce qui concerne le recrutement des maîtres de ces catégories, n'arrive pas à alimenter l'Académie d'Alger, celle-ci se devra de proposer des moyens originaux de recrutement. Il ne peut être question de développer l'enseignement technique sans professeurs techniques, et nous sentons nettement que sans mesures énergiques, nous irions à un échec inconcevable à un moment où, plus que jamais, l'Algérie doit se préparer 'à un essor économique et industriel.
Les développements de l'Enseignement primaire vont commander ceux des autres ordres d'enseignement au cours des prochaines années.
En dehors même des difficultés récentes liées à l'insécurité, l'expansion de l'enseignement primaire se heurtait jusqu'ici à la lenteur des constructions. Au cours de l'année budgétaire 1957-1958, le nombre de classes construites (logements non compris) a atteint le nombre de 1.227 dont 510 en locaux préfabriqués et 717 en constructions traditionnelles. Il est piquant de noter qu'au cours des années précédentes, sans qu'il y ait eu de frein financier, le nombre de classes construites n'avait jamais dépassé 632 et qu'il s'élevait seulement à 490 en moyenne sur 8 ans: On ne saurait escompter un prochain accroissement très sensible du rythme de constructions traditionnelles, mais de larges possibilités sont désormais ouvertes par l'implantation de locaux préfabriqués.
La capacité actuelle de construction dépasse 200 classes en moyenne par mois (auxquelles s'ajoutent les logements) et n'est plus guère limitée dans cet ordre de grandeur que par les crédits d'investissements mis à la disposition de l'Académie.
Dans l'ensemble des écoles primaires publiques, les effectifs atteints le 5 novembre 1957, 486.886 élèves, dépassaient largement le maximum atteint antérieurement, soit 455.438 élèves à la rentrée de 1954, dernière année calme. La chute d'effectifs provoquée en 1955 par les fermetures d'écoles en. zone dangereuse et accrue en 1956 par la grève scolaire, se trouve ainsi largement équilibrée et l'essor de la scolarisation a repris.
Signes réconfortants, l'effectif d'élèves non musulmans, en diminution régulière depuis 1954, par suite de départs en Métropole s'est mis à croître à nouveau (4,5 % du 5 novembre 1956 au 5 novembre 1957), tandis que le nombre d'élèves musulmans se trouvait accru de 10,5 % par rapport au maximum atteint à la rentrée de 1954 et de 24 % par rapport à l'effectif de la rentrée de 1956, marquée par la grève scolaire.
Du 5 novembre 1957 au 1°' avril 1958, le recrutement échelonné des maîtres, l'achèvement de constructions et, sans doute, l'instauration de nouvelles classes à mi-temps qu'il faudra résorber, ont permis d'ajouter un millier de classes à celles qui existaient à la rentrée, portant l'effectif des classes primaires de l'Académie au voisinage de 530.000 élèves.
On ne saurait passer sous silence, l'appoint apporté à l'effort de scolarisation par l'Autorité Militaire qui a souvent prêté des maîtres mobilisés à l'Ecole publique et qui s'est efforcée de reconstituer et parfois de créer des classes dans les zone s d'insécurité. En novembre 1957, 24.970 enfants étaient ainsi groupés autour de maîtres militaires. Sans doute, tous les groupements ainsi improvisés ne présentent-ils pas une garantie de pérennité, mais les Inspecteurs primaires ont pu homologuer comme remplissant cette condition près de trois cinquièmes des classes militaires, avec 13.000 élèves environ.
C'est la création du corps des instructeurs du Plan de scolarisation qui a sorti l'Enseignement primaire en Algérie de l'impasse où le plaçait la nécessité urgente de multiplier le nombre d'écoles avec un recrutement de maîtres bacheliers déjà insuffisant pour combler les vides résultant des retraites ou exeat inévitables.
Une telle innovation comporte, certes, des tâtonnements et un minimum d'insuccès. Mais le fait est, qu'après un an, à la fin de l'année scolaire 1956-1957, 2.000 classes avaient pu être maintenues ou créées grâce à la nomination d'instructeurs et d'instructrices. Le nombre de ces maîtres atteignait 3.633, le 1er avril 1958. Malgré l'improvisation du début, la critique s'avérait favorable.
Parmi les instructeurs, la proportion de maîtres musulmans atteignait 37 % à cette date, et elle aurait été certainement plus forte si la grève scolaire n'avait empêché bon nombre de jeunes musulmans d'accéder au B.E.P.C. en 1957. La proportion d'instructrices musulmanes demeure encore faible, 7,4 % et se relèvera en même temps que s'étendra la scolarisation des filles.
La création du corps d'instructeurs n'est donc pas seulement un palliatif nécessaire pour que reste ouvert l'accès pratique à la scolarisation totale ; elle est aussi un moyen de large intégration de jeunes enseignants musulmans.
Grâce au dévouement des Inspecteurs et des Instituteurs, auxquels il convient sur ce point encore de rendre hommage, la formation professionnelle des instructeurs s'améliore de mois en mois. Certains de ces jeunes maîtres vont aborder en 1958 les épreuves du Certificat de culture générale et professionnelle qui permettra de les titulariser. On peut escompter qu'ils le feront avec un large succès et qu'ensuite ils s'attacheront, par leur travail personnel à s'élever au rang d'instituteurs. Dès maintenant, la preuve est faite, en tous cas, que plus de 2.000 nouveaux maîtres venus des écoles normales ou recrutés comme instructeurs peuvent être trouvés chaque année dans l'Académie d'Alger.
On peut certes espérer que la Métropole nous enverra encore des jeunes instituteurs attirés par l'Afrique du Nord. Au cours des dernières années calmes, il en venait chaque année plus de 300 en Algérie. Mais nous devons surtout compter sur notre propre action et développer l'effectif des Ecoles Normales de l'Académie. Plusieurs nouvelles écoles sont projetées à Bône, Tizi-Ouzou, Tlemcen. Mais il faut aller vite. Aussi, dès la rentrée de 1958, une dizaine de sections d'écoles normales doivent être ouvertes dans les établissements d'enseignement secondaire de la plupart des nouveaux départements : Bône, Sétif, Tizi-Ouzou, Orléansville, Mostaganem, Tlemcen.
On préparera ainsi une large extension des effectifs d'élèves-maîtres et, dans quatre ans, le nombre de jeunes instituteurs algériens se trouvera considérablement accru.
Le recrutement des écoles normales, comme celui des instructeurs et des cadres moyens de l'Algérie, sera accéléré par la multiplication des Cours complémentaires d'enseignement général, dispersés sur le territoire de l'Académie d'Alger. A la rentrée de 1957, 13 nouveaux C.C.E.G. étaient ainsi ouverts ce qui portait à 137, le nombre de C.C.E.G. en exercice.
L'administration de l'enseignement primaire a été en partie décentralisée dès la rentrée de 1957, par suite de la création de nouveaux départements. Nous devons nous louer de la mise en place des Inspecteurs-Chefs de l'enseignement primaire dans les départements. Par leur activité, par leur dévouement, par leur tact, avec la collaboration de tous les Inspecteurs de l'enseignement primaire, ils ont joué un rôle considérable dans le nouvel essor de la scolarisation et dans le maintien de relations étroites et confiantes entre l'Académie et l'Administration préfectorale.
De plus en plus, en Algérie, l'inspection de l'enseignement primaire est une pièce maîtresse de la scolarisation. Il faut que l'instituteur ou l'instructeur, surtout dans des postes isolés, aient conscience d'avoir assez près d'eux, un chef compétent, attentif et bienveillant.
Une préparation au concours d'inspection a pu être ouverte, dès la rentrée de 1958, grâce aux maîtres de la Faculté des Lettres d'Alger ; un stage préparatoire au concours a eu lieu à l'Ecole Normale de Bouzaréa sur l'initiative de l'Inspecteur d'Académie d'Alger. Ces mesures créent un heureux courant vers le Certificat d'aptitude à l'Inspection. Elles s'avèrent encore malheureusement insuffisantes et trop de postes importants ne pourront être créés ou risquent même de demeurer sans titulaire à la rentrée prochaine s'ils existent déjà. Des mesures exceptionnelles seront prises si besoin est pour que le maître de l'enseignement primaire ne soit pas privé de son soutien et de son conseiller normal.
L'ampleur des problèmes d'éducation qui se posent en Algérie implique un large développement de l'éducation de base qui doit s'adresser aux adultes en même temps qu'aux enfants d'âge scolaire. Cette tâche particulière en faveur des milieux les moins évolués d'Algérie, a été confiée, dès 1955, aux Centres Sociaux.
A la fin de l'année financière 1957-1958, c'est-à-dire le 31 mars 1958, 35 Centres Sociaux étaient en place. Ces créations dont les plus anciennes remontent seulement à 1956 n'ont pas été aisées. Lenteur des constructions, pénurie de personnel bien qualifié, difficultés du travail dans un milieu particulièrement sensible à l'atmosphère troublée , ont été des freins que seuls ont pu vaincre l'enthousiasme et l'activité d'un personnel qui s'est voué volontairement à l'Education de base et qui n'en craint ni l'humilité, ni les difficultés.
Les Centres Sociaux qui doivent atteindre les populations les plus arriérées, auront surtout à se développer en milieu rural. Les conditions d'insécurité récentes sont la cause d'une certaine concentration des premiers Centres Sociaux en milieu urbain et, en particulier, dans la zone d'Alger. Mais, dès maintenant, une large extension du service s'est effectuée dans la vallée du Chélif et elle s'amorce dans la région d'Oran et dans celle de Constantine, ainsi que l'indique le tableau ci-dessus des Centres Sociaux existant à la fin de l'année scolaire 1957-1958.
Les Centres Sociaux ne sont encore qu'à leurs débuts et les premiers pas en toute matière sont un succès même s'ils se révèlent parfois chancelants. En deux ans, une oeuvre de préparation pédagogique considérable a été accomplie en vue d'adapter les techniques d'éducation de base au milieu algérien.
Un statut, nécessaire pour la bonne organisation et le contrôle d'un Service qui doit largement se développer est à l'étude. Mais dès la fin de l'année 1957-1958, la structure du service de l'éducation de base est strictement calquée sur celle de l'Académie ; l'Inspecteur d'Académie doit administrer les Centres Sociaux de sa région, avec la collaboration d'un inspecteur spécialisé, tout comme il administre les autres services de l'Education nationale. Cette décentralisation, indispensable pour un territoire aussi grand que celui de l'Académie d'Alger, facilitera de plus en plus le rapprochement et la coordination des Centres Sociaux et de l'Enseignement primaire.
Dans sa mission générale de promotion globale de la population, le Centre Social devra s'attacher particulièrement à l'instruction au moins rudimentaire de tous les jeunes et à la sélection des plus doués qui seront orientés vers l'école primaire.
Les instituteurs ont ainsi à prendre une part active au développement de l'éducation de base. Certains d'entre eux, détachés dans un Centre Social sur leur demande, portent toute leur activité au nouveau service, d'autres lui donnent leur collaboration tout en conservant leurs responsabilités clans l'enseignement primaire. Une soudure étroite s'effectue ainsi, progressivement par le personnel. Une expérience de communauté de direction entre l'Ecole primaire et le Centre Social est amorcée. Les cours d'adultes pourront aussi porter leur contribution à la lutte engagée par les Centres Sociaux contre l'analphabétisme.
Nous n'insisterons pas sur l'activité constante et généralement très méritoire, des Services de la Jeunesse et de l'Education populaire, de l'Education physique et des Sports, de la Santé Scolaire et Universitaire. Chacun a fait de son mieux, réalisant parfois des prouesses, malgré ses soucis de recrutement et ses difficultés matérielles de toutes sortes.
Soulignons au passage, et à titre de simples exemples que le Service de la Jeunesse a pu transférer plus de 5.000 enfants dans des colonies de vacances de Métropole au cours de l'été 1957, ou que le Service de l'Education physique a lancé, avant même d'avoir les installations et les bâtiments, sa première promotion d'élèves du Centre Régional d'éducation physique et sportive.
Dans tous les secteurs relevant de l'Education nationale, l'année 1957-1958, a été une année de reprise. Au cours d'une période difficile, et parfois tragique, le personnel de l'Enseignement a conservé sa confiance dans l'avenir de la scolarisation de la jeunesse et dans la possibilité d'une promotion des populations d'Algérie. Cette foi a pu être alors traduite par l'Ordonnance-programme du 20 août 1958 qui garantit les développements de la scolarisation pendant huit ans dans la seule limite des possibilités effectives de recrutement du personnel.