Historique Alger - Ville

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962





Ancien nom : El-Djézaïr, nom arabe qui veut dire (Les Iles) et son nom phénicien Ikosium qui veut dire l'île aux mouettes.

Vraisemblablement fondée au VIIe siècle avant l'ère chrétienne, son nom, qu' attestent les pièces de monnaie trouvées en 1940, lui vient des îlots qui lui font face.
Cité autonome de Maurétanie, Ikosium fera partie en l'an 25 du royaume de Juba II, avant son annexion par Rome en l'an 40. La cité devient ainsi municipe romain sous le nom latiné d'Icosium.

Dès les dernières années du 15ème siècle, Alger comme les autres villes du litttoral maghrébin subit le contre coup de la <<Reconquista>> espagnole.

La population s'accroit de nombreux émigrés andalous et la ville s'agrandit. En 1510, les Espagnols qui tentent de la soumettre construisent la forteresse du Penon. Face à la persistance de la croisade chrétienne, la population d'Alger sollicite la protection des frères Barberousse qui s'installent à Alger en 1516.

El-Djezaïr devient une dépendance de l'Empire ottoman grâce aux corsaires turcs qui luttent contre l'influence espagnole.

L'arrivée des frères Barberousse, va changer radicalement la destinée de la ville.
Kheir-Eddine, qui succède, en 1518 à son frère Arroudj, devient le maître tout puissant de la ville d'Alger et de ses environs.

Le pirate et ses successeurs vont dès lors écumer la Méditérranée jusqu'à la veille du débarquement français en Berberie.

A peine est-il reconnu souverain d’Alger, Arroudj chasse les Arabes de leurs emplois, dont il investit ses officiers les plus dévoués, et déclare solennellement que les membres de sa milice auront seuls désormais le droit d’y concourir. Pour soustraire entièrement sa puissance à l’influence locale, Arroudj refuse aux fils mêmes des miliciens nés à Alger le droit de faire partie de l’odjak; il veut que ce corps ne soit exclusivement composé que de musulmans originaires de la Turquie, ou de renégats étrangers.

la ville
La ville d'Alger est bâtie en amphithéâtre sur un rocher dont l'inclinaison est tournée vers l'Est. L'enceinte de cette étrange cité, telle que nous la trouvâmes, avait la figure d'un triangle, dont la base, formant une ligne brisée tracée par le rivage, présentait le côté le plus étendu. Les deux autres côtés montaient jusqu'à la Casbah, située au sommet du triangle. Un mur à l'antique, avec des tours de distance en distance et avec un espèce de fossé du côté Sud et un ravin profond du côté Nord, fermait cette enceinte. La ville offrait l'aspect d'une masse de maisons, recouvertes d'un enduit d'une blancheur éblouissante, que sillonnaient des ruelles étroites et tortueuses, où deux mulets ne pouvaient se croiser qu'au moyen des retraites qu'on avait pratiquées çà et là.

La vieille ville "Casbah" est d'époque ottomane (classée au Patrimoine mondial en 1992).

La ville avait cinq portes: deux ouvraient sur le côté de l'enceinte triangulaire régnant le long de la mer; deux autres se trouvaient aux extrémités inférieures des deux autres côtés de l'enceinte, l'une appelée Bab-Azoun, c'est-à-dire d'Azoun, au bas du côté Sud, et l'autre dite Bab-El-Oued, c'est-à-dire porte du ruisseau, au bas du Côté Nord. La cinquième, nommée Porte-Neuve, se trouvait à environ cent vingt mètres au-dessous de la Casbah, sur le même côté de l'enceinte que la porte Bab-Azoun. Hors des deux portes Bab-el-Oued et Bab-Azoun, étaient deux faubourgs dits faubourg de Bab-el-Oued et faubourg de BabAzoun.

Hors de ces deux portes, la ville était aussi flanquée de deux forts, élevés sur les bords de la mer. L'un, appelé Fort-Neuf, était voisin de la porte Bab-el-Oued et armé de trente-six bouches à feu; l'autre, situé à trois cents mètres de la porte Bab-Azoun et appelé fort Bab-Azoun, était armé de quarante-huit bouches à feu.

Source: Edouard Dalles - Guide géographique, historique et pittoresque 1876 (fourni par Bertrand B.)

Il existait un cloisonnement entre les couches d’une population hiérarchisée selon son origine ethnique, laquelle conditionnait ses activités dans la Cité : Turcs, Kouloughli, Maures supplétifs, Kabyles, Arabes, Juifs, chrétiens, et qui est ainsi décrit dans l’ouvrage de Pierre BOYER : "La Vie quotidienne à Alger à la veille de l’intervention française". "La caste des turcs domine sans conteste le pays. Les Kouloughli sont des petits parents que l’on ménage ; les Maures, des sujets ; les Berbères et les Arabes des ennemis en puissance ; les juifs, des inférieurs que l’on méprise profondément mais dont on ne peut se passer ; les chrétiens, des esclaves".

La médecine
Il n'y a pas, à Alger, d'hôpital ni d'école de médecine ni d'infirmerie, encore moins de diplômes institutionnels.
Les "médecins" (toubibs ou hakems) sont, soit des guérisseurs (marabouts) illétrés, soit des talebs qui ont lu l'antique manuscrit du grand médecin Arabe Bou-Krat (plus connu sous lenom d'Hippocrate) soit des esclaves chrétiens, capturés en mer, que l'on achète très cher sur la place aux esclaves (le Badestan).
Paradoxalement, se sont les Européens (esclaves ou libres) qui sont les mieux soignés: ils bénéficient, à Alger, depuis 1575, d'un "Hôpital Espagnol", sorte d'infirmerie organisée par des religieux catholiques et financée par les Européens, par des dons et des taxes spéciales. L'état sanitaire de la ville est déplorable et le manque total d'hygiène rend endémiques les épidémies de peste ou de variole, le paludisme et autres syphilis sévissent aussi, assurant ainsi une régulation sévère d'une natalité galopante.
Aucun médecin mâle ne pouvait pénétrer dans les familles indigènes pour soigner femmes et enfants.

L'enseignement L'enseignement n'existe pas, si l'on excepte l'enseignement de la théologie musulmane et du droit coranique délivré dans les Médersas, encore est-il, à Alger, d'un niveau très inférieur à celui de la Qaraouine de Fez ou de la Zitouna de Tunis. Les sciences et les techniques sont l'objet d'un profond mépris pour le "Maure" moyen. L'imprimerie est totalement ignorée, au bénéfice de la calligraphie ancestrale. La langue officielle est le Turc mais on parle plutôt les dialectes arabes ou berbères. L'ordre est le domaine des troupes turques (les Janissaires).

Présence française
1830 - 1962 Algérie

Les Français prennent la ville en 1830 à Hussein, dey Turc, gouvernerneur de la Régence d'Alger pour le compte de l'Empire Ottoman de 1818 à 1830.

Cette entrée donc, allait ouvrir un formidable chapitre de l’Histoire de France, mais aussi de l’Histoire de la Méditerranée.

Très rapidement, l’atmosphère de l’ancienne ville pirate change du tout au tout, se substitue, non sans une certaine pagaille, un esprit que l’on peut qualifier de cosmopolite : que l’on en juge ! Aux autochtones évoquées, dont ceux qui avaient le plus à souffrir de la rudesse turque ont accueilli les soldats français en libérateurs se joignent ces soldats, en provenance de toutes les provinces ; s’y ajoutent très rapidement, pour les besoins de l’intendance et du génie militaire, mais aussi poussés par tous ces instincts puissants que suscite un Monde nouveau, jusqu’alors terrifiant et qui semble s’ouvrir à la vie des hommes d’Europe Continentale et du pourtour méditerranéen : négociants marseillais, ouvriers de toutes origines, notamment des Piémontais, des Sardes, des Allemands, des Suisses, des Mahonnais qui vont fonder les premiers villages, enfin, et parmi les premiers : des Maltais.


  • Monuments classés :

- Hôtel Saint-Georges (Alger) construit en 1889
- Jardin Marengo (Alger) - classé en 1950
- Jardin d'Essai (Alger) - classé en 1947
- Parc de Galland (Alger) - classé en 1951
- Musée des Antiquités : Musée Spéphane Gsell (Alger-Centre) inauguré en 1897
- Musée du Bardo d'Ethnographie et de Préhistoire (Alger) inauguré en 1930
- Musée National des Beaux-Arts (Alger) inauguré en 1930