Historique Mehdia - Ville

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962

retour
La ville de Mehdia (en langue arabe : المهدية) est une ville du Maroc située à l'embouchure du fleuve (oued) Sebou. Elle est un centre balnéaire et un petit port de pêche sur la rive gauche du Sebou. Cette pittoresque ville côtière se situe à 30 km au nord de la capitale, Rabat. Elle fait partie de la province de Kénitra.

La proximité de la réserve biologique de la merja Sidi-bou-Ghaba et du port de pêche en font un site touristique intéressant. L'imposante kasbah de Mehdia juchée sur une colline tombant en abrupt sur la mer ajoute à l'intérêt de la ville.

Fondation

Selon les travaux d'Henri Laplanche (cf. op. cit.1986 et 1987), « Thymiathérion, l'autel de l'encens (ou Thymiateria, selon les auteurs), fut l'un des premiers comptoirs carthaginois fondés par Hannon au Ve siècle avant Jésus-Christ. C'était très vraisemblablement un site aux alentours de l'actuelle Mehdia. Il est vraisemblable que si la barre était, à l'époque, l'équivalent de celle d'aujourdhui, les navigateurs eurent des difficultés à entrer dans l'estuaire très dangereux. Le site de Thymiaterion ne peut être confondu avec celui de Thamusida, ville située à 32 km à vol d'oiseau de là, sur le fleuve Sebou. Compte-tenu des nombreux et amples méandres, la distance à remonter par le fleuve était au moins de 80 à 100 km. Il est vraisemblable que nos navigateurs on commencé par établir une base solide à l'embouchure du fleuve, avant de se risquer à l'intérieur de terres inconnues. Il est possible qu'un navire ait pu remonter le fleuve pour fonder Thamusida, rien ne le dément, rien ne le prouve. »

Puis le silence se fait sur ces établissements pendant 1.500 ans. On ne lira plus rien sur ces sites.

El Ma'mura

Au Xe siècle après J.C., selon la tradition, il est dit que Medhia devait son nom au Madhi Ibn Toumert sous les noms de Al-Ma'mura (la peuplée, la florissante) ou de Halk (l'embouchure de) Ma'mura ou de Halk Sabu. Abu'l-Kasim Al-Zayyani attribue à la tribu berbère des Beni-Ifrem la fondation de la ville.

Puis, au XIIe siècle après J.C., le sultan Almohade Abd Al-Mu'min y établit un chantier naval qui exploite les chênes de la forêt de la Maâmora tout proche. Le port sert alors de base aux bateaux corsaires construits pour attaquer l'Espagne et le Portugal.

La kasbah fut bâtie par Abu Yusuf Yaqub al-Mansur (Yacoub El Mansour, 1184-1189), en vue de défendre l'embouchure du fleuve Sebou. Diverses orthographes ont été employées telles que Mahdia, Mahdya, Mehdiya, Mehedya, Mehdiya jusqu’à ce que l'arrêté viziriel du 17 mai 1933 fixe officiellement l'orthographe actuelle : Mehdia.

La ville portait alors le nom de Mâamora. Elle fut détruite par le roi mérinide de Fès, Saïd El Ouattasi (1470,1500). Les portugais parvinrent à s'en emparer en 1515, y construisirent une forteresse, mais ne purent s'y maintenir.

À la fin du XVI° siècle, Mehdia était devenue un repaire de pirates, et les Espagnols tentèrent de s'en emparer. Ils essayèrent en 1611 de rendre son port inutilisable en y coulant 8 vaisseaux, et revinrent en 1614 avec une flotte de 100 vaisseaux, au moment où les Hollandais se proposaient de l'occuper, et parvinrent à s'y installer. Ils en furent chassés, en 1681 par le grand sultan Moulay Ismail.

Une petite baie de la rive gauche du Sebou porte le nom d'Anse des Charpentiers, témoin de la construction navale de cette époque.

Premier déclin

La petite ville déclina au début du XVe siècle. Le portugais Duarte Pacheco Sereira, vers 1508, ne mentionne là aucun village. De même lors du débarquement portugais de juin 1515, rien n'est mentionné sur l'existence du moindre habitat.

Attaques des chrétiens

Le roi Manuel Ier de Portugal chargea en 1507 Don José de Meneses d'aller reconnaître et sonder la passe et la barre d'El-Mâ'mura en même temps que celle d'Azemmour - Ville ainsi que d'autres points de la côte. Après le succès d'Azemmour, le roi portugais fit établir à cet endroit une forteresse qui devait servir de base aux expéditions contre le Royaume de Fès. Le 24 juin 1515, 200 navire portugais vinrent mouiller et débarquer un corps de 8 000 soldats. Ce fut une occupation éphémère : 47 jours plus tard, le 10 août 1515, une armée mérinide rejeta les chrétiens à la mer. Ce fut un grand massacre et les Portugais se retirèrent sans laisser aucun des travaux qui ont pu leur être prêtés.


Sources

Bibliographie

  • Yves Buffetaut (ill. Jean Restayn), La campagne d’Afrique du Nord, Armes Militaria, Histoire&Collections, coll. « Les grandes batailles de la seconde guerre mondiale », 1996, 82 p.
  • H.-L. Laplanche (étudiant soutenant le mémoire, rédacteur) et Daniel Rivet (dir.), Kénitra : 1911-1922, Université Louis Lumière (Lyon II), coll. « Mémoires de DEA », juin 1987, 73 p.
  • H.-L. Laplanche, Kénitra (ex Port-Lyautey) : Historique de la ville européenne sous le Protectorat Français 1911-1956, Recherches fondées, en partie, sur des témoignages, Faculté des Lettres et Civilisations (Univ. Jean-Moulin Lyon III), coll. « Mémoires de Maîtrise d'Histoire », juin 1986, 160 p.

Notes

Liens externes