AFN Provinces de FRANCE NORD

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
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QUELQUES GENS DU NORD QUI, EUX AUSSI, ONT BÂTI L’ALGÉRIE :


Alexis CUVELLIER.

(CAMBRAI 1845 - DÉLY IBRAHIM 1927)

Alexis CUVELLIER est né le 12 décembre 1845 à CAMBRAI (Nord), rue de la Herse, fils de CUVELLIER Louis-Joseph, charron, et de CARPENTIER Virginie.

Après de sérieuses études primaires, il quitte sa ville natale en 1863 pour aller accomplir ses obligations de service militaire en Algérie. Sur place, il passe avec succès l’examen d’élève géomètre et entre dans les services topographiques de la colonie dans lesquels il servira successivement comme géomètre de 3eme, 2eme et de 1ere classe avant d’accéder au principalat en janvier 1883. Vérificateur, chef de bureau à ALGER, il devient ensuite inspecteur, chef du service à ORAN, fonctions qu’il occupera jusqu’en 1905, année de sa mise à la retraite.

Après avoir fondé un foyer - il se marie le 21 juin 1873 à ALGER avec Marie Malvina LACHAPELLE (*), née le 28 septembre 1854 à BRUNIQUEL (Tarn-et-Garonne), fille de Mathieu Eugène Michel LACHAPELLE LEROUX dit LACHAPELLE, lui même né le 1er juillet 1813 à WASMES (ex département de JEMMAPES) et de Marie Jeanne LEROUX - , il fait l’acquisition sur le territoire de la commune de plein exercice de DÉLY IBRAHIM (Région d’ALGER) d’une terre en friche qu’il transforma en peu d’années en un beau vignoble ... A DÉLY IBRAHIM, il acquit rapidement droit de cité et, aux élections municipales de 1881, il fut élu conseiller municipal, puis maire de la commune, fonctions qu’il occupa durant douze années (**).

En 1875, Alexis CUVELLIER invite et persuade son beau-père, Mathieu LACHAPELLE, un autre "enfant du Nord", entrepreneur de travaux publics de profession, alors âgé de 64 ans et veuf, à venir s’installer à DÉLY IBRAHIM avec ses quatre enfants (trois filles et un garçon) alors âgés de 22 à 12 ans. Mathieu LACHAPELLE obtient en 1880 une concession de terres au titre des dispositions du décret du 30 septembre 1878 sur le territoire de la commune de DÉLY IBRAHIM. Mathieu LACHAPELLE occupera alors les fonctions de maire de DÉLY IBRAHIM et d’OULED FAYET de 1876 à 1886 et consacrera tous ses efforts de retraité et d’agriculteur à la construction d’une mairie moderne, au développement des groupes scolaires, à la réfection de l’église et à l’établissement d’un bassin hydrographique pour l’approvisionnement de la commune en eau potable. Ce bassin hydrographique, planté selon les injonctions de l’administration coloniale de pins d’ALEP et de cèdres deviendra plus tard le Bois des CARS, ainsi nommé en souvenir du Lieutenant Général Duc des CARS, héros de l’expédition de 1830, forêt artificielle qui sera citée dans toute l’Algérie jusqu’à l’indépendance comme une réussite en matière d’architecture paysagiste (***).

En 1885, en collaboration avec Messieurs JONNARD, Gouverneur Général de l’Algérie, natif du Pas-de-Calais, ROBE Eugène, DEVAUX Ernest, BLASSELLES, des frères PAMART et de nombreux autres personnes originaires du Nord et du Pas-de-Calais, Alexis CUVELLIER jette les bases de l’Association Amicale "LA BETTERAVE", dont les statuts furent votés en mai de la même année. A son origine, l’Association comptait déjà 104 sociétaires. Jusqu’à sa mort, il se donna sans compter aux activités de l’Association et tous les "Enfants du Nord et du Pas-de-Calais", venus s’installer en Algérie ou qui s’y trouvaient de passage, trouvèrent toujours auprès de lui le concours de son expérience africaine et de son inépuisable bonté ... Il occupa la présidence de "LA BETTERAVE" à partir de 1910.

Lorsque, en 1914, les troupes allemandes occupèrent la Belgique et le département du Nord, Monsieur Alexis CUVELLIER démarcha inlassablement les communautés européennes de l’Algérois et de l’Algérie afin de venir matériellement en aide aux réfugiés des "régions envahies". Ainsi, entre 1914 et 1919, il récolta, avec l’aide d’autres sociétaires de "LA BETTERAVE", pour le Comité central des Réfugiés à PARIS, plus de 400.000 francs germinal en numéraire et en dons en nature (Effets vestimentaires, marchandises diverses, alimentation, vin).

Monsieur Alexis CUVELLIER est également à l’origine du "marrainage" (l’on ne parlait pas encore de "jumelage" ...) entre la Ville d’ALGER et la "ville martyre de CAMBRAI", sa ville natale, en 1919. A cette occasion, la municipalité algéroise versa une donation de 50.000 francs germinal à la municipalité cambrésienne, donation aussitôt répartie pour venir en aide alimentaire aux tuberculeux de la région ainsi qu’aux colonies de vacances (Séance du Conseil municipal de CAMBRAI du 23 avril 1920).(****) Une rue de CAMBRAI porte le nom de Alexis CUVELLIER (Délibérations du Conseil municipal des 10 mai 1927 et 11 avril 1930).

En 1920, malgrè ses 75 ans, Alexis CUVELIER traverse une dernière fois la Méditerranée pour participer aux fêtes de la Renaissance de la Ville de CAMBRAI.

Alexis CUVELLIER est également à l’origine de la souscription pour l’érection d’un monument commémoratif à DÉLY IBRAHIM à la mémoire du Commandant du Génie BOUTIN Vincent (° 1772, + 1815), qui, en 1808, sur instructions personnelles de l’Empereur Napoléon Ier, vint faire le relevé topographique des environs de la ville d’ALGER en vue d’un éventuel débarquement impérial, relevé qui servit par la suite à l’expédition de 1830.

Alexis CUVELLIER est décédé le 15 janvier 1927 à DÉLY IBRAHIM à l’âge de 81 ans, déjà veuf (*******), "laissant enfants et petits enfants". De son union avec Marie Malvina LACHAPELLE sont nés quatre enfants, deux garçons et deux filles (*****): - Léon, né le à DÉLY IBRAHIM (?) qui épouse le à Henriette GAY, - Louis Michel, né le 31 octobre 1877 à DÉLY IBRAHIM, qui épouse le 18 février 1909 à DÉLY IBRAHIM Augustine REY (******), - Rénée, née le à DÉLY IBRAHIM (?), qui épouse le à (prénom ?) CHABRE, - et Jeanne, née le à DÉLY IBRAHIM (?), qui épouse le à (prénom ?) CASANOVA,

d’où actuelles descendances.-

(Sources : Archives municipales de la Ville de CAMBRAI, Journal "L’INDÉPENDANT" du 1er octobre 1931 et archives personnelles de Madame Camille CUVILLIER, de TOULON, que je remercie très vivement pour sa très amicale coopération). Pierre d’OUTRESCAUT Mai 1999 Canevas de travail :

(*) Il serait intéressant de savoir ce que Marie Malvina LACHAPELLE, alors âgée de 19 ans, faisait à ALGER où elle était domiciliée 1 place d’Isly en 1873 alors que ses parents étaient domiciliés à ROANNE (Loire) où son père était Entrepreneur de Travaux Publics ....

(**) Rechercher la période exacte durant laquelle Alexis CUVELIER a été Maire de DÉLY IBRAHIM (Questions dans "l’ALGÉRIANISTE" et dans "GENEALOGIE ALGERIE MAROC TUNISIE", recherches aux Archives d’Outre Mer à AIX-EN-PROVENCE ...).

(***) Recherchez dans les Tables décennales de DÉLY IBRAHIM le décès de Mathieu LACHAPELLE.

(****) Vérifier s’il n’y a pas eu d’autres donations de la Ville d’ALGER à la VILLE de CAMBRAI (Un extrait du journal "l’INDEPENDANT" de janvier 1927 fait état, outre de la subvention de 50.000 francs votée par la municipalité algéroise le 14 novembre 1919, d’une autre subvention de 3.000 francs accordée en 1921 et d’une nouvelle subvention de 50.000 francs payable en cinq annuités votée en 1923).

(*****) Rechercher dans les Tables Décennales de DÉLY IBRAHIM les dates de naissance de Léon, Renée et Jeanne CUVELLIER (Question à poser à GENEALOGIE ALGÉRIE MAROC TUNISIE). Les dates et lieux de leurs mariages seront plus difficiles à obtenir puisqu’ils sont protégés par le délai des 100 ans sur la consultation des Tables décennales.

(******) Il serait intéressant de connaître la date et les circonstances du voyage que Alexis CUVELLIER a effectué au Maroc avec son fils Louis et au cours duquel il fut reçu par le Maréchal LYAUTEY (Cf discours funèbre de Louis CUVELLIER).

(*******) Rechercher dans les Tables décennales de DÉLY IBRAHIM la date de décès de Marie Malvina LACHAPELLE épouse CUVELLIER (Archives d’Outre Mer et/ou Service Central de l’État Civil à NANTES).

et établir un court tableau de l’ascendance (3 à 4 générations) de Alexis CUVELLIER ("GROUPE DES GÉNÉALOGISTES AMATEURS DU CAMBRÉSIS", "GROUPEMENT GÉNÉALOGIQUE DE LA RÉGION DU NORD" ...).



-ooOoo-


QUELQUES GENS DU NORD

QUI, EUX AUSSI, ONT BÂTI L’ALGÉRIE :

Léon Joseph LEHURAUX,

(ANICHE 1885 - SAINT-EUGÈNE 1956)

Léon Joseph LEHURAUX est né le 29 décembre 1885 à ANICHE (Nord), fils de Léon LEHURAUX, cordonnier, lui même né le 30 novembre 1858 à ANICHE et de DENIZART Marie Stéphanie, elle même née le 03 novembre 1861 à BUGNICOURT (Nord), dont le mariage avait été célébré le 14 février1885 à BUGNICOURT.

Son grand-père paternel, Jean LEHURAUX, était d’origine lorraine, né le 27 juillet 1812 à BRANDEVILLE (Meuse), fils de Jean (l’Aîné) LEHURAUX et de Élisabeth CHARLIQUART. Son émigration du département de la Meuse vers le Département du Nord est très certainement due à des motifs professionnels (la commune d’ANICHE était, au milieu du XIXeme siècle, connue pour les nombreuses verreries implantées sur son territoire) et, arrivé sur place jeune et célibataire, il avait épousé le 20 février 1841 à AUBERCHICOURT (Nord) Ispérie Joseph FAUQUEUX, elle même né le 18 janvier 1818 à AUBERCHICOURT.

Après de solides études primaires, Léon LEHURAUX devient orphelin de mère à l’âge de 14 ans (Marie Stéphanie DENIZART est décédée le 14 février 1899 à ANICHE). Il se destinait alors à la profession médicale mais le décès de sa mère et le remariage de son père l’obligent à renoncer à cette vocation.

Le 23 février 1904, à l’âge de 18 ans, Léon LEHURAUX s’engage pour trois années au titre du 1er Régiment de Zouaves et va servir en Algérie. Intelligent et discipliné, il obtiendra rapidement le grade de Caporal le 1er septembre 1904 et celui de Sergent le 11 octobre 1905. Ses supérieurs hiérarchiques l’incitent à préparer l’examen d’entrée à l’École Militaire d’Infanterie de CHERCHELL, ce qu’il fait. Mais il renoncera assez vite à ce projet, n’ayant pas la vocation pour une carrière militaire traditionnelle.

En septembre 1906, le 1er Régiment de Zouaves, qui était cantonné à ALGER, participe à des grandes manoeuvres dans la région de BLIDA. Au cours d’une halte, le Sergent Léon LEHURAUX, qui est à cinq mois de son retour à la vie civile, s’entretient avec son Capitaine (*) qui lui parle abondamment de l’extrême - sud - algérien où il vient de servir et qui, en le quittant, lui lance "Vous qui êtes un solide gaillard, pourquoi ne feriez-vous pas une carrière aux Sahariens ?". Cette simple boutade a suffi pour inoculer au Sergent "ch’timi" libérable le "virus du désert". Rentré au cantonnement, Léon LEHUREAU, oubliant son grade de Sous-officier, adresse une demande d’affectation comme soldat de 2eme classe au titre de la Compagnie Saharienne du TIDIKELT, pensant qu’il obtiendra une réponse avant la date de sa libération.. Mais la réponse tarde et le 23 février 1907, Léon LEHURAUX est radié des cadres de l’Armée active et passe dans la réserve. Il regagne la France métropolitaine et retrouve sa ville natale d’ANICHE où il recherche une activité civile. Son rêve saharien s’est envolé ... Plus tard, parlant de cette période, il écrira "Des semaines s’écoulèrent. Je fus repris par la vie civile, plus monotone encore que la vie militaire quand elle n’est pas bien stabilisée, et il m’arrivait parfois d’éprouver inconsciemment, dans les brumes flamandes et sous le ciel morose des provinces nordiques, la nostalgie du beau et chaud soleil africain".

Pourtant sa demande d’affectation dans les Territoires du Sud n’a pas été perdue et elle a simplement suivi son chemin dans les arcanes de l’Administration Militaire en temps de paix ... et, en septembre 1907, un Gendarme de la Brigade d’ANICHE vient remettre à Léon LEHURAUX un pli officiel. Ce pli provient d’ADRAR, dans le Sud-Oranais, aux portes du désert saharien, et il est signé LAPERRINE ! ...

L’ancien Sergent des Zouaves apprend que, comme il le souhaitait, il est affecté à la Compagnie Saharienne du TIDIKELT comme Méhariste de 2eme classe ... Comme il est redevenu civil, il se voit obligé de souscrire un nouvel engagement de deux ans pour pouvoir traverser la France et la Méditerranée aux frais de l’Armée ... Il rejoint AIN-SEFFRA et COLOMB-BÉCHAR par voie ferroviaire, et, dans cette dernière ville, il attend le convoi qui doit le mener à IN-SALAH ... C’est sur l’itinéraire COLOMB-BÉCHAR / IN-SALAH que Léon LEHURAUX commencera son apprentissage de la vie saharienne : 45 étapes longues quotidiennement chacune de 20 à 25 kilomètres, accomplies presque exclusivement à pied. Notre "ch’timi apprenti méhariste" ne se décourage pourtant pas et sa vocation saharienne s’affirme même au cours de ces marches harassantes. Quarante années plus tard, alors que ses talents d’écrivain se sont affirmés, il commentera, dans les "CAHIERS Charles de FOUCAULD", ses impressions premières en ces termes :

"En fouillant dans ma mémoire, je retrouve le souvenir très précis de ces longues et dures journées de marche dans les regs et les hamadas, les pieds meurtris et ensanglantés, assommé par la fatigue, le cerveau vide et sans pensée; il est probable que certains jours, je dus maudire ce désert qui m’avait appelé, le traiter, moi aussi, de <cochon de bled>, comme le faisaient mes camarades. Mais, si je me rendis coupable de tels blasphèmes, ce fut sans conviction, car j’ai complètement oublié ces mauvais moments, tandis que le souvenir de surprenantes visions est demeuré profondément gravé pour ne s’effacer jamais et rester aussi frais, aussi pur dans les années ...".

Arrivé à IN-SALAH - ses services de Méhariste de 2eme classe partent du 14 octobre 1907 - , Léon LEHURAUX gravit rapidement les grades qui le mèneront en 1915 au rang d’Officier. 15 jours après son arrivée au cantonnement de la Compagnie Saharienne du TIDIKELT, il est nommé Caporal le 1er novembre 1907, Caporal fourrier le 1er mars 1908, Sergent le 1er février 1909, Sergent-major le 20 mai 1910 et Adjudant-méhariste le 14 juillet 1912.

En 1907, la Compagnie Méhariste du TIDIKELT est alors dans toute sa gloire. Les Méharistes venaient de pacifier le pays des TOUAREGS-HOGGAR et se préparaient à pénétrer dans celui des TOUAREGS-AJJER et c’est dans cette ambiance exaltante que Léon LEHURAUX va commencer sa vie saharienne.

Le dossier militaire du Chef de Bataillon Léon LEHURAUX, actuellement conservé au SERVICE HISTORIQUE DE L’ARMÉE DE TERRE à VINCENNES et que j’ai pu consulter "avec dérogation" en novembre 1998, est peu loquace sur cette période durant laquelle il était Sous Officier. L’on y trouve simplement "1908 - 1909 : Période d’installation en pays AJJER et AHAGGAR. Construction des Bordjs de FORT POLIGNAC et MOTYLINSKI ...".

Mais l’on sait, par d’autres sources que notre "ch’timi méhariste" prend part, de 1907 à 1910, sous les ordres des Capitaines DINAUX et NIEGER, aux reconnaissances organisées par le Commandant LAPERRINE en pays AJJER et HOGGAR. Entre 1911 et 1913, il devient l’adjoint et le collaborateur immédiat des Capitaines CHARLET et CLERGER de SAINT-LÉGER et, avec eux, il effectue des tournées de pacification dans le TADMAïT, le MOUYDIR, l’ANHNET et le BAS-TOUAT. En 1914, il est au HOGGAR et fait, avec le Révérend Père Charles de FOUCAULD, l’ascension de l’ASEKREM.

Rentré à IN-SALAH en septembre 1914, Léon LEHURAUX y apprend la déclaration de guerre de l’Allemagne à la France et sollicite aussitôt son envoi sur le front français. Sa requête est repoussée car, selon le Ministre de la Guerre de l’époque "chacun doit demeurer à son poste d’affectation quel qu’il soit et se convaincre qu’il y remplit son devoir au même titre que ceux qui combattent sur le front".

En fait, et on l’ignore souvent de nos jours, le Sahara a été l’un des "champs de bataille" de la Première Guerre Mondiale : l’actuel territoire de la Libye, dont seule la bande côtière méditerranéenne venait à peine d’être conquise par le Royaume d’Italie, était sous la souveraineté du Sultan de Turquie, allié de l’Allemagne, et , en raison de la perméabilité de la frontière entre le Sahara algérien et le Fezzan tripolitain, les Allemands et les Turcs avaient réussi à soulever contre la France diverses tribus nomades, tant sahariennes que fezzanes. "L’ÉTAT DES SERVICES" du Chef de Bataillon Léon LEHURAUX est explicite sur ce point : durant la période allant du 2 août 1914 au 30 juin 1916 il est considéré comme "en campagne contre l’Allemagne au Sahara".

Après la déclaration de la guerre, Léon LEHURAUX reste donc au Sahara. Il prend aussitôt, à titre provisoire, comme simple Adjudant Méhariste, le double commandement de la Compagnie du TIDIKELT et de l’Annexe d’IN-SALAH et ce provisoire durera six mois.

Le 27 août 1915, Léon LEHURAUX est nommé Sous-Lieutenant et part en tournée au pays AJJER avec le peloton du Capitaine DUCLOS. Il est de retour à IN-SALAH en décembre 1916 quand lui parvient la nouvelle de l’assassinat du Révérend Père de FOUCAULD par des tribus venues du Fezzan. Avec une soixantaine d’hommes, il part aussitôt pour TAMANRASSET et y recueille les livres et les objets épars abandonnés dans l’ermitage du Religieux.

Pour les années 1916 et 1917, ses notations hiérarchiques sont éloquentes : "Son éducation est irréprochable, son tact et ses connaissances générales très supérieures à sa situation et lui ont permis de prendre d’emblée une place à part", " ... A été choisi pour remplir, malgré sa jeunesse de grade, les très délicates fonctions de Chef du Secteur des HOGGAR. Je ne doute pas qu’il y rendra d’excellents services", " ... A participé aux combats d’IN ABAKARRIT, de TEKATEN KOUBAT, de TEKI N’AKLI ...".

Il est nommé Lieutenant le 27 août 1917.

Après l’Armistice du 11 novembre 1918, il est affecté au Service des Affaires Indigènes à TOUGGOURT le 3 avril 1919 puis au Service des Affaires Indigènes à ALGER le 2 décembre 1919. Sa carrière typiquement saharienne se termine à cette date mais ses futures affectations, tant militaires que civiles, à ALGER lui permettront de garder des contacts permanents avec les "Territoires du Sud" et d’y revenir fréquemment.

Le 25 avril 1920, Léon LEHURAUX est affecté comme Lieutenant au 3eme Régiment de Zouaves à ALGER.

Ses supérieurs hiérarchiques se félicitent de ses qualités :

"Notation de 1921 : ... Africain de valeur, très complet à tous les points de vue et qui eût mérité d’être inscrit au tableau pour le grade de Capitaine ...". "Notation de 1922 : ... C’est un crève coeur de penser qu’un Officier aussi complet que le Lieutenant LEHURAUX n’a pas encore été inscrit au tableau ...".

Le 23 septembre 1920, le Lieutenant Léon LEHURAUX épouse, à l’âge de 35 ans, à SAINTE-FOY-LA-GRANDE (Gironde) Mademoiselle Madeleine Jeanne Marguerite PLANTEAU, né le 16 février 1896 à PARIS (5eme), fille de Marc Michel dit Émile PLANTEAU, Vice Président au Tribunal de Première Instance de la Seine et de Marie Louise Hortense SIVADON. Le couple aura deux filles qui vivront à ALGER jusqu’à l’accession de l’Algérie à l’indépendance (**).

Le 25 mars 1926, Léon LEHURAU est nommé "au choix" Capitaine et affecté "hors cadres" au Service des Affaires Indigènes du Gouvernement Général de l’Algérie à ALGER en qualité d’Adjoint au Chef de Service. Il sera ensuite nommé Directeur du Cours Préparatoire au Service des Affaires Indigènes d’Algérie - Tunisie le 1er novembre 1928.

La carrière civile de Léon LEHURAU suivra l’exemple de sa carrière militaire et ses notations hiérarchiques annuelles restent toujours élogieuses :

" Notation de 1925 : ... Officier de valeur exceptionnelle qui se donne inlassablement à sa tâche et y apporte des remarquables qualités d’intelligence, de jugement, de caractère et d’éducation qui en font le collaborateur idéal du Chef de Service ...". " Notation de 1926 : ... A organisé et brillamment dirigé la mission au NIGER des Chambres de Commerce d’ALGÉRIE ...". "Notation de 1927 : ... Officier d’un rare mérite ...". "Notation de 1928 : ...Il y a lieu de signaler le succès obtenu par le Capitaine LEHURAUX comme conférencier et écrivain ...". " Notation de 1929 : ... A préparé et effectué en vue des manifestation automobiles du Centenaire un raid ALGER - GAO et GAO - HOGGAR, dont son expérience du SAHARA a permis la réussite complète malgré de très sérieuses difficultés ...". " Notation de 1930 : ... A été l’organisateur et l’animateur de la participation des Territoires du Sud aux manifestations du Centenaire à ALGER et à PARIS ...". " Notation de 1931 : ... Est toujours le même distingué collaborateur, ne méritant que des éloges ...". " 1934 : ... A passé la majeure partie de sa carrière militaire au SAHARA à l’époque de la pénétration saharienne. La vie sévère et pénible à laquelle il a été soumis pendant cette période, les privations qu’il a du s’imposer, l’alimentation défectueuse dont il a du se contenter ... ont entraîné une invalidité temporaire de 25%". (Extrait d’un rapport médical de septembre 1934). " Notation de 1935 : ... Officier de grande valeur qui continue de remplir avec la plus haute compétence les fonctions de Sous Chef des Affaires Indigènes et de Directeur du Cours Préparatoire (des Affaires Indigènes) ...".

Le 25 décembre 1938, Léon LEHURAUX est nommé, "au choix", Chef de Bataillon, grade qu’il conservera jusqu’à la date de sa mise à la retraite.

" Notation de 1939 : ... Le 15 décembre 1939, le Commandant LEHURAUX a été appelé brusquement, par suite de la mort du titulaire, à assumer les fonctions de Chef du Service Central des Affaires Indigènes ...". " Notation de 1940 : ... Comme il peut être bientôt atteint par la limite d’âge de son grade, j’ai envisagé de le maintenir dans son poste actuel après sa mise à la retraite ...". " ... maintenu en activité au titre de la réserve (20 août 1940) ...". "1941 : ... Rayé des contrôle de l’activité (1er juin 1941) ...". "1942 : ... Rayé des cadres (20 octobre 1942) ...".

"Se retire à SAINT-EUGÈNE, 17 rue Henricet ...".

Léon LEHURAUX décède le 8 juin 1956, à l’âge de 71 ans et déjà veuf, en son domicile de SAINT-EUGÈNE.

ACTIONS D’ÉCLAT ET CITATIONS.

Cité à l’Ordre de l’Afrique du Nord le 5 septembre 1917 : "Le 25 juillet 1917, à TEKI N’AKLI (HOGGAR), chargé de barrer la route à un rezzou, a su obtenir de sa troupe surmenée un effort remarquable, a tendu au rezzou une habile embuscade et lui a infligé un sanglant échec". Cité à l’Ordre de l’Armée le 18 octobre 1917 : "Pendant les opérations du HOGGAR du 16 février au 27 mars 1917, a su maintenir dans son groupe une discipline et un entrain remarquable malgré les grandes fatigues exceptionnellement imposées à tous et les privations en ravitaillement. A communiqué à ses patrouilles l’énergie dont elles ont fait preuve au cours de nombreuses opérations en zone totalement soulevée. A levé le croquis de l’itinéraire suivi sur plus de 1.200 kilomètres".

DÉCORATIONS et MÉDAILLES :

- Médaille Coloniale avec agrafe "SAHARA". - Croix de Guerre avec palme et étoile de vermeil. - Chevalier de la Légion d’Honneur (Décret du 11 Juillet 1920) (***).- - Étoile Noire du BÉNIN (9 octobre 1920). - Officier des Palmes Académiques "pour services rendus à l’expression de la langue française en ALGÉRIE et nombreux travaux topographiques au SAHARA" (arrêté du 10 février 1923). - Officier du OUISSAM ALAOUITE. - Officier de l’Étoile d’AUJOUAN. - Officier du Dragon de l’ANNAM. - Chevalier du Mérite Agricole (arrêté du 8 novembre 1938).

LIVRES PUBLIÉS par Léon LEHURAUX

- "SUR LES PISTES DU DÉSERT" (PLON - PARIS) - ouvrage couronné par l’Académie Française en 1928, - "AU SAHARA AVEC LE COMMANDANT CHARLET (PLON - PARIS) - ouvrage couronné par l’Académie Française en 1933, - "CHANTS DE L’ARMÉE D’AFRIQUE" (MAISON DES LIVRES - ALGER), - "BOU-SAADA, CITÉ DU BONHEUR" (MAISON DES LIVRES - ALGER), - "OU VA LE NOMADISME EN ALGÉRIE" (Éditions BACONNIER - ALGER), - "AU SAHARA AVEC LE PÈRE DE FOUCAULD" (Éditions BACONNIER - ALGER), - "ISLAM ET CHRÉTIENTÉ EN ALGÉRIE" (Éditions BACONNIER - ALGER),

cette liste est loin d’être exhaustive.

Sources :

- "Léon LEHURAUX - Officier Méhariste, Écrivain, Ethnologue" de Julien LAGRANGE, plaquette publiée en 1976 par la Municipalité d’ANICHE (Nord), - "L’AMICALE DES SAHARIENS - LA RAHLA", 116 rue Damrémont PARIS (18eme), - "SERVICE HISTORIQUE DE L’ARMÉE DE TERRE" à VINCENNES. Pierre d’OUTRESCAUT Mai 1999 -ooOoo-

Canevas de travail :

(*) Rechercher l’identité de ce Capitaine auprès du S.H.A.T. de VINCENNES et/ou auprès de l’AMICALE DES SAHARIENS - LA RAHLA - à PARIS.

(**) Je n’ai pas encore réussi à retracer l’état civil des deux filles de Léon LEHURAUX. Toutefois, je sais que l’une d’elles a épousé Paul VIVAIRE, né ca 1922, qui était Chef du Service Commercial chez Renault à ALGER en juin 1956 et qui est le déclarant du décès de Léon Joseph LEHURAUX, survenu le 8 juin 1956 à SAINT-EUGENE / ALGER.

- (***) Son acte de décès l’indique comme étant alors "Commandeur de la Légion d’Honneur".

- N.B. : Cette biographie de Léon LEHURAUX n’est pour le moment qu’une ébauche et un canevas de travail.

Il me reste à y adjoindre :

- son tableau d’ascendance sur quatre à cinq générations (en cours, avec l’aide de l’ASSOCIATION GÉNÉALOGIQUE FLANDRE HAINAUT de VALENCIENNES), - son actuelle descendance (difficile à trouver ! ...), - des éventuels renseignements complémentaires sur sa carrière civile à rechercher aux ARCHIVES D’OUTRE MER à AIX-EN-PROVENCE (Je dispose d’une dérogation pour consulter son dossier administratif des Affaires Indigènes), - des renseignements sur ses activités d’ethnologue, d’écrivain et de conférencier, - des renseignements sur ses rapports de catholique convaincu et pratiquant avec l’Islam. - des renseignements sur ses activités au sein de la section d’ALGER de l’Association Fraternelle "LA BETTERAVE D’ALGÉRIE" affiliée à "L’AMICALE DES ENFANTS DU NORD ET DU PAS-DE-CALAIS" (Léon LEHURAUX en aurait été le Président dans les années 1930, mais je n’en sais pas plus pour le moment ...) et de "L’AMICALE DES SAHARIENS - LA RAHLA" (qu’il aurait créée dans les années 1940 / 1950 et dont il aurait été le premier Président)./.