Barrage - Meurad

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
Révision datée du 10 octobre 2005 à 17:00 par Bertrand bouret (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)

Retour Hydraulique | Histoire d'eau | L'eau potable | Les cours d'eau | Les barrages | L'irrigation

<ret>Retour</ret>


LE BARRAGE DE MEURAD, sur l'Oued Djabroun . C'est l'un des plus anciens barrages construits en Afrique du Nord. Le bassin versant couvre 18 km' situés sur le versant N de l'Atlas. L'indice pluviométrique est de goo mm. L'ouvrage ne sert qu'aux irrigations d'été, car il y a bien un emplacement de barrage, mais il n'y a pas de cuvette. La rivière a un débit annuel moyen de 6 hm3, soit un peu moins que 200 l/s. Depuis 10 ans que le barrage existe, on ne connaît pas de crue ayant dépassé 20 M3/S.

Le premier projet de barrage date de 1851 et fut présenté par le Capitaine de Génie MALGLAIVE; l'ouvrage avait 24 m de hauteur et était muni d'un déversoir en puits. Le projet définitif, arrêté en 1852 par le Colonel BIZOT, fut exécuté entre 1852 et 1859, sans aucune précaution ni prudence, et en particulier sans respecter les données du projet du Colonel BIZOT.

Pour cet ouvrage fondé sur des roches basaltiques mises en place au Miocène et reposant sur des marnes du même âge ou plus anciennes (crétacées), on exécuta entre 1852 et 1854, d'abord la galerie de dérivation posée sur le basalte, de forme à peu près circulaire et de 3 m de diamètre, puis une première tranche de digue de même hauteur.

En 1855, on élevait la digue à 17 m de hauteur, sans pilonnage ni arrosage, au moyen de wagonnets déversant la terre à l'anglaise en deux couches, l'une de 12 m d'épaisseur, l'autre de 2,00 m.

En 1856, on faisait une couche d'environ 2 m.

En 1857, en procédant de même, on portait la hauteur de la digue, compte tenu des tassements, à près de 20 m et l'on prolongeait la galerie de quelques mètres.

Enfin, en 1859, on portait la crête de la digue à la cote 97 environ (cote des plans militaires); soit environ à 30 m au-dessus de la cote du terrain décapé de départ (soit 66 environ).

Ainsi cette digue a été faite, on peut le dire, n'importe comment, en cinq couches successives.

En 1862, le tassement ayant atteint, plus d'un mètre en certains points, on rattrapait ce défaut en rechargeant la digue.

Au fur et à mesure que l'on surélevait la digue, on montait la tour devant servir de déversoir. Mais les talus amont et aval n'avaient point été réglés et se trouvaient correspondre à l'angle de tenue naturelle des terres, soit sensiblement 1 pour 1,6 m. On fut obligé, pour remédier au foirage de la digue côté amont, de le revêtir. C'est le Capitaine DENFERT-ROCHEREAU qui le proposa en 1863, et l'on exécuta ce revêtement en gradins.

Enfin en 1867, après de longues discussions, la digue fut munie d'un déversoir de crues extrêmement sommaire qui consiste simplement en un canal latéral non revêtu, capable d'évacuer 25 à 30 m3/s, et arasé à la cote vraie (247,40), soit environ 6 m sous le couronnement de la digue, laquelle continuait d'ailleurs à tasser.

Actuellement le parement aval est recouvert par une végétation abondante, en particulier d'arbres ayant des troncs de 40 à 50 cm de diamètre.

Les tassements sont à peu près terminés, le couronnement a une forme concave très accentuée. L'ouvrage emmagasine quelque 500.000 m3 pour une hauteur d'environ 26 m au-dessus des fondation.

La question de la surélévation s'est posée de nombreuses fois. Il serait certes imprudent d'y répondre par oui ou par non, sans examen de la question, et cet examen nécessiterait des sondages de reconnaissance qui n'ont jamais été faits. Il est probable qu'une telle opération ne pourrait être tentée qu'après avoir muni l'ouvrage d'un organe de vidange puissant capable, par exemple, d'évacuer 50 m3/s pour une cote du plan d'eau égale à la cote maximum actuelle. On peut en tout cas affirmer que Meurad est l'un des barrages en terre les plus audacieux du monde, sa largeur à la base étant d'environ 95 m pour près de 30 m de hauteur, et pour une charge d'eau voisine de 24 m.

La comparaison avec le barrage de Saint-Lucien est fort instructive: elle montre le rôle essentiel joué par les fondations et prouve, comme nous l'avons déjà dit, que l'importance du coefficient de sécurité ne peut être déterminée qu'après de nombreuses discussions entre l'Ingénieur et le Géologue. Telle fondation peut permettre telle audace, telle autre ne le peut pas. Les basaltes du barrage de Meurad sont très peu fissurés, et les fissures sont naturellement colmatées par des produits argileux provenant de l'altération de la roche elle-même. En tout cas, si les eaux ont une action sur la roche qui peut pourrir, il ne saurait être question de départ de matière par dissolution, comme c'est le cas dans les calcaires. Le basalte peut donc fournir une fondation moins bonne que les calcaires comme résistance, mais on sait que cette particularité n'a pas une grande importance, s'agissant d'un barrage souple; en revanche, le risque de circulations faciles, à forts débits sous faibles charges, créant évidemment des possibilités de renards extrêmement dangereux, y est fort improbable.