Bougie - Ville

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962

Bougie

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ALGERIE

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Généralités sur la région :

Bougie capitale de la Petite ou Basse Kabylie et Chef-lieu d'Arrondissement, s'étage par gradins successifs à mi-pente des Djebel Gouraya et Sidi-Khelifa, jusqu'au littoral du golfe de même nom. Limitée à l'Ouest par le Cap Carbon à l'est par les basses terres des vallées de la Soummam de l'Oued Seghir et des bassins fluviaux de plusieurs autres oueds de moindre importance, elle est arrêtée dans son expansion vers le Nord par les pentes abruptes du Gouraya Située au confluent de l'Oued-Sahel, appelé Soummam à son embouchure et dans son cours inférieur. Bougie est le débouché naturel de toutes les régions qui s'étendent à l’est du bombement transversal de Medea : les plaines de Beni-Slimane, les vallées de l'Oued-Sahel et de la Soummam des Hauts Plateaux de Bordj Bou Arreridj, de Sétif et des régions du Sud. La plaine de Bougie, large, magnifiquement orientée par rapport aux vents humides est une des régions les mieux mises en valeur de l’Algérie. Son golfe, abrité par les roches rouges du Cap Carbon est l'une des indentations les mieux marquées de la Côte Algérienne et tandis que partout ailleurs les massifs de la Kabylie ferment l'accès de la mer aux Hauts Plateaux ainsi qu'aux Hautes Plaines de I'Algérie intérieure, ici la vallée de la Soummam ouvre une porte d'entrée relativement facile. La ville elle même est située sur la route touristique d'Alger à la frontière Tunisienne après les méandres routiers des forêts de I’Akfadou et de Taourirt Iril. Etagée et pittoresque avec ses rues étroites, la place Sidi Soufi encadrée d'arcades la Mosquée, Bougie offre en outre à ses visiteurs le panorama de la Place de Gueydon, balcon d'où l'on voit les Monts du Gouraya descendre à la verticale sur la Méditerranée. Une route impressionnante gravit les flancs du Mont Gouraya, domine le golfe et accède au Pic des Singes. Le climat à Bougie, bien abritée des vents, connaît des hivers très doux. Par contre, pour la même raison, les étés y sont relativement plus chauds qu'ils ne le sont généralement sur le littoral Constantinois. Le climat est humide. Cette partie du littoral est une des régions les plus arrosées d'Algérie, puisque la quantité d'eau qui tombe annuellement varie entre 700mm et 1.000 mm. Il faut attribuer cette particularité au fait que les montagnes de Kabylie, couvertes de neige pendant plusieurs mois, facilitent à un haut degré les condensations des vapeurs atmosphériques entraînées d'un mouvement général de l'Ouest vers l’Est.

Historique

Peu de Cités eurent des fortunes aussi diverses que Bougie.

Tour à tour visitée par les galères carthaginoises et phéniciennes, occupée par les Romains qui, sous le nom de "Saldae", en firent une colonie florissante, puis par les Vandales dont le Roi Genséric en fit une capitale, Bougie connut successivement les invasions berbères, espagnoles et arabes avant d'être conquise en 1833 par les troupes françaises en même temps que le reste de l’Algérie. Les Carthaginois y installèrent les premiers des "Emporia", des dépôts de marchandises. Puis les Romains, après la chute de Carthage, y fondèrent la colonie florissante de Saldae, rétrocédée par la suite par Auguste, au Roi de Mauritanie. L'aqueduc venant de Toudja reste le plus important vestige de cette colonie. Les navires de tous les pays latins du monde : Bysacium, Carthage, Sardaigne, Sicile, Italie y apportaient des produits de toutes sortes. Du Sud, de Cirta, de Sitifis et de Rusuccurus affluaient les acheteurs. Cette atmosphère était favorable à l'expansion du catholicisme qui s'implanta dans cette région et Bougie devint le siège d'un évêché assez important. Les Vandales, alors en Espagne, accoururent à Bougie à la demande de Boniface, Gouverneur de l’Afrique du Nord et Genséric en fit, au cours de plus d'un siècle de domination sinon la capitale, désignée sous le nom de "Gouraïa", du moins un des sièges principaux de son Gouvernement. Mais les Vandales, les Barbares, les Goths et les Alains auxquels se joignirent bientôt les Maures, furent chassés de l'Afrique du Nord par une coalition de montagnards et de berbères et l’empire Vandale fut renversé. L'histoire de Bougie depuis et pendant la période gréco-bysantine devient très obscure, son rôle fut effacé.

A partir de 644, les Arabes arrivent du Maghreb conduits par les khalifes Omeyyades ; ils avancent de plus en plus vers l'Ouest et Bougie passe sous la domination des dynasties musulmanes. Mais ce n'est qu'après le longues luttes et d’incessantes révoltes que la Cité fut soumise à l’islamisme par le célèbre Moussa ben Noseir qui en fit une sorte de capitale. C'est à partir de cette époque, qu'on l'appela "Bugia" en espagnol et "Bougie" en français. Après le renversement d'Abd el Moumen, au début de 1510, les Espagnols font voile vers Bougie qui semble attirer leur convoitise ainsi qu'il ressort de la chronique d'un vieil auteur flamand :

«… la Ville de Bougie, que les Arabes appellent Bigeya ou Bugeya, est située près de la Mer Méditerranée sur la pente d'une grande montagne. Elle est de la fondation des Romains et entourée de bonnes et hautes murailles. Elle était fort peuplée. Environ de l'an 1510, il y avait huit mille maisons. Il y a une baie devant la ville qu'on nommait anciennement le golfe Numidique. Il y a plusieurs mosquées collèges, cloîtres, auberges et hôpitaux, un beau marché, une bonne citadelle entourée de murailles qui sont embellies de lettres et de figures sur les plâtres et sur les bois en reliefs, avec tant d'art qu'on croit que ces enjolivements ont plus coûté que la forteresse elle-même… »

Tout y atteste l'abondance et le bien-être. La Ville ne renfermait pas moins de 18.000 habitants. Don Pedro de Navarre entra dans celle-ci sans coup férir, fit construire le fort Moussa et jeta les fondements de la Casbah qui ne fut achevée que sous Charles-Quint.

En 1555, le Dey d'Alger, Salah Rais, prépara une expédition contre Bougie, s'allia avec les Berbères et s'empara de la Ville après un siège de 22 jours. C'est alors qu'une nuée de corsaires firent de la ville, leur havre de prédilection, qui motiva, en 1644, une expédition d'ailleurs inopérante, des troupes françaises contre la Ville. Ce ne fut qu'après la conquête d’Alger que Bougie devait s'épanouir sous les plis du drapeau tricolore. En effets le 22 Septembre 1833, le Général Trezel s'empara des Forts Abdelkader, Moussa et de la Casbah et après quatre jours de lutte acharnée et de combats de rues, les troupes françaises devinrent maîtresses du lieu. Placée sous contrôle militaire, l’Administration de Bougie fut souvent inquiétée par les tribus avoisinantes des Beni Mimoun, Beni Messaoud, Beni Abbas. Leur chef Ould ou Rabah exerçait sur les Kabyles une grande influence et son autorité s'étendait particulièrement dans toute la vallée de la Soummam. Après de nombreuses tentatives d'insurrections, toutes vouées à I’échec, il préféra la paix et accepta les bases d'un traité qui mettait fin aux hostilités. Le 9 avril 1835, la paix fut définitivement assise. L’Administration Militaire céda ses pouvoirs à l'Autorité Civile et la Commune de Bougie fut crée et lui succéda. Bougie en pleine croissance démographique comptait une population d'environ 45.000 habitants peu avant l'indépendance.

(à suivre)