Etat AVANT Beni Mered - Ville

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
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Beni Mered Nom actuel : ?

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Colonie militaire de Beni-Mered

La colonie militaire de Beni-Mered a été fondée en 1842. M. le maréchal Bugeaud lui donna alors pour habitants des soldats ayant au moins quatre années de service à compléter avant l'expiration de leur congé. L'effectif actuel est de soixante quatre hommes, dont douze mariés depuis un an. Le directeur de cet établissement est un officier d'infanterie, M. Montigny, homme de mérite dont les services spéciaux nous paraissent mériter des encouragements.

Bien que cette colonie soit située dans une des parties basses de la plaine, et que le nom de la localité constate sa réputation d'insalubrité chez les Arabes, il n'y a eu, cette année, que dix-sept hommes malades, et tous l’ont été par suite d'un séjour prolongé dans la plaine, à une lieue de l'établissement, pour la récolte des foins, ce qui détermina chez eux des accès de fièvre intermittente dont le sulfate de quinine et un séjour de courte durée à l'hôpital eurent promptement raison.

Pas un seul homme n'est mort depuis la formation de la colonie, c'est-à-dire depuis deux ans ; d'où l'on peut presque conclure qu'un travail assidu, une conduite régulière et disciplinée, une nourriture saine comme est celle du soldat, permettent aux hommes doués d'un bon moral d'affronter impunément les miasmes les plus délétères de l'Algérie. Ce résultat venge un peu la Mitidja des plaintes exagérées dirigées contre elle. par des hommes qui s'y livrent à tous les excès, et qui, pour s'excuser, accusent le climat et le pays.

La durée moyenne du travail imposé à chaque soldat colon est de neuf heures par jour.

En 1843, il a été défriché 85 hectares de terre ; 120 ont été ensemencés en blé et orge qui ont moins rendu que l'année précédente, à cause des pluies survenues au moment où l'épi se formait ; cependant le rendement a été de 9 à 10 pour un.

En 1844, 417 mûriers ou arbres fruitiers ont été plantés et tous réussissent. Une petite quantité de graine de mûrier avait été jetée en terre l'année précédente; elle a donné au moins 3,000 plants qui ont plus de 1 mètre de hauteur.

Le tabac, planté sur une petite échelle, a fourni de beaux et bons produits, et l'on peut facilement faire deux récoltes sur le même pied.

La culture de la pomme de terre a donné des résultats à peu près négatifs, bien que la semence employée fût de belle qualité. La terre est trop humide et les fruits qu’elle produit sont aqueux, et nuiraient à la santé si l'on en faisait usage. Elles ne peuvent être employées qu’à engraisser du bétail.

Le maïs ne réussit pas aussi bien qu'on aurait pu l’espérer.

Le troupeau de moutons de la colonie, qui était de 500 après la récolte de 1843, était, par suite des produits de l'année, de 764 têtes au 1er septembre 1844.

Le troupeau de boeufs compte 321 sujets, dont 60 veaux, produits de l’année.

Le troupeau de porcs est de 384 ; 61 seulement appartiennent à la communauté ; les autres sont la propriété des soldats-colons qui les ont élevé.

Chaque soldat possède en propre des poules, des pigeons et des canards. Cinq d'entre eux élèvent des abeilles, qui ont produit cette année 500 fr.

Sur les fonds de la communauté provenant de la vente de la récolte de 1843, la colonie a acheté dans le département de la Haute-Saône une machine à battre le blé qui, rendue à Mered, a couté 1,024 Fr. Elle est mise en mouvement à l’aide d'un cheval et bat 800 gerbes par jour.

Sur les mêmes fonds, on a bâti cinq maisons qui représentent chacune une valeur de 4000 Fr. Outre les ouvriers d'arts et les manœuvres de la colonie, on a employé à leur construction trois maçons appartenant à l'atelier des condamnés, payés à raison de 75 cent., et cinq ouvriers civils payés à raison de 5 Fr. la journée. Ces maisons sont destinées à un seul Colon avec sa famille ; elles ont pour but et pour résultat d'isoler chaque famille, et de les délivrer des inconvénients de l'habitation commune, qui sont à peu prés nuls tant que les colons sont célibataires, mais qui pourraient devenir graves le jour où le plus grand nombre serait mariés.

Les récoltes de l'année 1844, vendues en temps favorable, restitueront au fonds commun les dépenses faites, et permettront d'en faire de beaucoup plus considérables pour l'année.

Quétin - Guide du voyageur en Algérie - 1848