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De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
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Bou-Farik : Quand le 23 juillet 1830, une colonne française, marchant sur Blida, passa pour la première fois à Bou-Farik, ce lieu n'était marqué que par un vieux puits à dôme grisâtre, et à margelle ridée, striée par sa chaine, perdu au milieu d'un paysage de désolation, situé au centre de ce qui deviendra le Grand Marché du Lundi.
A 400 m environ au nord-est se trouvait une blanche Koubba (dôme) dédiée au plus grand saint de l'Islam, Sidi Abd-el-Kader-El-Djilani, le Sultan des Justes et des Parfaits, et quatre vieux trembles creux, qui complétaient la physionomie de cette zone désolée au milieu des marécages synonymes de fièvre ou de MORT JAUNE.
Le territoire de Bou-Farik n'était qu'un marais tigré de forêts de joncs impénétrables ; ce n'était que flaques d'eaux croupissantes, que mares, que rides suintantes; ne trouvant pas à s'écouler, ces eaux dormaient sur le sol en attendant que le soleil les bût, d'autres faisant effort vers le nord-est, parvenaient à gagner péniblement l'oued Tlata et l'oued Eth-Tharfa, qui les jetaient dans le Mazafran. C'était un délicieux pays pour le sanglier, la bête fauve et le gibier d'eau ; il l'était moins pour l'espèce si inférieure des bimanes, laquelle n'a jamais résisté que fort imparfaitement aux effets de l'intoxication paludéenne.
Bou-Farik était le centre et le point culminant et d'attache de sentiers qui s'allongeaient en serpentant dans l'est, dans le nord et dans l'ouest. Son altitude, par rapport à ce qui l'entourait, donnait à son terrain une fermeté qui, jointe à sa position au centre de l'outhan (district) de Beni Khelil, et à sa situtation sur la route d'Alger à Blida, au centre de la vaste plaine de la Mitidja, en faisait un lieu propre à l'établissement d'un Marché.
La fondation du Marché de Bou-Farik est évidemment comtemporaine de l'organisation du Beylik turc ; elle daterait ainsi du milieu du XVIe siècle de notre ère.
Quatre à cinq mille Bédouins venaient y planter leurs tentes, chaque Lundi pour quelques heures, et "étaler les denrées de leur pays, des troupeaux de boeufs, de moutons, de chèvres, de chevaux, des grains, des légumes, des tissus, enfin toutes les productions naturelles ou fabriquées de leurs haouchs et de leurs douars"
Chaque outhan était administré par un Caïd turc qui relevait de l'Agha des Arabes (un des principaux personnages de la Régence ; il avait, en campagne, le commandement de la milice turque ; mais son pouvoir s'exerçait particulièrement sur les Arabes, auxquels il faisait sentir impitoyablement les effets de sa terrible juridiction).
En 1830, parmi les onze « outhans » ou districts du gouverne­ment d’Alger, l’outhan des Beni Khélil comprenait trois divisions dont l’une, le territoire de Bou-Farik située au centre de la vaste plaine de la Mitidja, se divisait en 3 cantons : El Merdjia : marais, El Hamada : partie élevée et sèche, et El Outha : la plaine proprement dite.
Sauf dans les environs immédiats d'Alger, où s'élevaient des maisons de plaisance mauresques, d'ailleurs dévastées par la guerre, il n'existait aucune construction.
(Auteur C.TRUMELET Corneille)
Par un arrêté du 27 septembre 1836, Clauzel décida de distribuer à Boufarik des lots de terre de 4 hectares moyennant une redevance annuelle de 2 francs par hectare.<br>
Au printemps de 1837, il y avait déjà à''' Médina-Clauzel''', comme on appelait le nouveau centre, 150 personnes et 500 en octobre.
Boufarik, aujourd'hui florissant et magnifique, devait passer par de cruelles épreuves.<br>
Pendant cinq ans, il fallut chaque jour lutter avec les indigènes; les vols, les incendies, les assassinats étaient continuels.
Surtout, dans cette localité entourée de marais et de fondrières, la fièvre et la dysenterie firent de terribles ravages. Il mourait un cinquième et quelquefois un tiers des colons tous les ans. La population se renouvela entièrement trois fois en quelques années et l'expression " une figure de Boufarik " était devenue proverbiale en Algérie pour désigner les paludéens.
L'histoire de Boufarik pendant dix ans est un véritable nécrologie.
Grands et petits colons ont prospéré dans des conditions absolument anormales et ont accompli une oeuvre magnifique.

Version du 15 novembre 2007 à 12:54

Boufarik

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ALGERIE

Boufarik
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Bou-Farik : Quand le 23 juillet 1830, une colonne française, marchant sur Blida, passa pour la première fois à Bou-Farik, ce lieu n'était marqué que par un vieux puits à dôme grisâtre, et à margelle ridée, striée par sa chaine, perdu au milieu d'un paysage de désolation, situé au centre de ce qui deviendra le Grand Marché du Lundi.


A 400 m environ au nord-est se trouvait une blanche Koubba (dôme) dédiée au plus grand saint de l'Islam, Sidi Abd-el-Kader-El-Djilani, le Sultan des Justes et des Parfaits, et quatre vieux trembles creux, qui complétaient la physionomie de cette zone désolée au milieu des marécages synonymes de fièvre ou de MORT JAUNE.

Le territoire de Bou-Farik n'était qu'un marais tigré de forêts de joncs impénétrables ; ce n'était que flaques d'eaux croupissantes, que mares, que rides suintantes; ne trouvant pas à s'écouler, ces eaux dormaient sur le sol en attendant que le soleil les bût, d'autres faisant effort vers le nord-est, parvenaient à gagner péniblement l'oued Tlata et l'oued Eth-Tharfa, qui les jetaient dans le Mazafran. C'était un délicieux pays pour le sanglier, la bête fauve et le gibier d'eau ; il l'était moins pour l'espèce si inférieure des bimanes, laquelle n'a jamais résisté que fort imparfaitement aux effets de l'intoxication paludéenne.

Bou-Farik était le centre et le point culminant et d'attache de sentiers qui s'allongeaient en serpentant dans l'est, dans le nord et dans l'ouest. Son altitude, par rapport à ce qui l'entourait, donnait à son terrain une fermeté qui, jointe à sa position au centre de l'outhan (district) de Beni Khelil, et à sa situtation sur la route d'Alger à Blida, au centre de la vaste plaine de la Mitidja, en faisait un lieu propre à l'établissement d'un Marché.

La fondation du Marché de Bou-Farik est évidemment comtemporaine de l'organisation du Beylik turc ; elle daterait ainsi du milieu du XVIe siècle de notre ère.

Quatre à cinq mille Bédouins venaient y planter leurs tentes, chaque Lundi pour quelques heures, et "étaler les denrées de leur pays, des troupeaux de boeufs, de moutons, de chèvres, de chevaux, des grains, des légumes, des tissus, enfin toutes les productions naturelles ou fabriquées de leurs haouchs et de leurs douars"

Chaque outhan était administré par un Caïd turc qui relevait de l'Agha des Arabes (un des principaux personnages de la Régence ; il avait, en campagne, le commandement de la milice turque ; mais son pouvoir s'exerçait particulièrement sur les Arabes, auxquels il faisait sentir impitoyablement les effets de sa terrible juridiction).

En 1830, parmi les onze « outhans » ou districts du gouverne­ment d’Alger, l’outhan des Beni Khélil comprenait trois divisions dont l’une, le territoire de Bou-Farik située au centre de la vaste plaine de la Mitidja, se divisait en 3 cantons : El Merdjia : marais, El Hamada : partie élevée et sèche, et El Outha : la plaine proprement dite.

Sauf dans les environs immédiats d'Alger, où s'élevaient des maisons de plaisance mauresques, d'ailleurs dévastées par la guerre, il n'existait aucune construction.

(Auteur C.TRUMELET Corneille)

Par un arrêté du 27 septembre 1836, Clauzel décida de distribuer à Boufarik des lots de terre de 4 hectares moyennant une redevance annuelle de 2 francs par hectare.
Au printemps de 1837, il y avait déjà à Médina-Clauzel, comme on appelait le nouveau centre, 150 personnes et 500 en octobre.

Boufarik, aujourd'hui florissant et magnifique, devait passer par de cruelles épreuves.
Pendant cinq ans, il fallut chaque jour lutter avec les indigènes; les vols, les incendies, les assassinats étaient continuels. Surtout, dans cette localité entourée de marais et de fondrières, la fièvre et la dysenterie firent de terribles ravages. Il mourait un cinquième et quelquefois un tiers des colons tous les ans. La population se renouvela entièrement trois fois en quelques années et l'expression " une figure de Boufarik " était devenue proverbiale en Algérie pour désigner les paludéens.

L'histoire de Boufarik pendant dix ans est un véritable nécrologie.

Grands et petits colons ont prospéré dans des conditions absolument anormales et ont accompli une oeuvre magnifique.