Historique Kerrata - Ville

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
Révision datée du 30 mai 2012 à 10:58 par MORGANA (discussion | contributions) (Catégorie -, Supression liens externes)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)




Ecu vide.gif
Algérie drapeau.gif
ALGERIE

Kerrata Nom actuel : ?

Historique

Cadre fond.gif
Vise-rep.gif


Retour
Liste des Villes

 

Situation

Kerrata du mot arabe « Kherata » les laboureurs, est situé sur la route de Bougie - Sétif à 52 km au Nord de cette dernière sur les bords de l'Oued Agriom « rivière des grenouilles », au pied de la chaîne des Babords dont le sommet culmine à 2004 m, à l'entrée des gorges du Chabet-el-Akra « le ravin du bout du monde » ou le « défilé de la mort ».

Présence française

1830 - 1962 ALGERIE

Une colonne française le franchit pour la première fois, gravant une roche au fond du ravin « Les premiers soldats qui passèrent sur ces rives furent des Tirailleurs commandés par le Commandant De Maison - 7 avril 1844».

La création

Kerrata fut fondé par trois déportés politiques après les journées sanglantes de juin 1848 en métropole Girard, Roynel et Lyonel qui avaient fait vœu de célibat.
Ils reposent tous trois à l'entrée du cimetière dans un même tombeau.

Une plaque à l'entrée des gorges commémore les travaux pharamineux de percement de la route, réalisés sous le contrôle des services des Ponts et Chaussées de 1863 à 1870 au rythme d'un kilomètre par an .
Cette route, creusée dans le roche entre le Djebel adrar-Amellah « montagne blanche » dont le sommet était recouvert de neige l'hiver et la chaîne des Babors, chemine en corniche entre les parois rocheuses d'une hauteur de plus de mille mètres. C'est un axe vital qui relie Bougie à Sétif, mais également une route touristique d'une beauté inégalée empruntée à la belle saison par de très nombreux touristes ou simplement estivants des Hauts Plateaux allant passer le week-end sur les rives de la Méditérannée.

Longues de 7 km entre des parois rocheuses d'un millier de mètres de hauteur, les gorges voyaient chaque dimanche des centaines de Sétifiens - retour du week-end à la mer- faire étape à la cascade dite « Aïn Sar Azegra » en kabyle « Source fraîche bleue » Kerrata se situant en Petite Kabylie.

La grande attraction était les singes qui venaient observer tout ce monde, les plus hardis accroupis sur le parapet quémandaient quelques cacahuètes et friandises.

Après avoir « monté » le premier moulin à grains de la région entraîné par les eaux de l'Oued Agrioun, les fondateurs du village créèrent les fermes de « Mérouah » (l'éventail) et « Bouramtane » (élevage, céréales, vignes).

De nouveaux arrivants peuplèrent le village, construisirent leurs demeures ainsi que les hôtels de Kherata et du Chabet El Akra, la gendarmerie et d'autres bâtiments administratifs.

Le premier médecin fut le docteur Valton. Un pic de la Chaîne des Babors porte son nom à la suite d'une banale mésaventure. En effet, grand amateur d'escalade, notre médecin fut un jour surpris par l'obscurité au sommet d'un pic. Il dut y passer la nuit. Par la suite les habitants du village n'hésitèrent pas à baptiser ce pic du nom de ce brave toubib.

Vers 1900 le village a été desservi par un service de diligences reliant chaque jour Sétif à Bougie en 13 à 14 heures, avec cinq relais de chevaux en cours de route.

Le château Dussaix fut construit en 1913.

En 1921 et succédant aux trois fondateurs, M. Eugène Dussaix fit construire l'église. La cloche fut offerte par M. Augustin Calotin.

Kerrata faisait partie intégrante de la commune mixte de Takitount dont le siège était à Perigotville.

Il convient de rappeler que le département de Sétif fut créé par décret du 28juin 1956, que le département de Bougie le fut par décret du 17 mars 1958 et que par décret du 7 novembre 1959, ce même département fut supprimé et son territoire rattaché pour partie au département de Sétif qui comprenait alors 9 arrondissements dont Kerrata avec siège de la sous-préfecture au même lieu.

Les premiers colons reçurent de l'Administration, un lot de terrains à bâtir, un lot de jardins de 33 ares, une concession de 40 ha qu'ils devaient exploiter pendant cinq ans pour avoir le titre de propriété

L'aménagement hydroélectrique

A compter de 1949-1953, Kerrata a connu un essor extraordinaire à l'occasion de l'aménagement hydroélectrique de l'Oued Agrioun.

Après la mise en service de l'usine de Darguinah en 1952, le barrage de l'Ighil Emda et l'usine souterraine de Kerrata en 1953, firent de cette région un centre névralgique important d'où partaient des lignes se dirigeant sur Alger et Bône.

L'aménagement de l'Oued-Agrioun est entré le premier dans la période de la réalisation en raison d'un certain nombre de facteurs favorables qui étaient la facilité d'accès, la facilité relative des travaux et une meilleure connaissance du régime de cet oued. Sa production totale est de 198 millions de kW.h, soit 25 % de la consommation algérienne actuelle. La puissance installée de 95 000 kW en fait une usine de pointe et de forte charge d'autant plus précieuse que le réservoir amont peut stocker 75 % du débit annuel moyen.

Réalisations communales

Une magnifique Mairie, un hôpital, deux écoles, une mosquée, une station de pompage pour l'alimentation en eau potable, restauration de l'Eglise après les secousses sismiques de 1948 puis l'inauguration du barrage le 27 juin 1954.

Les émeutes

Ainsi que beaucoup d'autres, le village a connu, hélas, les émeutes du 9 mai 1945 et dû dénombrer huit victimes parmi la population européenne, Kerrata fut délivré par la Légion Etrangère.
Une plaque gravée dans la roche des gorges représentant l'emblème de la Légion et 1945 commémore ces faits d'armes.

La guerre d'Algérie (1954-1962) devait à nouveau troubler le village qui connut divers attentats et assassinats.

  • Source : Henri Sax dans la Revue P.N.H.A n° 103