Historique Lauriers-Roses - Ville

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962




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ALGERIE

Lauriers-Roses Nom actuel : ?

Historique

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Présence française

1830 - 1962 ALGERIE

Dictionnaire des communes en 1901 :Lauriers Roses ou Mekedra : hameau de 2701 h avec le douar d'El-Tenia (30 Français) commune de Oued Imbert

Les Lauriers Roses

S'il fallait une devise pour ce village, elle serait   : « Source et Oasis de Paix » 


Le village « Les Lauriers Roses » se situait sur la N13 entre deux grandes villes : Sidi-Bel-Abbès et Oran.

Rivière Mekerra

Rattaché à la commune de Oued Imbert sous le n° INSEE 457, il faisait partie du département 58 de l'arrondissement d'Oran.

Après 1962, il fut renommé : Mekedra ; ce nouveau nom se rapproche sensiblement de celui de l'Oued « Mekerra » qui prend sa source à Crampel au Sud de Bedeau et passe en contrebas de la colline dans une sorte de canyon bordé d'arbustes de lauriers-roses. Sur son chemin, le cours d'eau change de nom et devient l'Oued Sig qui se jette dans la méditerrannée à Arzew.

Le village était désservi par la ligne de chemin de fer Sainte-Barbe-Du-Tlélat / Bedeau.

La caractéristique importante du lieu est la source d'eau, fraiche et claire, qui sortait au pied de la montagne rocheuse. Canalisée dans un conduit de construction romaine, l'eau s'écoulait par les 3 bouches d'une fontaine en pierre de même époque et faisait à elle seule toute l'animation sur la place du village. L'eau ne tarrissait jamais. Elle cheminait le long d'un petit ruisseau bordé de roseaux et dans lequel poussait du cresson. Elle traversait la route en passant sous un petit pont romain et suivait le tracé parallèle d'un chemin de terre sur 300 m et descendant le relief d'une pente raide jusqu'à l'Oued en contrebas. Une précision : « source des Lauriers Roses » en arabe « Aïn-delfa »

Son côté végétation était fait d'un environnement riche pour une culture qui se serait voulue abondante entre oliviers, amandiers, orangers, jujubiers et figuiers, sans oublier la vigne et le domaine viticole qui occupait une grande place dans le village ; Les vins des Lauriers Roses étaient rouges et rosés, fins et délicats, et avaient la saveur de la framboise.

Il est intéressant de savoir qu'un spécimen d'une plante de la famille des asteraceae a été trouvé dans des lieux rocailleux entre Les Lauriers Roses et Oued Imbert.

Les fleurs poussaient naturellement dans les montagnes mais étaient aussi cultivées dans les jardins privés tels les géraniums, marguerites ou encore les arums.

Les Agrumes faisaient partie des jardins privés où tomates, petits pois, fèves et autres se cultivaient.

Les Oliviers : Les oliviers centenaires tenaient une place particulière au village, bordant la route nationale. Dans la propriété d'une personne âgée il y avait une olivette (un champ d'olivier) ; les arbres serrés les uns contre les autres retenaient l'ombre et il y faisait bon aux heures chaudes de la journée. Le ramassage des olives ne servait pas à la culture intensive mais aux besoins personnels. Un autre propriétaire se limitait à quelques rangées d'arbres qu'il entretenait avec amour pour une famille nombreuse. L'olive précieuse se ramassait joyeusement et les enfants participaient toujours à tous les travaux ; ils  écrasaient les olives qui finissaient toutes dans de grandes jarres remplies d'eau pour une longue macération.

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Céréales et Moissons : Chaque année au temps des moissons les arabes employés par les français partaient pendant plus d'un mois dans les Aurès pour faire les battages. Les hommes sur les moissonneuses-batteuses bravaient les plus gros travaux sous des températures parfois très élevées. Ce travail ne pouvait se faire sans passion ; les moissonneuses tournaient le jour et s'entretenaient la nuit, voire même le dimanche. En saison de moissons ça ne rigolait pas ! Mais au retour, les hommes du villages étaient attendus par tous les habitants du douar et les français. Tous se pressaient de chaque côté de la route nationale, comme l'on se presse aujourd'hui le long des routes pour voir passer le tour de France, et fêtaient l'arrivée triomphale. Les festivités se faisaient à coups de tam tam, par des chants et des applaudissements ; le village était en fête, les « héros » retrouvaient leurs familles respectives.  Les salaires se faisaient en partie en nature avec quelques sacs de blés pour le douar. 

Le crin végétal : Au fil du temps, chaque cour de ferme connaissait des activités différentes ; dans l'une d'elles, deux jeunes hommes d'une famille nombreuse et peu fortunée, avaient eu l'idée de monter de toutes pièces une peigneuse à crin. Ils s'étaient lancés dans cette activité pour fabriquer des cordes et des matelas. Les indigènes avaient la charge d'arracher les palmiers nains dans les montagnes et les ramenaient à la ferme à dos de bourricots.

Les petits animaux et le cheptel d'élevage : moineaux, perdrix, tortues, caméléons, grenouilles, basse-cour poules et petits dindons, vaches, moutons, chèvres et brebis, agneaux, chevaux, les bourricots (petits ânes du Maghreb), et un jour les enfants du village ont vu passer un énorme animal sur la Nationale 13. Ce fut la grande animation du jour dans ce petit village où il ne se passait jamais rien de vraiment important. Un dromadaire courrait de toute son élégance, il tendait sa tête fière et de toute beauté pour traverser le village comme s'il était conscient que tous l'admirait. Un camion le suivait et son chauffeur n'était pas moins fier. Il n'en fallait pas plus pour distraire les gens du village.  

La religion était présente sans église ni mosquée. On entendait le soir l'appel à la prière venant du douar ; c'était l'heure où les bergers revenaient de la montagne avec leurs troupeaux qui faisaient une halte pour boire à la fontaine romaine.

Le Marabout du village était une construction carrée, d'une hauteur d'un mètre cinquante, faites en pierres et blanchie à la chaux. A ciel ouvert, il avait en son centre la plantation d'un buisson. Ce lieu pieu était commun et Arabe et Français venaient se recueillir, prier, faire des voeux en attachant quelques petits bouts de chiffons aux branches ou en brûlant une petite bougie. Les croyances étaient respectées de tous ; chacun se comprenait, se cotoyait et se tolérait mutuellement. 

Le Caïd faisait respecter l'ordre dans le douar ; il était en quelque sorte le médiateur des arabes et celui  qui discutait avec les français. Les anciens du village savaient parlementer sur les problèmes rencontrés et cela se faisait dans le silence et entre chefs de famille.

Le dispensaire : La doctoresse De Garnier de Oued Imbert tenait une permanence une fois par semaine dans le dispensaire. Les plus pauvres descendaient parfois du douar pour faire soigner quelques petits bobos ; "la mémé Diaz" savait écouter et rassurer en attendant le jour d'ouverture du dispensaire ou chargeait un de ses fils pour emmener le malade en voiture jusqu'à Oued Imbert. Dans le village la solidarité était de mise et comme les arabes allaient rencontrer les français pour se faire soigner, les français allaient rencontrer "la vieille femme du douar" qui savait enlever "le mauvais oeil". Chacun se tolérait, se respectait et s'enrichissait des connaissances et compétences de l'autre.

La Guerre : en 1954, je n'avais que 4 ans mais j'entendais déjà les conversations des grands. Les années ont passé et mes oreilles traînaient toujours là où il ne fallait pas ; j'écoutais, j'observais et ressentais les choses, les événements semblaient se précipiter. Un jour de mai 1962, tout se gâte et va très vite ; une pluie de petits cailloux clapote toute une nuit sur les tuiles des toits des maisons françaises du village. On ne nous voulait pas de mal mais le signal nous était donné, il fallait qu'on s'en aille nous aussi. Nous sommes partis. Nous avons tous gardé que de bons souvenirs ; nous n'avons pas connu de faits destructeurs dans le village mais aujourd'hui la fontaine qui a bercé notre enfance a disparu.

La fontaine romaine

Le Patrimoine : Dans ce village tous les enfants arabes et français vivaient heureux en se côtoyant autour d'un point d'eau ; cela se voyait, cela s'entendait, par les cris joyeux qui retentissaient autour de la fontaine romaine située en bordure de route. Mais les cris joyeux retentissaient aussi de la source du douar où les enfants avaient là un autre point d'eau.

L'amertume d'un départ qui s'est révélé désastreux du point de vue psychologique se révèlerait ici doublement par la disparition définitive d'une pièce à conserver dans quelque musée AFN. La fontaine romaine a probablement été détruire mais reprise ici en une sorte de "diazographie" nécessaire pour ouvrir les consciences et susciter un débat. Le patrimoine ancien est à conserver pour toutes les générations à venir mais l'histoire de la fontaine des LAURIERS ROSES est unique et racontée à tous les enfants. 

Nous cultivons dans les familles la mémoire d'une eau fraîche d'appellation village "Lauriers Roses" (une bouteille de cette eau là suffirait pour conserver la jeunesse éternelle).

Il existe plusieurs représentations de la Fontaine Romaine des "LAURIERS ROSES" mais une seule pour l'instant visible dans la médiathèque.

Les habitants du village : Familles DIAZ – LOPEZ – MAS – DEGARNIER – DEMONJOUR – BAGARRE -…

La généalogie : La famille DIAZ a compté 5 générations en Algérie ; petits travailleurs de la terre, ils ont tous beaucoup ramé. Mais, ne dit-on pas que c’est en forgeant qu’on devient forgeron ? L’Ancien des Anciens, DIAZ PEDRO né en 1817, était un homme courageux. Probablement né en Andalousie, il était arrivé à Oran. Sa profession « Cultivateur » l’a emmené autour de Sidi-Bel-Abbès où il conjuguait avec un autre métier celui de « Forgeron ». Mais l’information passe aussi par la voie de la parole dans les familles ; c’est ainsi qu'on a appris que l’Ancien des Anciens aurait travaillé dans les mines de plomb et d’antimoine. Mon père disait toujours que son père ne voulait pas faire comme son père. Travailler dans les mines c'était trop dur, il préférait travailler la terre. L’Ancien était sûrement très sensé pour faire passer le message intergénérationnel car c’est bien en « forgeant le creuset » qu’on devient «Forgeron».

L'école de mon village : excusez-moi ! J'avais oublié l'école mais elle n'a jamais été pour moi une priorité absolue, toutefois elle existait bien et il me faut en parler. Ce n'était qu'une école maternelle obligatoire à partir de 8 ans. Les enfants arabes et français étaient mélangés et l'on riait tous des bêtises des uns et des autres. En ce qui me concerne j'apportais toujours à la maison quelques bons points et j'en étais fière mais c'est en grandissant que tout s'est un peu gâté... quand il fallait se lever tôt pour faire 13 km l'hiver, EN CALECHE, et dans le brouillard pour rejoindre l'école des grands à Oued Imbert. Bien sûr, nous avions une voiture Juva 4, R2100 de service style fourgonnette probablement, dans laquelle quelques enfants du village montaient entassés à l'arrière comme des moutons ; ça a toujours été la galère pour aller à l'école mais "La Belle Aventure" là me donnait beaucoup de plaisir... était-elle un peu jaune, un peu grise... peu importe mais elle ne se fera pas oublier en partant pour la casse. Nous avions 2 camions Berliet aussi qui auraient pu nous transporter mais les hommes de la famille très occupés par leur travail ne pouvaient pas toujours être disponibles. Pour autant, nous ne manquions pas l'école ; dans ce cas là, c'était un voisin qui faisait le ramassage scolaire... EN CALECHE ! 

La forêt de l'Orange : Le meilleur trajet pour se rendre "à l'école des grands de Oued Imbert" était dans ce lent cheminement... EN CALECHE.  Sur cette route de campagne nous traversions une forêt de pins parasols que l'on appelait "l'orange". A cet endroit, les habitants de Oued Imbert et des Lauriers Roses se retrouvaient pour fêter la grande fête dominicale. Les gens pique-niquaient, s'interpellaient d'un groupe à un autre et jouaient aux boules ou se dirigeaient sur une piste de danse aux rythmes du Rock et du Tcha-tcha-tcha joués toujours par un orchestre.

Les pieds-noirs étaient comme ça un peu bruyants les jours de fêtes lorsqu'ils se rencontraient à "l'Orange" pour partager en toute convivialité ; mais, rentrés chez eux, ils redevenaient sérieux et ne rechignaient jamais face aux lourdes tâches des lendemains.

Etre parrain, être marraine, pour un village dans l'encyclopédie c'est quoi vraiment ? Peut-être ça tout simplement.

Nom actuel

A repris le nom du douar : Mekedra