Historique Relizane - Ville

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Historique

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Situation

Situé à 120 kilomètres d’Oran, le centre de Relizane est implanté autour du bordj (poste fortifié) d’Ighil Izane (La colline brûlée, en arabe) qui se dresse au sommet d’une butte isolée au milieu de la plaine du fleuve Chéliff. C’est une plaine aride. L’endroit est malsain en raison des marécages dont l’origine est la ruine du vieux barrage turc de l’oued Mina, à trois kilomètres du bordj, que les indigènes n’ont jamais entretenu depuis près d’un demi siècle.

Histoire ancienne

L’histoire de Relizane remonte à L’époque des royaumes des Numides qui se situe entre 203 et 213 avant J.-C.
Son ancien nom était Mina qui tire son origine de l’appellation de Oued -Mina sur lequel est située Relizane.
La région de la Mina connait sous la domination romaine qui a duré prés de cinq siècles, son apogée dans le développement agricole et commercial en raison de la fertilité de ses terres et de la richesse de son sol.
L’islam a fait son apparition dans la région de l’Ouest en 681.
En 719-720 les tribus de la Mina étaient toutes reconverties à l’Islam avec l’arrivée de Moussa-Ibn-Nassir.

Présence française

1830 - 1962 ALGERIE

En juin 1853, La Désirade est le bateau qui relie Marseille à Oran et sur lequel se trouvent les premiers pionniers, arrivant du Gard et spécialement de l’arrondissement du Vigan. Par voie d’affiche on les a encouragés au départ pour faire fructifier des terres et pour apporter une civilisation après l’effondrement de la Régence turque d'Alger.

Ils débarquent à Oran avec bagages, outils, chariots et même mulets.
Bien vite, ils se dirigent vers ce centre de colonisation nouvellement créé, et occupé seulement par les soldats.

En 1844, le Génie français avait réparé l’ancien barrage.

Le lieutenant Boniface accueille les Français, les installe sommairement.
Pour eux on a pu dire comme Pierre Dumas : « qu’entre la France et l’Algérie, la Méditerranée n’est pas une barrière, mais une route ». Mais une route… vers l’inconnu, le désert, les fièvres, en somme vers ce pays qu’on appelle déjà « La petite Cayenne ».

Créé par décret impérial du 27 janvier 1857 sur l’emplacement d’une ancienne redoute (le fortin actuel), sur un territoire initial de 4 000 hectares qui fut par la suite porté à 10 625 hectares, la plaine stérile semée de marais pestilentiels avait fait surnommer Rélizane la Cayenne de l’Algérie.

Les terres rattachés au centre de Relizane, sont attribués soit sous forme de concessions autour du village de colonisation, soit sous forme de vente de gré à gré de lots de fermes isolées dans la plaine.
Le village est dessiné de façon géométrique à l’intersection des pistes qui convergent à cet endroit. Mais en 1857-1858, de nombreux colons de Relizane vivent encore sous des tentes fournies par l’intendance militaire.

Inutile de dire que ses débuts furent extrêmement pénibles ; de par son climat d'alors surtout. Une plaine aride, parsemée de marais, quelques touffes de tamarins et de lauriers-roses aux abords de la Mina ; des jujubiers touffus sur l'emplacement actuel de la ville tel était le décor général et particulier de ce que l'on avait choisi pour l'installation d'un centre dont aujourd'hui l'avenir est certain et dont la prospérité économique atteint actuellement un degré envié.


Recherche d'eau

Honneur à ces braves, honneur à leur mémoire. A cette époque, comme aujourd'hui la question de l'eau était la plus angoissante.
L’eau fut le premier problème à résoudre.En 1857, il faut aller en charrettes chercher l’eau potable au pied du massif montagneux de l’Ouarsenis, à une vingtaine de kilomètres, là où coule l’oued Zemmorah. Celle provenant de la Mina étant impropre à la consommation, l’eau d’alimentation, parvenant par convoi de Zemmorah , était chichement distribuée. Plus tard on eut recours à un puits, creusé en aval du barrage dont les eaux étaient filtrées uniquement par le sable des berges, qui va permettre d’obtenir une eau de qualité médiocre mais consommable.

En 1859, la réparation du barrage de la Mina et la réfection d’anciens canaux turcs permet d’augmenter la zone irrigable et d’entreprendre la culture du coton. Grâce à cela, dès 1860, la superficie du centre de Relizane est portée à 10 000 hectares de terres labourables.

Les Infrastructures

De petites maisons se construisent progressivement le long des avenues et des rues du village.Des jardins potagers individuels, aménagés en bordure sud du village, sont cultivés par les colons pour leur consommation propre. Puis de nouvelles pistes carrossables sont tracées par le Génie en direction du sud-ouest, vers Mascara, puis du sud-est, vers Tiaret.

En dépit du paludisme endémique, le centre de Relizane se développe rapidement, mais le peuplement va être compromis par une grave révolte indigène.

Le développement de la ville sera enrayé en 1864 par une invasion de sauterelles et par l’insurrection des Flittas le 11 mars.
Tous les habitants, doivent en hâte, se réfugier au Fortin et les colons de la plaine sont avisés de les rejoindre sans perdre une minute, tous n'ont pas le temps d'obéir ; les retardataires sont massacrés sans exception.
Un seul, de mémorable souvenir, M. Granet, parvient à se sauver avec son jeune fils en résistant avec un courage inouï aux assauts de l'ennemi, dans la ferme Cazalis, appelée depuis ce beau fait d'armes, la ferme de la Résistance.

L'année 1865 fut spécialement consacrée à réparer les dommages de l'insurrection, c'est à cette date également qu'il faut placer la construction de bâtiments qui, longtemps, servirent de Mairie, justice de Paix et Église.
Les travaux d'ouverture de la route nationale et de celle de Tiaret sont poursuivis ; on commence les travaux de la ligne ferrée.


Commune de plein exercice

Le 6 juillet 1869, Bouguirat cesse d'être une annexe de Relizane et devient commune de plein exercice.


A cette date remonte la création du premier syndicat administratif des eaux de la Mina et la construction du premier filtre qui donne de l'eau à peu près potable à proximité de la ville (emplacement actuel de l'usine à gaz).

Des pistes sont tracées sur Mascara, Mostaganem,Tiaret.

Sur la place de l'Horloge (actuellement marché aux légumes), on édifie une halle aux grains et crée les jardins qui entourent le Nord de la ville ; grâce à la prospérité des cultures cotonnières, en deux ans, une notable aisance apparaît à Relizane.


La même année, après la soumission des Flittas, la ville qui compte alors 2 372 habitants passe sous administration civile.

En 1865, outre la réparation des dommages causés par l’insurrection, les bâtiments de la mairie, de la justice de paix et l’église sont construits ; les travaux du pont de la Mina qui permettra le passage de la route et de la voie ferrée sont entrepris.

En 1869, le pont de la Mina et la voie ferrée sont inaugurés, un ouvrage des pont et chaussées assure l’alimentation en eau potable des fontaines et des abreuvoirs de la ville.

En 1870, on construit l'abattoir actuel, et le 15 juin le tronçon Relizane-Orléansville est livré à l'exploitation.

L’émigration espagnole, elle, est importante durant la période 1870 - 1880. Ces natifs d’Ibérie sont attirés par ce pays, qui ressemble beaucoup au leur et ceux-ci savent tailler la vigne ; ce sont des défricheurs, arracheurs de bois, charbonniers.
J. J. Jordi a écrit que « le peuplement de la plaine de Relizane s’est fait au moins autant par suite de la poussée des colons d’Oran que par le déplacement des colons de Mostaganem ». En 1886, les Espagnols de Relizane sont plus nombreux que les Français : 1 952 contre 1 004.

Commune de plein exercice le 5 janvier 1871, le premier maire de la cité sera Monsieur Agard.

1876 – 1878, construction de l’école des garçons et de l’hôpital.

Au recensement de 1881, Relizane comptait 3 986 européens et 3 033 indigènes.

1883 – 1889, construction de la nouvelle mairie, de l’école des filles, de la prison et du temple protestant.

1893, une conduite de 24 kilomètres alimente la ville avec l’eau des sources de Tilouanet.

La région est devenue une plaine fertile. Relizane est la capitale d’un grand centre de production, l’un des marchés les plus important d’Algérie pour le commerce de céréales, de bétail, de laine, de produits maraîchers, de conserves de fruits et dispose de tous les atouts pour prospérer.

Des Piémontais, aussi, sont arrivés à Relizane, certes en moins grand nombre que les Espagnols. Comme à d’autres européens, on leur a fait miroiter l’Eldorado brésilien, puis on leur propose le départ vers l’Algérie, toute proche et certains, nommés Mazzia, originaires de Biella, dans la région de Turin, se mettent au service d’entrepreneurs italiens comme les Bellia, déjà installés à Relizane. Comme on le sait, ils sont des champions dans le bâtiment et les travaux publics. Ils créeront des entreprises de constructions, des fabriques de carrelage, qui deviendront très vite florissantes

Et Relizane a bientôt sa banque locale, exemple rare en Algérie, le Comptoir d’Escompte, qui, en accordant des crédits contribue à la prospérité de la ville et de la région.

Francine Dessaigne, qui nous a laissé de bons livres sur notre Algérie, a écrit dans « Journal d’une mère de famille pied-noir », ce qu’elle a vu à Relizane en 1950 :
« Relizane avait à cette époque un maire conscient de ses devoirs, dont la sollicitude municipale se manifestait dans les moindres circonstances de la vie de ses administrés. C’est ainsi, qu’il avait songé à adoucir les rigueurs de l’été les plus durs qui soient, en mettant des jets d’eau et créant de beaux jardins publics qu’il arrivait à entretenir verts au plus fort de la chaleur. Lorsqu’il fait 45 degrés à l’ombre, voir et entendre l’eau qui coule est presque aussi rafraîchissant que de la boire.
Il pensait à leur santé. Il avait fait construire un marché couvert en béton où les étalages de légumes rivalisaient de propreté avec ceux des bouchers. Les petites boutiques pourvues de réfrigérateurs, de vitres et de carreaux de faïence blanche, recevaient tous les européens et tous les indigènes.
D’autres, fidèles à l’habitude, préféraient le marché à la viande qui se tenait près de la Mosquée ».