L'Artillerie d'Afrique

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
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L'Armée d'Afrique et son Artillerie

L'Organisation et les Moyens

  • Depuis 1830 et jusqu'à la fin de 1867, les unités d'Artillerie employées en Algérie sont détachées des régiments de la Métropole, avec des relèves périodiques. Leur nombre varie suivant les périodes et l'activité des opérations. Il se stabilise finalement aux environs de 12 batteries.
  • En janvier 1868 et jusqu'en 1873, c'est un régiment tout entier, le 3e Régiment d'Artillerie à 12 batteries qui stationne en Algérie mais lors de la réorganisation de 1873, il est ramené en Métropole et à nouveau on reprend le système des batteries détachées, soit 11 batteries en 1873 et 12 batteries avec une compagnie de pontonniers du train de l'Artillerie de 1864 à 1881.
  • Pour les opérations en Tunisie en 1881, les batteries du Corps Expéditionnaire proviennent en partie des unités d'Algérie et en partie des unités de la Métropole. Au total 31 batteries et 4 sections de munitions prennent part à l'expédition entière ou à une période de celle-ci. En 1883, il ne restera en Tunisie que 9 batteries et un parc. A la même époque, il y a 14 batteries en Algérie. En 1884, on ne trouve plus que 12 batteries en Algérie, plus une compagnie de pontonniers, 4 batteries et un parc en Tunisie.
  • A partir de 1883, les batteries d'Afrique du Nord prennent dans leurs Corps la dénomination de "Batteries bis" pour les distinguer de celles de Métropole qui les ont remplacées dans leurs régiments. Cette situation dure jusqu'à la nouvelle réorganisation de 1889.
  • En 1889, il est décidé de rattacher toutes les batteries d’Afrique du Nord aux deux régiments de la 19e Brigade d’Artillerie, les 12e et 13e Régiment. Cette brigade stationnée à Vincennes est alors destinée à constituer à la mobilisation l’artillerie du 19e Corps d’Armée amené en France.
"A bras..." l'Artilleurs, et le service en campagne
  • En fin d’année 1889 jusqu’au début de 1900, deux bataillons d’artillerie à pied sont envoyés pour la défense des côtes en Tunisie et en Algérie.
  • De 1907 à 1909, plusieurs batteries participent aux opérations du Maroc.
  • La loi du 24 juillet 1910 réorganise les unités d’Afrique du Nord qui constituent dorénavant 7 Groupes Autonomes d’Artillerie d’Afrique à 3 ou 4 batteries. A cette date, l’Artillerie d’Afrique est réellement constituée. A partir de 1911, le développement des opérations au Maroc nécessite l’envoi de nouvelles unités tant de Métropole que d’Algérie et de Tunisie ainsi que d’unités d’artillerie coloniale qui forme de son côté 2 groupes au Maroc en 1914. À la veille des hostilités, l’Artillerie d’Afrique comprend 39 batteries. À la mobilisation, ces groupes mettent sur pied des batteries de renforcement ou de réserve et des batteries territoriales. Un certain nombre de ces unités sont envoyées en Métropole en août et en septembre 1914 et d’autres unités sont formées pour la campagne de 1914 à 1918 sur les fronts Métropolitains et d’Orient comme l’Artillerie Divisionnaire de la Division Marocaine.
  • En 1919, les unités envoyées en France sont ramenées en Afrique du Nord sauf le 276e Régiment qui reste en occupation de la Rhénanie. Les 10 groupes d’Afrique sont reconstitués dans leur territoire de 1914, certaines unités restant détachées au Levant. Les unités d’Artillerie Coloniale forment le Régiment d’Artillerie Coloniale du Maroc le 1er avril 1919.
  • Au début de la guerre du Rif, l’Artillerie du Maroc est insuffisante et est renforcée par des apports de force prélevés sur les unités d’Algérie, de Tunisie, de Métropole et de l’Armée du Rhin. Les Coloniaux fournissent également des batteries hippomobiles et de montagne.
  • En 1941 et 1942, un travail considérable de camouflage clandestin de matériel et de préparation à la reprise de la lutte par la formation de nouvelles unités fut entrepris et permis à la fin de 1942 la mobilisation pour la campagne de Tunisie. Elles entrent en opération avec l’ancien matériel camouflé, puis avec des matériels cédés par les troupes américaines et les britanniques à laquelle viennent s’ajouter l’artillerie de la 1re Division Française Libre venant de Libye et le 1er Bataillon de Fusiliers-Marins avec ses canons de 40 Bofors. Dès la fin de la campagne de Tunisie, l’Armée d’Afrique est complètement réorganisée en vue des opérations en Europe sur le type des unités américaines. La formation de ces unités est limitée, elle ne comprend que 5 divisions d’infanterie et 3 divisions blindées la 1re à la Croix de malte, la 2e, la Division Leclerc et la 5e qui deviendra celle aux Armes de Stuttgart.
  • Toutes les unités débarquent en France et participent à la campagne de 1944-1945.
  • Après l’armistice de 1945, presque toutes les unités mises sur pied par l’Afrique du Nord pour la 1re Armée restent en Europe, soit en occupation en Allemagne, les FFA, soit en garnison en France. Elles changeront pour la plupart leurs numéros pour de nouveaux écussons en 1946. Quelques unités sont envoyées en Indochine, seuls, le 64e RAA à la fin de 1945 et 2 groupes du 69e RAA rejoignent l’Afrique. En septembre 1945, les 62, 65, 66 et 67 deviennent autonomes, le 64e se dédoublant en 63 et 64 RAA. Le 68e reste en Sarre et un de ses groupes participe à la campagne d’Indochine. Les 64e, 66e et 69e forment des groupes de marche pour l’Extrême Orient où le 66e devient le I/41 RAC.
  • Les insurrections qui se produisent au Maroc et en Tunisie et gagnant rapidement l’Algérie imposent en raison des effectifs insuffisants en Afrique un renforcement avec des unités provenant de la Métropole ou évacuée d’Indochine. L’envoi en AFN des appelés du contingent et de disponibles rappelés ayant été décidé, les renforts, relativement limités en 1954, sont de plus en plus importants en 1955 et 1956 puis à peu près stabilisés à partir de 1956. Au total, pendant la période 1954 à 1962, l’Artillerie en Afrique du Nord verra passer dans ses rangs, y compris les unités organiques déjà stationnées, 15 groupes en Tunisie, 22 groupes au Maroc, transférés ultérieurement avec 81 groupes venant de Métropole, en Algérie.
  • Après l’indépendance, toutes ces formations rentrent en France pour y être dissoutes ou réinstallées, à l'exception de quelques unités maintenues.


A cette date, l’Artillerie d’Afrique a vécu !


Néanmoins, la tradition des Régiments d’Artillerie d’Afrique n’est plus maintenue dans l’Armée Française que par deux unités qui ont conservé les Étendards et les numéros de deux d’entre eux :

  • Le 64e Escadron de Commandement d’Artillerie de Corps d’Armée, crée en 1978,
  • Le 68e Régiment d’Artillerie d’Afrique qui est la continuation directe du 68e Régiment d’Artillerie Blindée de 1941, le Régiment à l’Etoile Rouge avec le numéro du Régiment brodé sur le Calot d'Armes, qui a tiré le premier sur l’Allemagne par-dessus le Rhin près de Colmar.


Sidi Ferruch, 14 juin 1830

Un Corps Expéditionnaire Français placé sous les ordres de l’amiral Duperré et du général Berthézène débarque sur une plage à quelques kilomètres à l’ouest d’Alger. Cette région d’Afrique du Nord est sous la suzeraineté du sultan turc d’Istambul. La population quasiment insoumise est livrée à l’abandon et l’insécurité près des côtes Méditerranéennes amène à décider une opération militaire pour détruire des repaires de corsaires et tenter de mettre fin au commerce des esclaves. Le roi Charles X ayant besoin de réassurer son autorité et en bute à une fronde de députés prend prétexte à une affaire « diplomatique » qui date de trois année. En 1827, le Dey d’Alger, Hussein avait souffleté de son chasse mouche le consul de France Deval qui refusait d’honorer le règlement d’un emprunt concernant l’achat de céréales achetées à la Régence d’Alger. Une flotte de plus de 450 navires appareille du port de Toulon le 25 mai 1830 et, se porte devant Alger et bombarde ses défenses ainsi que la citadelle de Fort l’Empereur. Trente sept mille soldats comportant gendarmes, logistique, approvisionnement et vivres, administration et sanitaires, cavalerie, gendarmes, 18 batteries d’artilleries accompagnées de 6 compagnies du train, au total 83 pièces de siège débarquent sur la plage de Sidi Ferruch le 14 juin 1830.

Il faut plusieurs jours de combats difficiles et incessants pour mettre fin à la domination turque exercée depuis le XVIe siècle par les deys et leurs janissaires. Face à la mobilité des pièces françaises, les troupes turques furent surprise de voir souvent en tête de colonnes les canons au plus près de leurs positions, mener par des tactiques audacieuses le combat aux côtés des premières lignes d’attaque de l’infanterie ; par manque de chevaux, les pièces souvent amenées à bras. Un attelage à suspension et de nouveaux avant-trains et caissons accroissaient la mobilité et accéléraient la mise en batterie. La mobilité des unités devait se heurter bientôt au manque que pistes carrossables et à leur déplacement dans les reliefs montagneux. Cette nouvelle expérience conduisit à faire accompagner les troupes de pièces plus légères, facilement démontables et transportables d’où la mise en œuvre d’un obusier de montagne capable d’effectuer des tirs courbes à courte distance.

L’Armée d’Afrique venait de naître et avec elle, l’Artillerie d’Afrique aussi.

La conquête de l’Afrique du Nord

Jusqu’en 1834, les Français ne s’étaient résolu qu’à garder les possession acquises le long du littoral méditerranéen des régions d’Oran, Mostaganem, Alger et Bône, les régions de l’intérieur étant laissées aux chefs indigènes mais les réalités locales firent prendre conscience de l’influence montante d’un jeune émir de naissance chérifienne, chef de tribus de la région de Mascara, l’émir Abd el Kader. Emir des croyants, il remporta sur les tribus du makhzen turc la victoire de Meharaz et marqua le début de l’ère des Chorfas arabes. Il occupa le Titteri et infligeait en 1835 au général Trézel un échec lors de la bataille de la Macta. En 1836, la prise de la capitale du beylik de l’Est fut décidée mais l’expédition mal préparée échoua complètement par le manque de canons de gros calibre afin de détruire les défenses de Constantine, les pièces de campagne et de montagne ne suffisant pas. En 1837, le 13 octobre, la ville fut occupée non sans mal grâce à 33 grosses pièces de siège nécessitant des efforts considérables de mise en place. Après les bombardements des 11 et 12 octobre de « tir en brèche », l’artillerie abattait les murs de défense permettant aux fantassins d’envahir la place submergeant les 63 bouches à feu des défenseurs de Constantine.

L’insurrection devient soudaine et générale. Abd el Kader qui n’attendait que cela proclame la guerre sainte lorsque le duc d’Orléans tente de relier la région constantinoise à celle d’Alger en franchissant les « Portes de Fer » aux mains des Arabes. Au mois de novembre 1839, ses cavaliers ravagent les zones où commencent à s’implanter des colons venus de la Métropole, notamment dans la plaine de la Mitidja. L’armée d’Afrique doit mener la conquête par la lutte jusqu’à la soumission finale. Le 16 mai 1843, le duc d’Aumale contraint l’émir Abd el Kader à s’enfuir au Maroc, sa Smala a été prise par la victoire d’un escadron français. Le sultan du Maroc s’engage dans la guerre mais son armée est défaite à la bataille d’Isly en 1844. Il traite avec le gouvernement français. De violentes insurrections éclatent encore dans le Dahra, le Chélif et l’Ouarsenis en 1845. Abd el Kader remporte une dernière victoire à Sidi Brahim, puis abandonné par le sultan, il fait sa reddition aux généraux Lamoricière et Cavaignac dans la plaine de Sidi Brahim le 23 octobre 1847.

En 1857 à 1899, soumission des oasis du Sud et de la Kabylie. Les missions Flatters et Fourreau Lamy préparent l’occupation du Sahara jusqu’aux frontières du Niger, Cherchell, Blida et Médéa terminent la conquête de cette partie de l’Afrique du Nord.

Lors de ces nombreux combats, les artilleurs laissèrent leurs canons dans leurs parcs. Ils formèrent des escadrons à pieds, qui combattirent… à pieds aux côtés de leurs camarades de l’Infanterie. Ce fut un grand honneur pour eux.

Les opérations extérieures

La Grande Guerre

1914 - Canon de 75m/m en position de tir

Le lendemain de la déclaration de guerre à l’Allemagne, le 4 août 1914, deux canons d’artillerie de côte ouvrent le feu sur deux bâtiments de guerre allemands au large de Bône et de Philippeville Le « Goeben » et le « Breslau ».

Réclamée en France, à l’Armée d’Orient, dans les Balkans, en Egypte, au Hedjaz, au Levant, l’Artillerie d’Afrique va se distinguer dans les grandes batailles de Champagne, de Verdun, de l’Aisne et de Picardie. Le matériel servant les pièces à terre a profondément évolué avec l’arrivée du canon de 75m/m particulièrement performant mais les besoins en artillerie lourde manquent malgré les moyens anciens récupérés dans les parcs d’artillerie y compris de vieux mortiers de tranchées datant de 1870. L’étude et la mise en chantier de matériels nouveaux vont évoluer très vite avec l’artillerie lourde tractée, sur voies ferrées, les canons d’infanterie de 37 m/m et les mortiers de tranchées avec le célèbre « Crapouillot » contrebattant les mortiers allemands « Minenwerfers appelés par les Poilus les Seaux à Charbon », les «'Granatenwerfers, les Pigeons » et l’artillerie d’assaut avec le char de combat. Le calibre des canons, les obus, la portée de tir deviennent de plus en plus importants. Un canon à longue portée allemand, le « Pariser Canone ou Long Max », mis en batterie au environs de Crépy en Laonnois envoie sur Paris 367 obus de 210m/m variant jusqu’à 232m/m l’intérieur du tube se dégradant très vite étant donné la puissance de départ des coups de 100 kilos avec son tube géant de 40 mètres de long. Sa portée est de 132 kilomètres. Les français rivalisent avec leurs obusiers de 400 m/mqui valent les « Grosses Bertha M-Gerät » de 420 m/m. Les techniques de tir évoluent avec les réglages aériens des batteries, les préparations balistiques et aérologiques, les barrages contre l’infanterie et les techniques d’observation.

Après l’Armistice du 11 novembre 1918, toutes les unités venues d’Afrique retrouveront leurs bases africaines et seront engagées dans la guerre du Rif.


La Seconde Guerre Mondiale

A la déclaration pour la seconde fois de la guerre contre l’Allemagne en 1939, 14 nouvelles unités se créent en Métropole pour l'Afrique du Nord où l’on compte une vingtaine de régiments, unités hippomobiles composées de pièces de 75m/m ou d’obusiers de 155m/m courts. Les régiments transportés en Métropole afin de contrer l’invasion de la France par les divisions modernes d’infanterie mécanisée et de blindés allemands aidés par l’aviation d’assaut ne peuvent que résister héroïquement tout comme celles de Métropole et ne peuvent se replier que les 62e, 85e, 87e, 287e RAA après avoir subies de lourdes pertes. Le 64e RAA gagne une citation lors des combats de Gembloux en Belgique, le 12e RAA est décimé avec les 64e, 264e, 66e, 266e RAA matériel perdu ou détruit et le personnel fait prisonnier.

6 Automoteurs HM7 de 105m/m de la 3e Bie du 68e RAA

Les unités rescapées de l’offensive de juin 1940 sont rapatriées en Afrique du Nord où elles sont reconstituées sur le même modèle qu’avant le début du conflit. Avec les régiments d’origine de série des 6.0 RAA, deux nouvelles unités sont crées, les 6.3e au Maroc et le 6.8e en Algérie. Suite à l’occupation de la Zone libre par les allemands à compter du 11 novembre 1942, ces unités vont être engagées en Tunisie avec un armement obsolète face à des adversaires aguerris de l’Afrika Corps du général Erwin Rommel. Alliées aux Forces Françaises Libres, elles remporteront néanmoins des succès inespérés avec l’énergie nécessaire afin de contrer les opérations offensives du général Von Arnim vers le Constantinois où se distingue le 65e. Succès du 64e au Djebel Mansour, au Djebel Zaghouan du 68e qui ouvrent la route de Tunis aux Divisions du Maroc et d’Oran.

L’Artillerie d’Afrique est complètement réorganisée à la fin de la campagne de Tunisie en vue des futures opérations prévues en Europe. Le matériel est fourni par les Etats-Unis, le 68e perçoit comme dotation des obusiers de 105m/m HM7 automoteurs montés sur châssis de char Sherman composant l’artillerie de division blindée de type américain « Combat Command » à commandement autonome infanterie/artillerie. Le 69e est formé au Maroc et équipé d’artillerie légère de montagne portée sur mulets. Avec le 63e, cette unité se distinguera dans les Abruzzes italiennes au sein de la Division d’Infanterie Algérienne, au Garigliano, au Monte Cassino et à la prise de la ville de Rome où elles entrent le 6 juin 1944. Pendant ce temps, le XIè groupe du 64e et le Ier groupe du 66e libèrent Paris avec la 2e Division Blindée du général Leclerc Philippe de Hauteclocque.

C’est en Provence que débarque à compter du 15 août 1944 les 260.000 hommes de l’Armée d’Afrique. Les automoteurs du 68e RAA sont les premiers à se lancer avec la 1ère Division Blindée du général Touzet du Vivier à partir des plages de La Nartelle vers Marseille libéré le 28 suivi des 65e et 67e RAA qui participent aux durs combats de Toulon et du Mont Faron. Puis la Provence libérée, les divisions s’engagent dans la vallée du Rhône où s’illustrent dans les Vosges le 67e, le 63e devant Belfort sous les tempêtes des neiges d’hiver et enfin le 68e RAA qui le 19 novembre ouvre la porte de l’Alsace par le Sud en libérant Mulhouse et Colmar.

Les divisions débarquées en Normandie et les divisions débarquées en Provence se rejoignent entre Rouffach et Hattstatt près de Colmar. La boucle est bouclée.

Le 19 novembre 1944, le II/68e Régiment d’Artillerie d’Afrique du Combat Command 3, en batterie dans la forêt de la Hardt expédie le premier obus français depuis 1940 par-dessus le Rhin sur l’Allemagne au Pont de Chalampé sur le village de Kirchen vers Mulheim. Les automoteurs du 62e terminent l’encerclement des troupes allemandes après les combats d’Altkirch et de Dannemarie, Le 64e participe à la libération de Strasbourg, le serment de Leclerc à Koufra est accompli.

Traversant le Rhin, le 62e participe à la prise de Stuttgart et le 64e détruit le 18e Corps Schutstaffen SS réfugié en Forêt Noire vers Villingen aux bords du lac de Constance. La capitulation de l’Allemagne stoppe le 68e au bord du Danube où il trempe ses fanions pour commémorer la Victoire.


La Guerre en Indochine Française

Pourquoi ce titre « La Guerre en Indochine Française » ? Parce que d’une part, l’Indochine est une péninsule de l’Asie située entre l’Inde et la Chine, limitée au Sud par le Golfe du Bengale, le Détroit de Malacca et la Mer de Chine Méridionale qui comprend la Birmanie, la Thaïlande, la partie continentale de la Malaisie, le Cambodge, le Laos et le Viêt-Nam et que d’autre part, l’Indochine Française qui nous intéresse concernait les possessions françaises, la colonie Cochinchinoise et les protectorats d’Annam, du Tonkin puis du Laos avant l’indépendance du Viêt-Nam. De 1946 à 1975, il y eut deux guerres distinctes, la première par l’éviction de la France après la défaite de Dien Bien Phu aboutissant aux accords d’Evian et à la séparation du Viêt-Nam en deux Etats, et la seconde où s’affrontèrent les vietnamiens du Nord soutenus par l’URSS et la Chine opposés aux vietnamiens du Sud et aux américains qui après un cessez le feu se retirèrent préludant à l’unification des deux Etats Vietnamiens en la République Populaire du Viêt-Nam.

Les Unités d'Artillerie de l’Armée d’Afrique ne participèrent que partiellement au conflit franco-vietnamien. Ce sont les Troupes Coloniales, qui étaient sur place aidées de renforts Métropolitains, la Marine Nationale et l’Aviation, en particulier, l’Aéronavale qui effectuèrent la plupart des opérations avec des unités spéciales, les Groupements de Commandos Mixtes Aéroportés (GCMA) et des unités de parachutistes.

Néanmoins, l’Arme Artillerie va devoir faire preuve d’adaptation dans cette nouvelle forme de « Guerre Révolutionnaire ». Des groupes de marche issus de Métropole et d’Afrique embarqueront pour l’Extrême Orient. Au 1er mai 1949, celui du 64e est constitué. Il opérera de 1949 à 1954 au Tonkin. D’autres groupes de marche seront envoyés et l’on verra s’organiser le IIe groupe du 69e RAA qui par la suite sera rapatrié sur le Maroc. Ces unités participeront à toutes les grandes opérations, au Nord Tonkin, en région d’Haïphong, à Nam Dinh, à Phu Lang Thuong, sur la rivière Day, la rivière Noire, à l’évacuation de Hoa Dinh, à Chan Mong, sur la route coloniale n°2, à Na San, Phu Ly, Vin Yen, et Son Tay. Les relèves d’unités ne s’effectueront pas par manque de crédit et le personnel militaire de carrière devra être muté par rotation individuelle, jusqu’à deux, trois séjours, venant des unités de Métropole et d’Afrique.

Une anecdote citée par le général Henri de Brancion dans son ouvrage « Retour en Indochine du Sud - Artilleurs des Rizières » fait part du désir profond partagé par les artilleurs pour obtenir une affectation plus conforme à leurs compétences et qui prend un jour une forme assez cocasse : « … le journal Caravelle, publié à Saïgon par les services de presse du généchef ayant une rubrique de petites annonces, ses lecteurs pouvaient lire en 1951 : Echangerai compagnie de marche, état neuf, contre batterie d’artillerie, calibre indifférent. Faire offre à capitaine Trottereau, SP 73395 ». Si l’occasion était rare, ces artilleurs veufs de Sainte Barbe étaient pourtant appelés à tirer le canon de temps à autres lorsque le commandement se souvenait d’eux. (Le chef d’escadron Henri de Brancion a été le Commandant en second de mon régiment en Algérie, le 25e RA, et le capitaine Trottereau a été fin 1958 mon commandant d’unité, officier de renseignement du quartier et nous appartenions à un groupe d’artillerie… à pieds. Comme en Indochine. Mais nous avions cette fois-ci en plus quelques obusiers de 105m/m HM2 et 155m/m BF50 américains ! G.Coat)