LEGION ETRANGERE CAMPAGNES TONKIN 1948

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962

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PHU-TONG-HOA

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Situé, à une centaine de kilomètres au sud de Cao bang, un petit village au pied d'un monticule, en surplomb, un poste d'avant garde français, construit sommairement avec les moyens du terrain, madriers et terre battue.A chaque angle, un bastion, tout autour en protection, un champ soigneusement miné, des barbelés et des bambous finement aiguisés.Avec un tel bouclier, l'ennemi n'est pas prêt de passer! Et pourtant si! Rien n'arrête une armée de Viets dont le seul et unique but reste la victoire! Au risque d'y perdre la vie,ces combattants ont la hargne, ils ont aussi la foi, celle que leur a inculqué, l'oncle HO, à force de boniments, de tracts, et autres médiatisations.

Les occupants, la 2e Compagnie du 3e Etranger,soit au total 104 hommes et sous officiers, 3 Officiers, le Capitaine Cardinal, le Lieutenant Charlotton et le Sous-Lieutenant Bevalot. Le Sergent Guillemaud, est responsable du magasin,des vivres et des munitions...

Les légionnaires occupant la garnison, ne mettent pas en doute la supériorité en nombre de l'armée vietminh; en effet, les premiers jours de juin, la découverte de 700 tranchées,et de trous en damier avaient été creusé en une nuit, un calcul très rapide suffît alors pour s'apercevoir,que ce travail laborieux, était celui d'un minimum de 3000 hommes.

Le Capitaine Cardinal, sentant une attaque imminente, va alors faire envoyer un message radio à Cao Bang et Bac-Kan,demandant des renforts et des munitions, et surtout des grenades. A la grande surprise du Capitaine et du Lieutenant Charlotton, les réponses ne sont que ricanement.

Bien sûr, on ne croit pas un seul mot de l'attaque des viets, ils n'oseront jamais attaquer la garnison de peur de sauter sur les mines ou de se faire étriper dans les barbelés,ou les bambous hérissés et acérés, tels des lames, sortant de terre, sans compter que le service d'accueil les recevrait comme il se doit.

Non! Pour les autres postes, cela ne peut être qu'un canular! une farce de plus, dont les légionnaires ont le secret. Puisque personne ne le croit, il ment et dit que sa réserve de grenades est épuisée. Cette fois, vu l'insistance du Capitaine, il est cru mais cependant,une enquête devra être ouverte. A ce sujet, un soupçon se porte sur les façons, peu orthodoxes de pratiquer la pêche.

Les derniers jours de juin, les Tonkinois ne tiennent plus en place, les allers et venues n'en finissent pas,on entre, on sort, et ce manège incessant des Tonkinois en quête d'isolement, est courant depuis quelques mois. Tout cela met la puce à l'oreille des légionnaires, qui ne sont pas dupes,les taupes de tout temps ont toujours existées, pourquoi pas ici à Phu-Tong-Hoa ? C'est pour bientôt pensent-ils.

Se méfiant des Tonkinois, le Lieutenant Charlotton va dès lors, imaginer un plan qu'il fera exécuter sur le champ. Rencontrant son armurier, le Sergent Guillemaud, il lui demandera de lui fournir 4 bons hommes de confiance,pour un travail de nuit. Des hommes de confiance, la Légion n'a que cela, et la réponse du Sergent qui lui offrira toute la compagnie, ce qui va de soi pour un légionnaire.

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Le plan est astucieux, déménager la soute à munitions, qui se trouve trop près du mur d'enceinte et la reloger dans la cave des réfectoires.

Personne de la garnison, à part les interessés, ne doit savoir où se trouveront les munitions. Les adjoints du Sergent, Bishoff, Juhasz, les Caporaux Polain et Hueghel, et Guillemaud lui même, se mettent au travail dans le plus grand silence. 18 juillet, une section est annoncée en renfort, la colonne a traversé les 19 kilomètres séparant Bac-Kan de Phu-Tong-Hoa, sans aucun problème de la part des bélligérants. Aucun vétéran des guerres, juste 8 bleus, débarquant de Sidi-bel-Abbès, sous le commandement d'un jeune Sous-Lieutenant, âgé de 23 ans et sortant de Coetquidan. Le Sous-Lieutenant Bévalot, toujours souriant, gai et enthousiaste, est accueilli avec autant de sympathie qu'il en dégage, par ses nouveaux supérieurs. L'inexpérience n'est plus un problème lorsque l'on a faculté d'assimiler, le Sous-Lieutenant Bévalot est adopté. Dimanche 25 juillet, alors que Guillemaud, Polain, et le Sergent-Chef Delamare, sont en pleine discussion, au réfectoire, où ils se restaurent, après s'être changés, trempés comme des souches, il est vrai que la pluie dans cette région, s'en donne à cœur joie quand elle déferle.

Nos légionnaires décident de se bourrer une bonne pipe et se retrouvent dans l'ex- magasin d'armes... De quoi parlent les légionnaires quand ils sont à des milliers de kilomètres de leur pied à terre, "ah les femmes, les virées, les putes de la rue de l'Aqueduc à Oran"...etc...Tout un bréviaire. Il est 19h30, les trois légionnaires entendent un sifflement caractérisque d'un envoi d'obus, ils se plaquent à terre, mains collées à la nuque... L'obus crêve d'abord le toit qui laisse apparaître un gros trou bêant, et dans la foulée, s'en va loger dans le magasin, là ou quelques jours auparavant, les munitions étaient rangées. La charge explose, recouvrant les hommes à terre, de gravats. Personne n'est touché, tous se relèvent et se dirigent en toute hâte vers la sortie. Les légionnaires, se jettent à terre sous les bombardements incessants, des mortiers et des canons de 75.

Rampant dans la boue, évitant les impacts des tirs en rafale des armes automatiques de l'ennemi. Ils ont maintenant une mission de la plus grande importance, avertir leurs camarades de l'endroit de la soute à munitions.

15 mètres pour cela les sépare et il leur faut, coûte que coûte, passer au travers jusqu'aux blockhaus, où se défendent les copains. Le Capitaine doit lancer un message radio. Il est 19h25, quand il court vers le central, lorsqu'un obus, vient s'éclater à quelques mètres de lui, les 3 hommes qui l'accompagnaient sont tués sur le coup. Des éclats atteignent à la fois les hanches et une jambe du Capitaine Cardinal qui s'écroule, mais tente, malgré tout, de se hisser et se traîner vers le central radio. Arrivé dans la chambre, il interpelle Jungermann qui, avec le légionnaire Shern, tentaient un contact radio avec Bac-Kan, lui demandant d'aller chercher les Lieutenants Charlotton et Bévalot, afin de leur transmettre ses ordres. Charlotton pénétrant dans la pièce, à la vue de son Capitaine affalé, et baignant dans son sang, lui conseille de se faire un plasma à l'infirmerie, Bévalot arrive dans la chambre, Cardinal envoie promener sur un ton légionnaire, le Lieutenant Charlotton ne se souciant plus de son état de santé, ne désirant qu'une seule chose, suivre les opérations. Shern , enlève son casque et rend compte que la demande de renfort est refusée, et que, tous les postes Bac-Kan et Cao-Bang, subissent également les assauts des Viets. Polain arrive au réfectoire, prévient Guillemaud que tous les légionnaires sont au courant du nouvel emplacement de la soute à munitions et qu'il peux préparer "les citrons". Guillemaud le questionnant sur le moral, Polain répondit: "Tout va merveilleusement bien, si tu veux mon avis, les Viets ne sont pas plus de 4 ou 5000. 3 ou 4 bataillons dont 1 ou 2 d'artillerie lourde. Le Capitaine est mourant et il pleut! A part ça, le moral est bon." Les deux légionnaires se connaissent et font depuis 10 ans le même bout de chemin, ce qui laisse indifférent le sergent Guillemaud, habitué des boutades de son compagnon d'armes. Cela dit, les deux camarades s'allument une "Mic". Polain après avoir tiré une longue bouffée, demande une caisse de grenades et lance à son ami, qu'il s'en va faire un tour. Armé de sa caisse de "citrons" sous le bras gauche, se préoccupant, plus, de ne pas mouiller sa cigarette, il s'avance lentement d'un pas décidé, alors que, autour de lui, dans une grêle d'obus,les hommes tombent, tués ou blessés. Il est 20 h 15 depuis déjà trois quarts d'heure, que l'artillerie canarde, quand, soudain, c'est le silence, un silence qui ne pressent rien de bon, et qui laisse présager un second assaut. Pendant ce temps le géant belge, continue sa promenade, délesté de quelques "citrons" qu'il a envoyés en purée sur l'ennemi. Il arrive aux abords du magasin d'armes, lorqu'il perçoit un bruit insolite, connaissant les lieux à fond, même dans l'obscurité, il se fraye un chemin jusqu'au mur face à la porte d'entrée... là, précisément où 4 couchettes superposées sont fixées. Grimpant sur l'échelle de bois, il atteint la 4eme couchette, à cet endroit, les légionnaires ont posé une bouche d'aération pour le boyau extérieur qui, long d'une vingtaine de mètres, constitue un couloir de 1m 20 de large. Polain se rend compte que les vitres ont éclatées, faisant place, à un large trou dans la paroi, il s'en approche, glisse un œil... et, pendant un court instant, reste pétrifié, telle une statue... il apercoit, grouillant, dans un silence imperceptible, les Viets se faufilant le long du couloir, boyau construit par la Légion. Il jubile à la pensée de l'idée, qui, en une fraction de seconde, lui traverse l'esprit. Retournant vers Guillemaud, il reprend une caisse de grenades en disant qu'il est sur un coup, puis il empoigne son ceinturon, le serre d'un cran, et enfouit dans sa vareuse, des grenades à la bourrer, puis, d'un ton humoristique comme il en a l'habitude, il invite son compagnon à le suivre pour en "croquer". Guillemaud, armé de la caisse de grenades, ne comprend pas encore, mais, suit sans hésitation son ami. Arrivés sur les lieux, Polain demande à Guillemaud de s'installer sur la 3ème

couchette, tandis que lui, installé sur la couchette supérieure se fera passer les grenades...Cette fois, le Sergent a compris, il sait que les Viets sont dans le boyau, et que tous deux, vont pouvoir se faire une "putain de partie de plaisir". "Quelle boucherie" lance Guillemaud, "quelle rigolade!" rétorque Polain. Voyant la masse vietminh, amplifier, Polain choisit le gros morceau et balance sa grenade. Les Viets sont surpris de la détonation, hurlent,

se débattent dans un fouillis indescriptible, et finissent eclatés, contre les parois du mur d'enceinte et du réfectoire. Au milieu des détonations suivantes, les cris des Viets gesticulants, et le rire tonitruant de Polain qui poursuit le lancer de "citrons". Lorque, de sa vareuse, il ne sort plus aucune grenade, il se tourne vivement vers Guillemaud lui en redemandant, et cette fois, de lui dire: " Dégoupille les, ça ira plus vite. Le jeu devient périlleux mais les deux légionnaires se connaissant parfaitement, aucun problème quand à la confiance à donner à l'un ou à l'autre, les grenades filent de main en main, certaines encore, habillées de l'anneau de goupille, d'autres dégoupillées, un vrai numéro de jonglage où cette fois les artistes sont des légionnaires. Les index ensanglantés des deux hommes ne les incommodant en rien...De nouveau le silence, dans le boyau, cette fois le grand silence...Polain passant la tête par la lucarne, pour s'assurer qu'il ne reste âme qui vive...Rassurés, Guillemaud et lui peuvent quitter leur position. "Leur idée n'était pas con, ils auraient pu nous faire marron". Satisfaits , Polain et son compagnon de "jeu" sautent à terre. Ils rejoignent dans la cour leurs camarades, dans l'espoir de se servir d'une mitrailleuse; habituellement tenue, par trois légionnaires, mitrailleuse qui aurait été abandonnée, par un légionnaire blessé ou tué, mais les blessés découverts, certains très grièvement, ont tenu à conserver leur poste, leur arme ainsi, ralentissant l'avancée des Viets. Du côté des Lieutenants, ces derniers remplacent à plusieurs reprises, tireurs et chargeurs blessés, en dépit de leurs protestations. Il ne faut qu'une dizaine de minutes pour que tous les hommes valides prennent position aux postes des blessés, seulement beaucoup manque d'expérience. Un tireur à la mitrailleuse et son chargeur, c'est un duo professionnel, inséparable, et chaque homme, de se connaître parfaitement, tout comme se connaissent Guillemaud et Polain. 21 heures, les centaines trompes viets retentissent dans une jérémiade lugubre, les légionnaires, vétérans sont exacerbés par cette fanfare de mort, et savent, que vont surgir des montagnes environnantes, instantanément, une cohorte d'exaltés, sanguinaires, prêts à tuer, éventrer...Au milieu de la nuit, l'effectif restant, des légionnaires valides sera de 50, 21 auront trouvé la mort et 34 seront blessés. Le Capitaine Cardinal, dont l'état devient de plus en plus critique, n'en a plus pour longtemps, il a perdu tout son sang et dans un dernier sursaut, se tournant du regard vers ses subalternes: "Du courage, les enfants! Au corps à corps, ils ne valent pas un clou! " 4 heures du matin, le Capitaine Cardinal s'éteint. Le Capitaine mort, le Lieutenant Charlotton, prend le commandement, cependant, il tombera douze minutes après, foudroyé, alors que les premières vagues vietminh escaladent les murs d'enceinte. Le Lieutenant Charlotton décèdera à 1 heure du matin. Le blockhaus ouest est anéanti, les viets s'emparant du FM de défense, le pointe en direction du poste, un des rebelles vocifère dans un français moyen: "Rendez-vous , vous êtes perdus! Rendez-vous ou nous vous tuons tous!" Aussitôt, la réponse est brêve, et fulgurante, elle vient du blockhaus sud. La mitrailleuse abat de plein fouet d'une rafale, le Viet trop sur de lui , qui avait, comme ses chefs, sous-estimé la vaillance des légionnaires au combat. Le tir avait été commandé par le Caporal-Chef Martin, secrétaire du Capitaine Cardinal, à ses côtes, ses seconds, Piperno, le petit cuisinier sicilien et son fidèle ami, le gitan Chauvé. Geste de bravoure, qui irrita les Viets, et leurs vagues sont lancées successsivement occupant tour à tour des positions à l'intérieur du poste. Grenades, coups de crosse, armes blanches, les légionnaires déploient toutes leurs forces pour les en déloger, ce qu'ils parviennent à faire. Le légionnaire Polain est assailli par une bande d'enragés, acculé contre un mur, les Viets veulent le prendre vivant, il va se défendre, armé de deux poignards commandos, tuant quatre Viets, pourtant il sera transpercé par une baïonnette. Le géant tombe à terre, le sang giclant et ruisselant, les viets vont alors se ruer sur ce corps et le perforer de centaine de coups de poignards et de coupe-coupe...Dans son paquet de Mic il restait dix huit cigarettes. Le Sergent Guillemaud n'ayant plus aucune grenade, va distribuer des grenades fumigènes innofensives, l'ennemi pensant avoir à faire à des gaz asphyxiant

a un moment de recul, ce qui, malgré les yeux larmoyants, la gorge attaquée, toussant, crachant, laissera toute action de reprises des positions aux légionnaires, les hommes valides, survivants vont se battre comme des fauves furieux et reprenant les mitrailleuses, tireront au jugé, ls yeux injectés de larmes. C'est alors que les Dieux du ciel vont réagir...

le ciel se déchire, la lune apparaît, et les légionnaires apercoivent devant eux leurs ennemis. C'est maintenant qu'ils vont en découdre, l'obscurité n'est plus, et les légionnaires se mettent à canarder à tout va, utilisant à la fois mitrailleuses et mortiers,le carnage commence. 3000 Viets se replient devant l'ardeur, le courage, la tenacité, la force et le refus de succomber de 34 légionnaires. Il est 23 heures quand les trompes mugissent de nouveau, mais cette fois il n'y aura pas d'assaut, elles sonnent la retraite, le repli, l'abandon. Les légionnaires sâchant le vietminh rusé, ne relâcheront jamais la surveillance, restant toute la nuit sur le qui-vive. Dans l'infirmerie, les blessés à même le sol, baignent dans leur sang; dans le sang versé de leurs frères d'arme, plaintes, cris de douleurs emplissent la salle. Le Sergent Guillemaud s'approchant de Chauvé le gitan, imprégné de sang, se vidant littéralement, une rafale de mitraillette en pleine poitrine et des éclats de grenades dans le ventre, implore son Sergent: "Finis-moi, Sergent, je t'en prie, finis-moi!" Guillemaud n'en aura pas le courage. PHU.jpg

De même que l'a fait Paul Bonnecarrere, auteur de "Par le sang versé", je laisserai la parole et la véritable écriture, avec ses propres mots au Sergent Guillemaud: "....Une fois le contact pris avec les survivants, regroupés au sud avec le Lieutenant Bévalot, il convient de remettre un peu d'ordre dans l'incroyable confusion qui règne encore à l'intérieur du poste. C'est vite fait. Avec les Sergents Galli, Fissler et Andry (1), nous répartissons les légionnaires valides en quatre groupes, et reprenons possession des positions évacuées, nous assurant qu'aucun viet vivant, ne s'est maintenu dans le poste. Il fait de moins en moins sombre. Ou tout au moins, l'obscurité de la nuit, se lève, au fur et à mesure, que la lune apparaît derrière la montagne et les collines. Je me dirige vers la muraille nord dans l'intention de poster quelques légionnaires aux créneaux. Mais tout d'abord, il faut enlever les cadavres viets laissés sur place par l'assaillant. En relevant les corps de nos adversaires, je m'aperçois qu'outre les armes automatiques, les viets étaient munis de tiges de bambous, longues de deux mètres cinquante environ, terminées, soit par des fers de lances crantés, soit par des sortes de serpes courbes, le tout soigneusement affûté. Sous un des corps, je trouve un fusil mitrailleur de fabrication étrangère; les fusils récupérés sont de très grande taille, et les baïonnettes qui les somment sont soigneusement liées par des fils de fer. De nombreuses grenades non éclatées, jonchent le sol et c'est très dangereux. Le matin, au jour, nous constaterons que les fusils sont russes, les fusils mitrailleurs tchèques, et les grenades, de fabrication locale. "Il me vient à l'idée d'aller voir dans l'emplacement du mortier de 60 qui jouxte le magasin d'armes et ma chambre à l'est. A ce moment, je suis rejoint par le chef de pièce. Nous poussons une exclamation de surprise au premier regard. Littéralement entortillé autour du mortier, un cadavre viet fait corps avec le tube, retenu par la bretelle de portage, une grenade lui a explosé sous le nez, juste au moment où il tentait d'emporter la pièce. Dans le "blockhaus 3", une dizaine de cadavres viets encombrent la partie inférieure, nous les dégageons, et constatons avec surprise, qu'ils recouvrent les corps des légionnaires Baran et Speck. Baran sert encore dans sa main droite, le bloc percuteur de son F.M, qui lui a été enlevé par les viets, mais par son dernier geste, il a rendu l'arme inutilisable. " Pour permettre à quelques-uns d'entre nous de prendre un peu de repos, un tour de garde est organisé, mon tour passé , je peux aller m'étendre deux ou trois heures. Je suis trop exténué pour me préoccuper des gravats et des débris de tuiles qui m'entourent. Je suis réveille par un légionnaire envoyé par le sous-lieutenant Bévalot. Il fait beau, le soleil s'est levé, il est déjà chaud, mais le spectacle qui s'offre à moi est épouvantable. Les corps de nos vingt et un morts, étendus et rangés sous ce qui reste du réfectoire. Le capitaine Cardinal, le lieutenant Charlotton, les caporaux-chefs Polain et Huegin, les légionnaires Walther, Manault, Piperno le Sicilien, Baran, Speck, Chauvé le Gitan, Herguessen, et bien d'autres, que je connais peu ou mal parce qu'arrivés avec les derniers renforts de Bel Abbès, il ya à peine huit jours... Il importe de procéder au plus vite à l'inhumation des corps en raison de la chaleur de plus en plus intense et aussi parce que des nuages entiers de grosses mouches voraces s'abattent sur eux. "A 8h 45 du matin, le contact radio en phonie est rétabli avec Bac-Kan. C'est le Commandant Sourlier qui a pris lui même le micro pour converser avec le radio. Il s'est mis à lui poser des questions pour le moins saugrenues, de prime abord. il est évident qu'il n'était pas sur que Phu-Tong-Hoa n'était pas occupé par les viets en raison de notre dernier message. Les réponses faites aux questions posées par le commandant, lui ont permis de se convaincre qu'effectivement, Jungermann, le radio, était libre de ses réponses et que contre toute vraisemblance, le poste était encore aux mains de la 2e Compagnie. " Ensuite, avec mon magasinier Bischoff, nous nous affairons à récupérer les armes et les munitions qui traînent un peu partout. Nous récupérons aussi des documents et notamment des plans du poste.,En général ces derniers sont fort bien faits, extrêment fidèles; les viets étaient parfaitement renseignés sauf sur un point: tous les documents indiquent l'ancien emplacement de la soute à munitions. Sur l'un des corps viets, dont l'uniforme porte des insignes de gradé, nous trouvons un drapeau rouge timbré à l'étoile jaune à cinq branches. manisfestement destiné à remplacer le notre. Mais celui-ci est resté hissé sur son mât toute la nuit.

" Pendant ce temps, depuis le silence de Phu-Tong-Hoa à 21 heures, le 25 juillet, Cao-Bang est persuadé que le poste est tombé. Le Lieutenant-Colonel Simon , commandant de zone, donne des ordres afin de préparer un détachement de secours. Ce détachement, composé d'un peloton du 5e escadron du régiment d'Infanterie coloniale, de la 3e compagnie du 23e bataillon de Tirailleurs algériens, d'un détachement du Génie et, en protection, bien entendu, une compagnie du 3e Etranger. La colonne Simon partie à l'aube mettra trois jours pour atteindre Phu-Tong-Hoa, elle sera attaquée par 4 fois, laissera des pertes mais parviendra quand même au but . Je relaisse la parole au Sergent Guillemaud...

" Lorsque vers 19 heures, les premiers éléments de la colonne tant attendue sont signalés au détour de la route de Diang, un soupir de soulagement monte du poste et un formidable hourrah retentit. Juché sur le "blockhaus 3", jumelles en main, je scrute la route illuminée par le soleil couchant. Une jeep apparaît, se détachant de la colonne. Quatre hommes sont à bord, et il me semble reconnaître la silhouette du colonel; c'est bien lui, accompagné de son chef d'état major, le Capitaine Soulier, et d'un sous-officier de la section de protection ..." Dans le silence le plus complet, le Colonel Simon termine à pied la montée vers le poste. Les commandements réglementaires retentissent. Le cliquetis des armes ponctuent le maniement impeccable. La tradition est respectée; gradés et légionnaires se présentent. " A part le décor on se croirait au Quartier Vienot de bel-Abbès" Phu-Tong-Hoa était resté légionnaire. Fidèlement.

"Je tiens ici, à remercier particulièrement, dans cette page, destinée aux combattants de Phu-Tong-Hoa la source par les réels écrits de Monsieur Paul Bonnecarrere, auteur de "Par le sang versé" et la source d'un vécu du Sergent du 2/3R.E.I, Guillemaud.