Maquette - Enseignement

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
Révision datée du 2 juillet 2005 à 22:29 par Touristes (discussion | contributions) (Bref historique des Lycées Carnot et Pierre Mendès-France de Tunis)

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Cet espace est destiné à servir de "bac à sable" ou d'espace de maquette pour le THEME Enseignement



Il serait bien qu'il y ait une première tentative de plan. Car les sujets et les approches sont si variées que l'on ne s'y retrouvera pas si ce n'est pas quand même un peu structuré !!



Suggestions de chapitres pour la Tunisie (voir éventuellement pour le Maroc et l'Algérie) :

I. L'enseignement avant 1881 :

     - état
     - écoles

II. 1881 - 1956 :

     - 1881 : date charnière en France et en Tunisie
     - développement de l'enseignement primaire
     - création et développement de l'enseignement secondaire
     - historique des lycées de Tunis
                             Petite histoire du Lycée Carnot de Tunis

L’enseignement secondaire en Tunisie fut créé en 1845 par l’abbé Bourgade, chapelain de Saint-Louis de Carthage. Il fut le fondateur du premier collège français ; les professeurs y étaient essentiellement laïcs. De cette époque, on peut retenir les noms de LAGIER, professeur de mathématiques, et de Ferdinand VAN-GAVER, qui fut plus tard un des grands médecins de la ville de Marseille. Mais en 1858 au départ de l’abbé Bourgade, le collège ferma ses portes. Aux origines En 1875, profitant de la venue des Pères Blancs à Tunis, le Cardinal Lavigerie réorganisa le collège : il fit élever, autour de la chapelle Saint-Louis, de grands bâtiments (salles actuelles du musée) dans lesquels il installa le collège Saint-Louis de Carthage, du nom du collège de l’abbé. En 1881, il contenait plus de cinquante élèves pensionnaires . Au lendemain du protectorat, il fut transféré à Tunis où il prit le nom de collège Saint-Charles : le Cardinal avait acheté des terrains en bordure de l’Avenue de Paris, quartier encore désert et si peu engageant que le nouveau collège, construit d’après les plans de l’architecte Etienne Marius ARNOUX, tourna le dos à l’avenue, et ce plan perdura malgré les agrandissements successifs. En 1886, sur la demande du Cardinal, l’enseignement fut confié à des professeurs laïcs agrégés, licenciés ou bacheliers, mais la direction resta aux Pères Blancs. En 1889, le Cardinal Lavigerie céda à l’Etat Tunisien le collège Saint Charles, avec cependant une réserve : l’obligation de conserver la chapelle et un aumônier. Le 2 novembre 1889, le collège était érigé en lycée sous le nom de « Lycée Sadiki », car M. Massicault avait décidé qu'un certain nombre d'élèves du collège Sadiki seraient transférés dans le nouveau lycée. Il conserva ce nom jusqu'à sa réorganisation par le décret du 29 septembre 1893. Il fut décidé à Paris, en Conseil des Ministres, que le lycée de Tunis prendrait le nom de Lycée Carnot, non seulement en honneur du Président de la République, Sadi Carnot, mais aussi pour éviter toute confusion avec le collège Sadiki. Pendant la guerre 1939-1945 Devant un effectif scolaire de plus en plus important, il fallut effectuer de nombreux agrandissements. En 1939, la façade de l’avenue Roustan était achevée, « fournissant au Lycée une façade digne de lui » lit-on dans Le Cinquantenaire du Lycée Carnot. Il comptait alors 2680 élèves, une centaine de professeurs et une trentaine de surveillants et secrétaires.Le Lycée Carnot était alors en tête des lycées de la Tunisie, « non seulement par le nombre mais aussi par la qualité de l’enseignement qui y était donné », comme indiqué dans Le Cinquantenaire du Lycée Carnot. Pendant le Conseil d’administration du Lycée Carnot du 25 Mai 1939, il est fait état de la construction de nouveaux bâtiments en bordure de l’avenue Roustan ainsi que de 20 nouvelles classes depuis Pâques 1939. Un appareil moderne de cinéma a également été installé dans la Grande Salle de conférence. Donc, à la veille de la guerre, le Lycée était agrandi et modernisé.

    En septembre 1939, la guerre éclate en Europe ; en Tunisie, au Lycée Carnot comme dans tous les établissements de la Régence, la rentrée scolaire se fait presque normalement : en effet il manque des enseignants qui ont été mobilisés . En outre, les effectifs ont encore augmenté, la moitié des classes comptent plus de 35 élèves.

En 1940 cependant, la situation évolue, les produits de consommation courante ont du mal à arriver de France, la pénurie de certains produits commence. Désormais on ne trouve plus de livres dans les librairies de Tunis.

Dans la classe de Math Elem, il y a quelques jeunes filles, c’ est nouveau ! En effet, les collèges et lycées de la Régence ne sont pas mixtes : le Lycée Carnot est réservé aux jeunes gens cependant que les jeunes filles fréquentent le Lycée Armand Fallières (aujourd’hui Lycée de la Rue de Russie). Mais la plupart des jeunes filles suivent alors des cours d’économie domestique (en particulier les musulmanes et les juives), d’autres encore étudient la couture, la broderie ou la dactylographie, notamment au collège Paul Cambon.

Dans les journaux, on parle de la guerre de plus en plus proche : Malte, enjeu stratégique, est de plus en plus bombardée ; les convois qui essayent de traverser la Méditerranée sont la cible des Alliés. En Tripolitaine, la débâche italienne s’accentue. En Tunisie, on se sent encore à l’abri, mais pour combien de temps ?

Malgré les nouvelles alarmantes, la vie continue au lycée , comme en témoigne la volonté manifestée par l’administration de décorer des salles d’étude. Sur une photo illustrant les décorations qu’il avait faites, Raymond MASSA commente ainsi :

« Décoration conçue et réalisée dans ma classe d'étude à l'époque du "Maréchal Pétain". Durant cette période, l'administration du lycée avait demandé que les bons dessinateurs (dont j'étais) ornementent les classes d'étude des internes. Elles furent ornées de sujet genre "travail, famille, patrie, francisque" et autres dévotions au pouvoir de l'époque. 

Étant plutôt gaulliste, j'ai préféré réaliser une décoration basée sur le sport. Cette décoration fut conservée intacte bien des années plus tard, photo-ci-dessus, toutes les autres salles décorées de sujets à connotation politique avaient été repeintes. »

D’autre part, la fête sportive du lycée a lieu en mai 1942, un compte-rendu élogieux est publié dans « La Dépêche tunisienne » du 2 mai 1942. A la même époque, l’équipe de basket-ball de Carnot se qualifie en demi-finale en battant l’équipe de Sfax 20 à 12, mais à son tour elle sera battue en finale.

    En septembre 1942, les préparatifs de la rentrée scolaire ont lieu normalement : le pays compte alors 103 482 élèves répartis dans 12 lycées ou collèges ; il existe plus de 500 autres écoles. Les écoles et  collèges  publient les modalités de la rentrée dans les quotidiens; dans un communiqué du 21 septembre dans « La Dépêche tunisienne »,  le Proviseur du Lycée Carnot informe parents et élèves  que les internes devront se présenter le mercredi 30 septembre au soir et les externes le jeudi 1er octobre à 8h.

La rentrée du Lycée Carnot se fait très officiellement, en présence de l’Amiral Estéva qui prononce un discours. L’événement est relaté dans la presse .

    Le 9 novembre, l’arrivée des troupes de l’Axe plonge le pays dans le désarroi, puis c’est l’horreur des alertes aériennes, des bombardements de nuit comme de jour, des destructions, des blessés et des morts.

Le lycée est fermé. De nombreux élèves et anciens élèves s’engagent, d’autres sont employés comme agents de la défense passive, certains sont reclus chez eux.

    Finalement, le 13 mai 1943, les forces de l’Axe capitulent en Tunisie. On assiste à des scènes de liesse dans Tunis libérée.
    En octobre 1943,  la situation scolaire dans la Régence est très difficile . Le Lycée Carnot reste fermé : en effet, les locaux sont occupés par les troupes américaines. Il en va de même pour la plupart des établissements scolaires de la Régence, qui sont soit réquisitionnés pour les besoins des Alliés, soit endommagés ou même complètement détruits si bien que seulement 88 225 élèves « font la rentrée ». En outre, se pose le problème du remplacement du personnel mobilisé.

L’administration de Carnot décide alors d’envoyer un certain nombre d’internes « au vert » vers Aïn-Draham où une installation de fortune donne asile aux internes : « La vie y est dure, mais maîtres et élèves rivalisent de courage et de bonne humeur ». Et comme il n’est toujours pas question de mixité, au moment des vacances de Noël 1943, un étrange ballet est organisé pour ramener les internes vers Tunis : des autobus sont prévus pour les garçons, d’autres sont réservés aux filles un jour plus tard. D’autre part, pour les externes de Carnot , deux centres sont créés à Tunis : le centre du Belvédère regroupe les élèves demeurant à trop grande distance des établissements fonctionnant à nouveau, le centre de Salammbô regroupe les banlieusards de la région Nord de Tunis. Les journaux s’inquiètent de la réquisition prolongée de certaines écoles, comme en témoigne un article publié dans « L’avenir social » .

Dans ce contexte, le Cinquantenaire du Lycée passe presque inaperçu . L’administration du Lycée édite un opuscule d’une quarantaine de pages qui retrace l’histoire du lycée, puis rend hommage au personnel qui a fait la grandeur du lycée. Ceux qui ont combattu au cours de la 1ère guerre mondiale ne sont pas oubliés. L’ensemble est agrémenté de quelques photos. Malgré sa modestie, un journal « L’écho de Tunis » relate l’événement, pour rappeler la place et l’ importance du Lycée Carnot dans l’enseignement secondaire en Tunisie . Dans la Régence, petit à petit, la vie reprend son cours : les écoles sont ouvertes à nouveau avec des aménagements d’horaires pour celles qui restent occupées en partie par les Alliés. On invite les élèves à reprendre les abonnements scolaires aux tramways. Le 7 février 1944, a lieu une session spéciale pour les candidats au baccalauréat de la classe 45 et pour les engagés de 1946 ; du 27 au 29 mars, autre session spéciale pour les mobilisés des classes 1939 à 1944 incluses. Fin mars 1944, le lycée Carnot est enfin remis à la disposition des autorités universitaires, des classes y sont installées et les cours commencent à reprendre. Malgré tout, les épreuves du baccalauréat sont fixées : du 19 au 21 juin 1944. A Tunis, elles se déroulent au lycée Carnot, dès fin juin les premiers résultats sont publiés, on peut alors penser aux vacances

    En septembre 1944, les retours de vacances s’achèvent, tous se préparent pour la rentrée scolaire . Les difficultés pour trouver des livres continuent comme titre « La Dépêche tunisienne » du 8 septembre :
  Pas ou très peu de livres neufs, à moins d’arrivages toujours possibles. Par contre, les fournitures sont largement assurées.

Pour pallier aux difficultés des familles pour l’hébergement de leurs enfants en internat, le 2 octobre ouvre la « Maison Saint-Louis, Fondation Maurice Cailloux », « pension de famille pour les jeunes Français domiciliés à l’intérieur du pays, qui désirent suivre les cours des Etablissements officiels comme le Lycée Carnot ». Leur sont assurés « le vivre, le couvert, une éducation française et chrétienne et une direction pour leurs études. » Lors de la rentrée, les internes doivent se présenter avec leur carte d’alimentation.

Le 1er novembre, dans tout le pays et à Tunis en particulier, ont lieu de nombreuses cérémonies à la mémoire des otages et civils massacrés, à l’appel de nombreuses organisations d’Anciens Combattants, de syndicats et de partis politiques. Pour sa part, l’Association des Anciens du Lycée Carnot organise une cérémonie « Aux morts glorieux du Lycée Carnot » devant le Monument aux Morts dans la cour d’honneur du lycée, en présence des hauts fonctionnaires du Gouvernement, des parents des Morts au Champ d’honneur de la guerre de 1914 et de la guerre encore en cours, des professeurs, des élèves et anciens élèves.

En cette fin d’année 1944, les Associations recommencent à se mobiliser : ainsi le 28 novembre, a lieu l’assemblée générale de l’Association des parents d’élèves des Lycées de Tunis –qui regroupent le Lycée Carnot et le Lycée de Jeunes Filles de Tunis - :

« Après avoir examiné la crise grave que subit l’enseignement public primaire et secondaire en Tunisie, par suite des difficultés de recrutement qui tiennent uniquement à des causes matérielles, (l’assemblée) attire de la manière la plus pressante l’attention des pouvoirs publics sur l’extrême urgence qu’il y a à prendre toutes les mesures appropriées pour enrayer la crise mortelle de recrutement dont souffre l’enseignement public en Tunisie ».

En outre, l’assemblée exprime sa préoccupation pour l’alimentation souvent insuffisante des enfants, à cause des restrictions. La Résidence a déjà pris certaines mesures en faveur des enfants : distribution de chaussures aux écoliers, de chocolat aux enfants de moins de 13 ans, de textiles aux enfants de moins de 18 ans sous réserve qu’ils produisent un certificat de scolarité ou un certificat d’âge.

Bien que les esprits restent marqués par la guerre, une certaine vie sociale renaît : M. Guy DURAND, vice-président de la municipalité de Carthage et professeur de philosophie au Lycée Carnot a l’honneur de recevoir de S.A. le Bey le Grand Cordon du Nichan Iftikhar, les cinémas et les théâtres annoncent leurs programmes ; cependant, en ces temps de rigueur et de tristesse, un décret du 12 janvier 1945 interdit les bals. Au lycée également, la vie culturelle reprend grâce à l’Alliance française qui organise une série de conférences et de concerts de musique classique .

Le Conseil d’administration ne s’est pas réuni durant la guerre ; il faut attendre mai 1947 pour que le lycée reprenne un fonctionnement normal à tous les niveaux.

D’après le procès verbal de la Séance du 21/05/1947 , le lycée a subi des pertes considérables du fait de son occupation par les troupes américaines Le procès verbal de la séance du 28/04/1948 nous apprend que, dès que la situation financière du lycée le permet, des modifications plus importantes sont faites : réfection de toutes les boiseries, réparation de deux salles de dessin, création d’un appartement supplémentaire pour administrateur , de chambres pour les surveillants et les répétiteurs, de dortoirs pour les surveillants, reconstruction du mobilier scolaire, réparation des bâtiments et reconstruction d’une citerne souterraine pour l’alimentation en eau des quatre dortoirs et enfin réfection de la salle de gymnastique.

La guerre endommagea gravement le Lycée Carnot, mais grâce à une volonté politique forte, le lycée put reprendre assez vite son bon fonctionnement.


      Discours prononcé par le Proviseur le 1er novembre 1947 
         Pères et Mères qui pleurez un enfant mort pour la France et la Tunisie, Monsieur le représentant de son Altesse le BEY, Monsieur le Ministre, Mon Général, Amiral, Monsieur le représentant du Secrétaire Général, Excellences, Mesdames Messieurs,
         Cette longue et émouvante liste lue devant vous par un ancien élève lui-même combattant, survivant de cette terrible épreuve, frère de ceux qui sont tombés, vous montre quel lourd tribut le Lycée Carnot a payé à la France et à la Tunisie pour assurer leur libération.
         Les morts de 39-45 prennent place aujourd’hui aux côtés des morts de 14-18, égaux dans le sacrifice, égaux dans l’héroïsme, égaux dans la gloire.
         En nous inclinant devant eux avec une indicible émotion, nous devons non seulement songer au passé, dans un élan de gratitude pour leur sacrifice, mais aussi nous tourner vers l’avenir. Car ils sont tombés pour défendre la France et pour créer la France de demain, pour permettre à leurs cadets de recueillir la tradition de libre culture et de haute civilisation que la France dispense à ses fils et amis, dans les milliers d’établissements semblables au Lycée Carnot, dispersés sur la terre Métropolitaine et les terres d’Outre-Mer.
         C’est à vous que je m’adresse, jeunes élèves qui venez d’entrer au Lycée, grands élèves qui êtes sur le point de le quitter. C’est pour vous que vos aînés sont morts. Vous vous devez de mériter leur sacrifice par votre travail, votre loyauté, l’amour de votre Patrie, la passion pour les causes nobles et pures. C’est à vous qu’il appartient de faire que leur sacrifice ne soit pas vain. C’est vous qui devez vous tourner vers les familles en deuil de vos grands camarades et les assurer respectueusement de votre volonté d’être digne de leur héroïsme.
          C’est donc en votre nom, au nom de ce Lycée qui a le terrible honneur d’être un des plus éprouvés de France dans la chair de ses enfants, que je m’incline devant la douleur de ces familles. Elles peuvent être sûres que ce Monument n’est pas une pierre froide et sans âme, mais un symbole respecté qui aidera tous les élèves présents et futurs du Lycée, à trouver le courage nécessaire pour entreprendre et persévérer dans l’effort qui doit nous mener vers des lendemains meilleurs.


  • date que nous avons établie au vu de la correspondance de l’époque


Bibliographie

- ACQUAVIVA J.-B. L’enseignement public en Tunisie au point de vue de la colonisation Tunis, Picard, 1899 - ALAIN Léon Colonisation, enseignement et éducation Paris, L’Harmattan, 1991 - ALAPETITE Gabriel

      La Tunisie de 1854 à 1932

- AYACHI Mokhtar Ecoles et société en Tunisie (1930-1958) In : Revue d’histoire maghrébine 05-1998 Vol 25 ; n°89-90 ; pp 183-195 - BEN MILED Ahmed 50 années de prépondérance française en Tunisie : l’enseignement (1881-1931)

      Paris, 1931

- BLANCARD Raphael La Tunisie au début du XX°

     Paris, 1904

- CHABBI Lahbib

      Notes et chiffres sur l’enseignement élémentaire en milieu traditionnel tunisien en   
      1875
      In : Cahiers des arts et traditions populaires ; 1984 ; n°8 ; pp 71-83 

- CHENOUFI Ali Note sur le Collège Sadiki : 1875-1975

     In : Cahiers de Tunisie ; t. 23 ; n°91-92 ; 1975 ; pp 371-394

- Collectif

            Histoire de l’enseignement et de l’éducation
            T. III : 1789-1930
                      Françoise MAYEUR
             T. IV : Depuis 1930
                       Antoine PROST

- Direction de l’Enseignement public, Régence de Tunis

      L’enseignement en Tunisie (1883-1930)
      Paris, 1935

- GUEZMIR Khaled Les élites tunisiennes et le protectorat français (1881-1914)

     In : Revue tunisienne de sciences sociales ; 1978 ; n°52 ; pp 67-94

- LAKHOUA Karim Une institution scolaire: le lycée Carnot de Tunis Université de Provence Aix-Marseille I Département d’études arabes et islamiques

     Aix-en-Provence, 1991

- Les établissements d’enseignement technique : le collège Paul Cambon In : Bulletin économique et social de la Tunisie 1951-05, n°52, pp 60-64 janvier 1951 :

     1.Gammarth ; 2.La scolarisation en Tunisie

- Les Relations tuniso-françaises au miroir des élites (XIX°, XX°) Université de la Manouba Colloque des 2-3 décembre 1994 - L’oeuvre scolaire de la France en Tunisie (1883-1930) Bourg, 1931 - LOTH Gaston La Tunisie et l’œuvre du protectorat français Paris, Delagrave, 1907 ; ch. Enseignement - MACHUEL Louis L’enseignement public dans la Régence de Tunis

     Paris, 1889

- MACHUEL Louis

     Monographie sur l’Enseignement public depuis l’établissement du Protectorat français 
     (1883-1906)   

- PAYE Lucien L’enseignement en Tunisie (1883-1952) In : La Documentation d’outre mer ; n°8 ; 1952 - PUPIER Jean Six mois de guerre à Tunis

           Tunis, La Rapide, 1943, 128 p

- SRAIEB Noureddine Collège Sadiki (thèse) : 1875-1956 - TSELIKAS Effy – HAYOUN Lina

            Les lycées français du soleil
            Paris,  Ed. Autrement, coll. Mémoires n°99, 2004

- VASSEUR Nadine (Témoignages recueillis par )

             La leçon de français
             Actes Sud / AEFE, 2005





     - le Collège Sadiki
     - l'Ecole coloniale d'agriculture
     - l'Université de la Zitouna
     - le Lycée de Carthage

III. Les écoles françaises depuis 1956

                                 Histoire du Lycée Pierre Mendès-France


    L’ “Annexe du Lycée Carnot à Mutuelle-ville” ouvre ses portes le 1er octobre 1956, dans une période cruciale pour l’histoire de la Tunisie, marquée par une indépendance à peine acquise et une monarchie beylicale en fin de parcours. Dans ce contexte, la création d’un collège français peut sembler paradoxale, voire anachronique au regard des événements.

En fait, il est créé pour deux raisons essentiellement :

    D’une part, la nouvelle Convention culturelle franco-tunisienne de 1954 organise la répartition des locaux entre les Ecoles du Gouvernement tunisien et la Mission Universitaire et Culturelle Française. L’enseignement technique est alors réparti entre 4 collèges. Seul le Collège technique de Bizerte revient à la France, ce qui ne va pas sans poser de sérieux problèmes: sa capacité d’accueil est de 240 places, il est excentré et n’a pas d’internat. 

En attendant la construction éventuel d’un nouvel établissement, les autorités proposent un transfert progressif des élèves du Collège Emile Loubet vers le nouveau Collège.

   D’autre part,le lycée Carnot devient de plus en plus important et a besoin d’une annexe. Tous les procès-verbaux du Conseil d’administration du lycée soulignent les difficultés engendrées par “son succès”. 

Après la guerre, une annexe est créée à Carthage, puis un lycée y est construit en 1953. Cependant, le problème des effectifs pléthoriques de Carnot perdure et on peut lire dans le compte-rendu de la séance du 9 décembre 1954 la conclusion suivante :”Il est urgent que les autorités futures, quelles qu’elles soient, prévoient la création d’un nouveau Lycée”.

Mais où ? comment ?

    Le choix se porte ainsi sur le quartier de Mutuelle-ville qui est alors un quartier neuf, où il y a beaucoup d’espace, où il reste des terrains à bâtir.

Jusqu’en 1900, Mutuelleville était une colline couverte d’olivettes. Puis, afin d’agrandir la ville “européenne”, on commença à construire dans ce quartier: les premiers lotissements et les premières constructions furent, avant 1914, l’oeuvre de mutualistes” (cf. Pierre SOUMILLE), à l’initiative de Ferdinand HUARD qui fut, “avec beaucoup de foi et de désintéressement, le père de la mutualité en Tunisie”; le reste était alors constitué de biens habous privés, La petite histoire nous révèle que, en 1914, un certain Jules Emile GARCIN achète une parcelle pour construire sa maisonnette. En 1929, M. MONTMAYEUR rachète le terrain avec la maisonnette qu’il rasera , projetant la construction de l’Hôtel particulier Montmayeur. C’est aujourd’hui la loge du lycée.


             Hôtel particulier Montmayeur

Plan de la façade rue de la Corse, aujourd’hui rue Pierre Mendès-France

 Dès 1945, un vaste plan de reconstruction et d’urbanisme, devenu indispensable à cause des destructions importantes de la guerre, est élaboré, notamment pour le quartier de Mutuelleville.

En 1953, la Société des Grands Travaux Franco-Tunisiens achète un ensemble de parcelles situées près de l’Hôtel particulier, sur lesquelles elle construit 2 grands groupes d’appartements qui resteront inachevés. En 1956, il est donc possible pour la MUCF de les racheter, puis de les aménager.

Enseignement

   Dans ce contexte de bouleversements, la rentrée se fait le 1er octobre 1956, pour des élèves de 6ème. Selon l’emploi du temps retrouvé, il y a 11 divisions: 3 divisions de 6° Classique, 2 divisions de 6° Moderne, 6 divisions de 6° Technique.

Les programmes sont les mêmes qu’en France. Parmi les langues enseignées, l’italien et l’arabe occupent une place de choix.

   Le Collège technique s’adresse aux élèves désireux de travailler rapidement ou aux élèves qui veulent entrer en apprentissage. 

Le Collège comporte les sections d’électro-mécanique, électricité, métaux en feuilles, ajustage, machines-outils, mécanique et menuiserie. L’enseignement se fait en 3 ans et débouche sur l’obtention d’un CAP; pour les meilleurs, il y a ensuite une année de spécialisation. Au lycée technique (industriel et commercial) existent alors les sections E, F, G1 et G2. L’année 1975 marque la fin de l’enseignement technique: des classes sont supprimées , cependant que les classes de G1 et les 3 années du CET Commercial sont transférées au Lycée Cailloux.

   L’internat de l’Annexe du Lycée Carnot à Mutuelle-ville est créé en 1960 pour  loger des élèves souvent défavorisés, qui habitent loin ou qui ont des problèmes de transport quotidiens.

Dans le bâtiment F-G-H, les appartements deviennent des dortoirs : F pour les filles, G pour les garçons, cependant que, au bâtiment H, un bloc médical est créé. L’internat est fermé définitivement en 1975, suite à la disparition de l’enseignement technique au Lycée de Mutuelleville. En outre, le Lycée Cailloux de La Marsa a ouvert un internat important qui va regrouper tous les élèves demandeurs.

Enseignement général

   Dès 1956 se met en place aussi un enseignement général d’abord au CES (Collège d’enseignement secondaire), puis au lycée.



Classe  de   Terminale  Math-Technique
          1ère promotion : 1960-1961


En 1975, la fin de l’enseignement technique contribue à développer l’enseignement général. A partir de 1976, sont assurées les préparations au BEPC, au baccalauréat dans les séries B (économie), C (math-physique) et D (math-sciences naturelles). La 1°A (littéraire) est créée en 1976, elle compte 24 élèves.

   Le Lycée français de Mutuelleville est alors dans une période de prospérité tranquille. Mais son histoire est bousculée par les événements: la fermeture du Lycée Carnot annoncée pour 1981. Or, le lycée n’a pas les capacités d’accueillir les élèves, ni sa riche bibliothèque, ni ses “musées”, ni ses archives.

C’est pourquoi il faut continuer le réaménagement du lycée, commencé en 1975 après la fermeture du Collège et du Lycée technique ainsi que de l’internat. En septembre 1982, ce sont d’abord les élèves de 6ème, puis en septembre de l’année suivante, tous les autres élèves sont transférés de Carnot à Mutuelleville, outre le matériel, la bibliothèque, etc....

   Le 28 octobre 1983, en présence de François Mitterand, Président de la République Française, et de Habib Bourguiba, Président de la République Tunisienne, le Lycée mixte de Mutuelleville devient le Lycée Pierre Mendès-France, en hommage à l’homme politique français, artisan de l’autonomie de la Tunisie en 1954, puis de son indépendance en 1956.
   Aujourd’hui, le lycée comprend également un gymnase, un self, un foyer pour les élèves et une salle de spectacle polyvalente. Il accueille aussi le Bureau pédagogique d’arabe (1991) et les bureaux du Service des Examens (1992). Mais le lycée “déborde” sur l’Ecole primaire Marie Curie dont il a “récupéré” 12 salles de classes.
   Nous pouvons donc dire que le Lycée Pierre Mendès-France a connu une évolution singulière : tout d’abord, il n’a pas été construit en tant qu’établissement scolaire, mais il s’est installé dans deux bâtiments regroupant des appartements; ensuite, il est passé d’annexe à lycée à part entière; enfin, sa vocation de collège et lycée technique s’étant tarie, il est devenu un lycée d’enseignement général avec son collège. 

Mais, à son tour, il est “victime de son succès”, comme l’a été le lycée Carnot en son temps.

   Que lui réserve l’avenir ?











MARC MORA 27 jun 2005 à 09:56 (CEST) Cà me parait intéressant et clair ! la première partie semble être de nature à bien exposer la situation avec une charnière..

Bien que je connaisse pas les noms le reste semble être de nature à décrire une action.. et la fin aussi. çà me plait bien !! Je suis préssé de lire la suite !!


Bertrand 27 jun 2005 à 10:41 (CEST) l'Ecole coloniale d'agriculture de Tunis --> J'ai beaucoup de docs, mon papa y était et je suis toujours en relation avec l'Association des anciens élèves.


MORGANA 27 jun 2005 à 11:02 (CEST) Il ne faut surtout pas occulter le cas particulier tunisien qui a consisté en une lutte d'influence très forte entre Français et Italiens. Lutte qui s'est achevée à l'avantage des premiers après la 2éme guerre au moyen, très souvent, de méthodes peu orthodoxes : vae victis ! Les premières écoles installées sont italiennes et remontent à 1821. On est encore loin du traité du Bardo.

Peu documenté, je renvoie sur ce sujet à l'excellent site Italiani di Tunisia.

Après exploitation, il faudra évidemment placer ce lien à l'endroit prévu.


Bertrand 27 jun 2005 à 11:40 (CEST) Quelques docs sur le sujet dans la bibliothèque ;o)


MARC MORA 27 jun 2005 à 14:10 (CEST) Passionnantes tes notes Bertrand !! Ben Sylviane et Sarah vous avez de quoi vous occuper !!!,,, :-) et super MICHEL le site que tu as rappelé !! les as-tu contactés ? des parallèlles et croisement sont surement possibles ?