Repères géographiques
La ville de Bordj-Bou-Arreridj est située sur les hauts plateaux Algériens, à neuf cent mètres d'altitude, sur la nationale reliant La Tunisie au Maroc.
Elle se trouve entre Alger, à 240 kms au Nord-Ouest, et Constantine, sa Préfecture, à 190 kms à l'Ouest.
La ville se trouve au milieu d'une plaine vallonnée entre les Monts Bibans au Nord et la chaïne Hodna au Sud.
Histoire ancienne
Bordj-bou-Arreridj = Maison fortifié de l'homme au panache
Ruines d'une petite cité romaine et Ruines d'un fortin turc
Durant l'occupation turque, la région de Bord Bou Arréridj constituait un axe caravanier. Le plus important vestige historique de cette époque est sans conteste, le fortin qui alors jouait le rôle de poste d'observation.
Un chef des troupes françaises, FERRAUD dans une contribution à l'histoire de l'Est Algérien, affirme que les édifices ottomans rencontrés dans la ville remontent au XVème siècle dont le principal est un fort bâti près d'une source appelée Aïn Bou Arréridj et qui constitue un poste d'observation et une base arrière aux troupes ottomanes.
Ce fort élevé par les turcs sur des restes d'un édifice romain était construit sur un rocher abrupt, dominant toute la plaine de la Medjana. A l'arrivée des Français,il était très vétuste et dans un état d'abandon.
Plus tard, le fort assurait la sécurité des caravanes sujettes à de nombreux pillages dans la région.
La région a connu divers émirs attachés au pouvoir ottoman, à commencer par l'émir Sidi Abderrahman.
Présence française
En 1839, il n'y a que les ruines d'un fortin turc et celles d'une petite cité romaine.
Le village de Bordj Bou Arréridj n'existe pas encore lorsque, fin octobre 1839, le Duc d'Orléans, avec l'armée du général Valée, décide le bivouac au lieu-dit Aïn Bou Arréridj. La colonne est en route pour Alger et doit franchir le redoutable défilé rocheux des Portes de Fer, propice aux embuscades.
Les Français vont s'appuyer sur les rivalités locales. Après le traité de la Tafna, elle soutiendra les essais d'Ahmed El Mokrani pour rétablir son influence longtemps combattue et annulée par les compétiteurs imposés par Abdelkader alors rival de Hadj Ahmed, bey de Constantine qui l'avait nommé khalifat de la Medjana au détriment de Mohamed Abdeslam El Mokrani son cousin. Ce commandement sera beaucoup plus étendu que celui qu'il avait naguère et s'étalera ainsi sur tout le flanc ouest de la province de Constantine.
Pendant l'hiver de 1842-43, des soldats du génie, à la sollicitation du khalifat Mokrani, ont projeté et commencé la construction d'une caserne sur le lieu de l'ancien fort pour accueillir le poste de Bordj Bou Arreridj. Le fortin resta tel qu'il était avec adjonction d'un saillant. Les quatre sources du ruisseau de Bou Arréridj furent amenées jusqu'auprès de l'établissement nouvellement créé.
La ville a été délimitée, vers 1840, par la construction de remparts. Le tout formait un rectangle, en pente douce, de 800 m de long sur 500 m de large.
Au milieu, de chaque coté des remparts, une ouverture de 4 m de large pouvait être fermée par un grand portail en bois à deux battants, dont l'un d'eux, muni d'une petite porte, permettait le passage d'une seule personne à la fois, afin de contrôler les entrées et les sorties en cas d'épidémie ou d'insécurité.
Vers l'angle Nord, sur un monticule, a été construit un fortin de défense, ainsi qu'un réservoir d'eau.
Centre de colonisation
En 1857, création du Centre qui se trouve à 240 km au nord-ouest d' Alger, dans le département de Constantine.
Les premières habitations ont été édifiées en contre-bas de ce fortin et formèrent une agglomération d'une trentaine de maisons, avec à l'angle des remparts, une petite place ombragée par d'énormes trembles sous lesquels on trouvait un abreuvoir et un lavoir. Cette partie de la ville a toujours été désignée sous le nom de "vieux-Bordj"....
Chef lieu de commune, arrondissement de Sétif et chef lieu de la commune mixte (civil et militaire) de Maadid. Ville et poste militaire, dans la plaine de la Medjana.
Commune de plein exercice
En 1870, Bordj Bou Arreridj est une commune de plein exercice qui possède entre autres établissements une église, une école de garçons, une école de filles, une école arabe française, une justice de paix, une station télégraphique.
A partir de cette date, l'expansion de la ville commença.
Un marché hebdomadaire très important fut organisé et appelait beaucoup de commerçants, venus de Mansoura, M'Sila et de Beni Abbes. On y trouvait des bestiaux, des céréales et du miel en grandes quantités. Aussi, la ville Bordj Bou Arréridj était destinée, dès sa création en 1870, à devenir une " station très florissante "sur l'axe Alger- Constantine.
Ville héroïque
En 1871, la ville fut assiègée par les bandes de Mokrani (fils) (du 12 au 26 mars).
Le 16 mars, entouré des membres de sa famille, à la tête des goums dans la riche tenue des grandes fantasias, accompagné par les you-you des femmes, El Mokrani se lance à l'attaque du village en hurlant.
La défense de Bordj est assurée par 400 personnes environ, assez peu entraînées au combat : 300 mobiles des Bouches-du-Rhône, 80 colons armés, et quelques gendarmes mobiles et spahis. Le fort comprend aussi 4 obusiers qui seront sans utilité, faute de projectiles pour les alimenter. En attendant l'attaque, depuis son arrivée, le commandant a organisé la défense du village. Il a fait creuser des tranchées profondes et édifier des barricades qui ferment les rues donnant sur la campagne. Civils et militaires savent que cette défense ne résistera pas à l'assaut soutenu de nombreux insurgés.
Dans la nuit, le commandant envoie trois spahis dans trois directions pour faire connaître la situation dramatique de Bordj-Bou-Arreridj.
Le 17, la journée se passe à aménager cet espace restreint non prévu pour abriter autant de monde.
Le 18, le Bachaga El Mokrani demande au capitaine Olivier de venir lui parler. Avec l'accord du commandant, celui-ci accepte. Pendant tout le temps où Olivier était parmi les Ouled Mokrane, pas un coup de feu n'a été tiré.
L'officier revient au fort, rend compte de sa mission qui est une reddition sans combat, alors qu'il a reçu l'ordre de tenir, et risquer le massacre en chemin. De plus une colonne commandée par le colonel Bonvalet a promis de venir à leurs secours.
Les deux jours suivants sont calmes mais les cadavres n'ayant pu être enlevés par les assaillants, ils empuantissent l'atmosphère, et, spectacle horrible, des cochons errants commencent à les dévorer.
La nourriture manque et l'eau est rationnée.
Le 21, l'attaque reprend et dans le fort, on s'aperçoit que les rebelles creusent des galeries souterraines. Une chance, ils mettent le feu à un baril de poudre qui leur explose en pleine face détruisant leurs galeries.
Le 25, dans la soirée, les assaillants quittent le village, la colonne du colonel Bonvalet arrive de Sétif.
Le 27, les civils, sous bonne escorte, sont évacués sur Sétif et El Mokrani se réfugie dans les montagnes.
Une pyramide en marbre blanc, au pied de la redoute dominant la ville honore la mémoire des habitants et des gardes mobiles de Marseille et d'Aix, morts pour la défense de la Cité, créée par la France.
Deux plaques de marbre, sur deux faces, rendaient hommages aux morts des régiments ayant combattu l'ensemble des insurgés de la Medjana.
Pour la défense de Bordj-Bou-Arreridj proprement dite, une plaque commémorative a été apposée sur le mur de la caserne donnant sur l'ancien cours Théodose, devenu par la suite, cours du Cheyron.
l'inscription perdue de la plaque :
Honneur et patrie.
La défense de ce fort organisée par le commandant du Cheyron et le capitaine Olivier a été soutenue par les 4e et 6e compagnies du 43e mobiles des Bouches-duRhône, la gendarmerie, la milice française et indigène de Bordj-Bou-Arreridj.
15-26 mars 1871 A nous le souvenir, à eux l'immortalité
En 1962, le monument a été abattu, la pyramide détériorée et crevassée, la plaque disparue du mur de la caserne.
Liens externes
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