« MUSTAPHA ben ISMAEL » : différence entre les versions
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(( L’année suivante, en 1843, le général Mustapha ben Ismaël était en colonne avec La Moricière vers Tiaret, lorsque le 19 mai il apprit par un nègre fugitif la prise de la Smala par le duc d’Aumale, et la présence à quelques dizaines de kms d’une nombreuse émigration qui fuyait le désastre. Le général Mustapha ben Ismaël monta à cheval avec son goum et la cavalerie régulière, atteignit les fuyards, et s’empara de nombreux prisonniers, troupeaux, chameaux et bagages. Voulant revenir à Oran avec ses prises, le général Mustapha ben Ismaël se sépara de La Moricière pour traverser seul avec ses cavaliers le territoire des Flitta. Attaqué par une cinquantaine de piétons, dans un défilé boisé où ses chevaux et mulets surchargés de butin encombraient le passage, il s’élança pour rétablir l’ordre ; mais il fut frappé d’une balle qui le tua. Ses cavaliers atterrés prirent la fuite. Les agresseurs apprirent, par la mutilation que lui avait faite à la main droite la balle reçue à la Sikkak, qu’ils avaient tué Mustapha ben Ismaël. Sa tête et sa main furent portées à Abd el Kader, qui, par générosité vis-à-vis de son ennemi disparu, fit ensevelir ces sinistres trophées au lieu de les exposer, suivant la coutume d’alors. | (( L’année suivante, en 1843, le général Mustapha ben Ismaël était en colonne avec La Moricière vers Tiaret, lorsque le 19 mai il apprit par un nègre fugitif la prise de la Smala par le duc d’Aumale, et la présence à quelques dizaines de kms d’une nombreuse émigration qui fuyait le désastre. Le général Mustapha ben Ismaël monta à cheval avec son goum et la cavalerie régulière, atteignit les fuyards, et s’empara de nombreux prisonniers, troupeaux, chameaux et bagages. Voulant revenir à Oran avec ses prises, le général Mustapha ben Ismaël se sépara de La Moricière pour traverser seul avec ses cavaliers le territoire des Flitta. Attaqué par une cinquantaine de piétons, dans un défilé boisé où ses chevaux et mulets surchargés de butin encombraient le passage, il s’élança pour rétablir l’ordre ; mais il fut frappé d’une balle qui le tua. Ses cavaliers atterrés prirent la fuite. Les agresseurs apprirent, par la mutilation que lui avait faite à la main droite la balle reçue à la Sikkak, qu’ils avaient tué Mustapha ben Ismaël. Sa tête et sa main furent portées à Abd el Kader, qui, par générosité vis-à-vis de son ennemi disparu, fit ensevelir ces sinistres trophées au lieu de les exposer, suivant la coutume d’alors. | ||
Mustapha ben Ismaël avait près de 80 ans et laissait derrière lui une impression profonde à tous ceux, Français et Indigènes, qui l’avaient connu. Cet homme d’épée, ce soldat magnifique au combat, avait su se faire apprécier aussi par son esprit d’équité, au point d’avoir mérité, sous le règne des Turcs, le surnom de Mustapha-el-Haq (Mustapha la Justice). | Mustapha ben Ismaël avait près de 80 ans et laissait derrière lui une impression profonde à tous ceux, Français et Indigènes, qui l’avaient connu. Cet homme d’épée, ce soldat magnifique au combat, avait su se faire apprécier aussi par son esprit d’équité, au point d’avoir mérité, sous le règne des Turcs, le surnom de Mustapha-el-Haq (Mustapha la Justice). | ||
C’était un homme d’une absolue loyauté, sur qui le général Walsin-Esterhazy écrivait : « il avait donné sa parole à la France, et jamais, dans les circonstances qu’il eut à traverser avec nous, malgré les dégoûts dont il fut parfois abreuvé, son expérience des hommes et des choses du pays, son dévouement dans les combats, sa coopération dans les conseils, ne nous firent défaut toutes les fois qu’on voulut bien les invoquer. Les hommes de la trempe et du caractère de Mustapha ben Ismaël sont trop rares, et de semblables types, même dans les grandes luttes de notre histoire, sont trop peu communs, pour qu’il ne convienne pas de chercher à appeler l’attention sur cette grande figure de nos petits démêlés africains. » Sa mort impressionna profondément les Indigènes. Ses cavaliers n’osèrent pas reparaître dans leurs douars craignant la réprobation de leurs femmes pour leur conduite dans la funeste journée. | C’était un homme d’une absolue loyauté, sur qui le général Walsin-Esterhazy écrivait : « il avait donné sa parole à la France, et jamais, dans les circonstances qu’il eut à traverser avec nous, malgré les dégoûts dont il fut parfois abreuvé, son expérience des hommes et des choses du pays, son dévouement dans les combats, sa coopération dans les conseils, ne nous firent défaut toutes les fois qu’on voulut bien les invoquer. Les hommes de la trempe et du caractère de Mustapha ben Ismaël sont trop rares, et de semblables types, même dans les grandes luttes de notre histoire, sont trop peu communs, pour qu’il ne convienne pas de chercher à appeler l’attention sur cette grande figure de nos petits démêlés africains. » Sa mort impressionna profondément les Indigènes. Ses cavaliers n’osèrent pas reparaître dans leurs douars craignant la réprobation de leurs femmes pour leur conduite dans la funeste journée. | ||
Une poésie, qui reflétait bien les sentiments indigènes, fut chantée dans toute la province d’Oran pour célébrer les vertus du héros disparu :<br>« Lorsqu’il s’élançait à la tête des goums, sur un coursier impétueux, l’animant des rênes et de la voix, les guerriers le suivaient en foule. Pleurons le plus intrépide des hommes, celui que nous avons vu si beau sous le harnais de guerre, faisant piaffer les coursiers chamarrés d’or. Pleurons celui qui fut la gloire des cavaliers… Souvenez-vous du jour où il fut appelé à Fez par ordre du chérif : comme il brilla parmi les grands de la cour, plus grand par ses belles actions que tous ceux qui l’entouraient. On reconnut en lui le sang de ses nobles ancêtres, et, pour le lui témoigner, le chérif le combla d’honneurs… Qu’il était beau dans l’ivresse du triomphe, lorsque, sur le noir coursier du Soudan, à la selle étincelante de dorures, il apparaissait comme le génie de la guerre sur le dragon des combats !... Dieu est témoin que Mustapha ben Ismaël fut fidèle à sa parole jusqu’à la mort, et qu’il ne cessa jamais d’être le modèle des cavaliers. » | Une poésie, qui reflétait bien les sentiments indigènes, fut chantée dans toute la province d’Oran pour célébrer les vertus du héros disparu :<br>« Lorsqu’il s’élançait à la tête des goums, sur un coursier impétueux, l’animant des rênes et de la voix, les guerriers le suivaient en foule. Pleurons le plus intrépide des hommes, celui que nous avons vu si beau sous le harnais de guerre, faisant piaffer les coursiers chamarrés d’or. Pleurons celui qui fut la gloire des cavaliers… Souvenez-vous du jour où il fut appelé à Fez par ordre du chérif : comme il brilla parmi les grands de la cour, plus grand par ses belles actions que tous ceux qui l’entouraient. On reconnut en lui le sang de ses nobles ancêtres, et, pour le lui témoigner, le chérif le combla d’honneurs… Qu’il était beau dans l’ivresse du triomphe, lorsque, sur le noir coursier du Soudan, à la selle étincelante de dorures, il apparaissait comme le génie de la guerre sur le dragon des combats !... Dieu est témoin que Mustapha ben Ismaël fut fidèle à sa parole jusqu’à la mort, et qu’il ne cessa jamais d’être le modèle des cavaliers. » | ||
Le général Mustapha ben Ismaël est le type indigène de « l’homme de poudre » le plus noble et le plus chevaleresque qu’on puisse citer et, comme le dit le poète qui célébrait sa gloire, il fut « fidèle jusqu’à la mort à sa parole », qu’il avait donnée à la France. | Le général Mustapha ben Ismaël est le type indigène de « l’homme de poudre » le plus noble et le plus chevaleresque qu’on puisse citer et, comme le dit le poète qui célébrait sa gloire, il fut « fidèle jusqu’à la mort à sa parole », qu’il avait donnée à la France. | ||
« Cahiers du Centenaire de l’Algérie N° IV » 1830/1930 <br>« Les grands soldats de l’Algérie » par M. le général Paul AZAN.))<br> | « Cahiers du Centenaire de l’Algérie N° IV » 1830/1930 <br>« Les grands soldats de l’Algérie » par M. le général Paul AZAN.))<br> |
Version du 17 janvier 2009 à 22:42
ben Ismael MUSTAPHA |
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Commandeur de la Légion d'honneur le 5 février 1842 Grade :Général français | |||||||||
Date de Naissance : vers 1769 Lieu de Naissance : El Amriyah (Lourme) Pays de Naissance : Algérie Date de décès : 23 mai 1843 Lieu de décès : El Bioda (Province d'Oran) Pays de décès : Algérie | |||||||||
Présentation :
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Faits marquants :
Commandait les tribus du maghzen au service du gouvernement turque Agha des Douairs et des Smela Combat Abdelkader jusqu'au moment ou un revers militaire le contraint à se réfugier dans le méchouar de Tlemcen, délivré par CLAUZEL, il se met au service du Maréchal |
Dates importantes :
Au côté des français, prend une part active à tous les combats contre Abdelkader Nommé général français à titre indigène le 29 juillet 1837 Tué au combat le 23 mai 1843 alors qu'il a 74 ans | ||||||||
Contexte :
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(( L’année suivante, en 1843, le général Mustapha ben Ismaël était en colonne avec La Moricière vers Tiaret, lorsque le 19 mai il apprit par un nègre fugitif la prise de la Smala par le duc d’Aumale, et la présence à quelques dizaines de kms d’une nombreuse émigration qui fuyait le désastre. Le général Mustapha ben Ismaël monta à cheval avec son goum et la cavalerie régulière, atteignit les fuyards, et s’empara de nombreux prisonniers, troupeaux, chameaux et bagages. Voulant revenir à Oran avec ses prises, le général Mustapha ben Ismaël se sépara de La Moricière pour traverser seul avec ses cavaliers le territoire des Flitta. Attaqué par une cinquantaine de piétons, dans un défilé boisé où ses chevaux et mulets surchargés de butin encombraient le passage, il s’élança pour rétablir l’ordre ; mais il fut frappé d’une balle qui le tua. Ses cavaliers atterrés prirent la fuite. Les agresseurs apprirent, par la mutilation que lui avait faite à la main droite la balle reçue à la Sikkak, qu’ils avaient tué Mustapha ben Ismaël. Sa tête et sa main furent portées à Abd el Kader, qui, par générosité vis-à-vis de son ennemi disparu, fit ensevelir ces sinistres trophées au lieu de les exposer, suivant la coutume d’alors.
Mustapha ben Ismaël avait près de 80 ans et laissait derrière lui une impression profonde à tous ceux, Français et Indigènes, qui l’avaient connu. Cet homme d’épée, ce soldat magnifique au combat, avait su se faire apprécier aussi par son esprit d’équité, au point d’avoir mérité, sous le règne des Turcs, le surnom de Mustapha-el-Haq (Mustapha la Justice).
C’était un homme d’une absolue loyauté, sur qui le général Walsin-Esterhazy écrivait : « il avait donné sa parole à la France, et jamais, dans les circonstances qu’il eut à traverser avec nous, malgré les dégoûts dont il fut parfois abreuvé, son expérience des hommes et des choses du pays, son dévouement dans les combats, sa coopération dans les conseils, ne nous firent défaut toutes les fois qu’on voulut bien les invoquer. Les hommes de la trempe et du caractère de Mustapha ben Ismaël sont trop rares, et de semblables types, même dans les grandes luttes de notre histoire, sont trop peu communs, pour qu’il ne convienne pas de chercher à appeler l’attention sur cette grande figure de nos petits démêlés africains. » Sa mort impressionna profondément les Indigènes. Ses cavaliers n’osèrent pas reparaître dans leurs douars craignant la réprobation de leurs femmes pour leur conduite dans la funeste journée.
Une poésie, qui reflétait bien les sentiments indigènes, fut chantée dans toute la province d’Oran pour célébrer les vertus du héros disparu :
« Lorsqu’il s’élançait à la tête des goums, sur un coursier impétueux, l’animant des rênes et de la voix, les guerriers le suivaient en foule. Pleurons le plus intrépide des hommes, celui que nous avons vu si beau sous le harnais de guerre, faisant piaffer les coursiers chamarrés d’or. Pleurons celui qui fut la gloire des cavaliers… Souvenez-vous du jour où il fut appelé à Fez par ordre du chérif : comme il brilla parmi les grands de la cour, plus grand par ses belles actions que tous ceux qui l’entouraient. On reconnut en lui le sang de ses nobles ancêtres, et, pour le lui témoigner, le chérif le combla d’honneurs… Qu’il était beau dans l’ivresse du triomphe, lorsque, sur le noir coursier du Soudan, à la selle étincelante de dorures, il apparaissait comme le génie de la guerre sur le dragon des combats !... Dieu est témoin que Mustapha ben Ismaël fut fidèle à sa parole jusqu’à la mort, et qu’il ne cessa jamais d’être le modèle des cavaliers. »
Le général Mustapha ben Ismaël est le type indigène de « l’homme de poudre » le plus noble et le plus chevaleresque qu’on puisse citer et, comme le dit le poète qui célébrait sa gloire, il fut « fidèle jusqu’à la mort à sa parole », qu’il avait donnée à la France.
« Cahiers du Centenaire de l’Algérie N° IV » 1830/1930
« Les grands soldats de l’Algérie » par M. le général Paul AZAN.))