Dellys - Ville

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
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Dellys

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ALGERIE

Dellys
Historique | Etat des lieux à l'arrivée des Européens | Etat des lieux à l'Indépendance
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DELLYS EN 1887


Dellys ou Tedellîs (avec Oulad-Ked-Dach et Ben-Nehoud, ses annexes), située par 1° 55' de longit. E., et par 37° 55' de latit. N., a d'abord été fondée par une colonie carthaginoise, Les Romains y formèrent plus tard un établissement appelé Rusuccurus, qui devint une puissante cité sous l'empereur Claude (l'an 50 de .J.-C.). Les anciens remparts, visibles surtout à l'O., les citernes romaines de Sidi Soussan, des mosaïques, un magnifique sarcophage déposé aujourd'hui au musée d'Alger, des médailles et des amphores trouvées dans les fondations de l'hôpital et de la mosquée, tels sont les vestiges de Rusuccurus, dans lequel on retrouve le Rousoukkour (le cap des poissons) des Carthaginois. Ce dernier nom trouverait son explication dans les eaux poissonneuses qui baignent la lase du rocher allongé sur le flanc E duquel est située Dellys.

Détruite par un tremblement de terre ou par les invasions, Rusuccurus fournit plus tard ses ruines pour la construction de la ville arabe de Dellys. Ibn-Khaldoun nous apprend que, après avoir fait partie du royaume de Bougie, elle fut concédée par El-Mansour à Moezz-ed-Dola-Ibn-Somadoh, souverain d'Alméria, qui vint chercher un asile auprès de lui, quand l'Espagne fut prise par les Almoravides, 1088 (481 hég..) à 1104 (498 hég.) Plus tard, en 1363 (765 hég.), l'émir hafside Abou-Abd-Allah, s'étant rendu maître de Bougie pour la troisième fois, enlève Dellys aux Abd-el-Ouadites, et y installe une garnison et un gouverneur; mais, attaqué à son touir par Abou-Hammou, il lui envoie une ambassade, et obtient une suspension d'armes moyennant la cession de Dellys et le mariage do sa fille avec Abou-Hammou. II est encore fait mention, à cette époque, d'un directeur de douane à Dellys, ce qui lui faisait supposer une certaine importance commerciale.

Tributaire de l'Espagne, après la prise de Bougie en 1509, Dellys devint un instant le siège du gouvernement de Kheir-ed-Din, lorsqu'il partagea la régence d'Alger avec son frère Baba-Aroudj (Barberousse),

Dellys, habitée par une population de pécheurs et de jardiniers habiles, ne fait alors plus parler d'elle. Une première soumission de ses habitants, en 1837, est suivie plus tard de la prise de la ville par le maréchal Bugeaud, le 7 mai 1844, lors de son expédition chez les Flissa; les combats des 12 et 17 du même mois nous assurent définitivement, la tranquille possession de Dellys.

Dellys se compose de deux parties bien distinctes : le quartier arabe au N. et le quartier européen à l'E., tous deux en grande partie sur un plateau incliné de 70 à 80 mètres, duquel se détache la long promontoire connu sons le nom de cap Bengut, et auquel Dellys doit sinon un port, du moins une jetée et un bon mouillage où les bâtiments peuvent se mettre à l'abri des vents d'O. et du N.-0.

La ville arabe, avec ses ruelles étroites bordées de maisons blanchies à la chaux, recouvertes çà et là de vigne, offre, dans ses échappées sur la mer, quelque ressemblance avec certains des hauts quartiers d'Alger, c'est-à-dire un ensemble à la fois pittoresque et misérable.

La ville européenne descend jusqu'à la mer. Quelques rues, dont les principales sont celles d'Alger, d'Isly, de Mogador et de la Marine, aboutissent aux places de l'église et du Marché. L'hotel de la subdivision. l'hôpital, le bureau arabe, l'église. la mosquée, l'abattoir, la douane, la direction du port; constituent le nouveau Dellys. Sur un plateau, à l'O., s'élève l'Ecole des arts et métiers.

Une muraille de 4.800 mètres de développement formant un triangle, entoure la ville au S., à l'O. et au N.; elle est percée de cinq portes : celles d'Alger, d'Isly, des Jardins, d'Aumale et d'Assouaf. C'est près de la porte des Jardins, à l'endroit dit Sidi-Moussa, que les Arabes tiennent une foire six fois par an. Leur marché de tous les jours se fait dans l'intérieur, près du bureau arabe et du fondouk élevé pour eux. Dellys est l'entrepôt d'une partir de la Kabylie occidentale et fait un assez grand commerce d'huiles et de fruits secs.

Le touriste visitera, en dehors de Dellys:

- le quartier des Jardins, à l'O., remarquablement entretenus par les indigènes, et dans lesquels se récoltent des raisins blancs vendus sur le marché d'Alger;

- le marabout de Sidi Soussan, situé à 210 mèt. d'alt., dominant la ville; près de là sont de grands bassins, étagés les uns sur les autres, que les Romains avaient creusés sans doute pour suppléer à la pauvreté des sources qui alimentaient alors Rusuccurus, et que l'on pourrait, au besoin, remettre en état de service, à peu de frais.

Guide Piesse - 1888

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