Historique Bayard - Ville
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Origine des colons
Les pionniers d’AHMED BEN ALI, qui deviendra plus tard BAYARD, firent partie de la seconde vague des création des colonies agricoles.
Après les problèmes et échecs des premières tentatives, la loi du 19 mai 1849 chargea une commission, avec comme rapporteur Louis Reybaud, de se rendre en Algérie et d’y étudier la situation, afin d’y apporter les modifications nécessaires.
A la suite du rapport de cette commission, le Gouvernement décida de nouveaux critères quant à la deuxième série de créations de villages :
- choisir des agriculteurs confirmés, de France ou d’Algérie, justifiant de ressources suffisantes pour leur installation ; mille francs au moins par famille,
- envoyer dans chaque centre seulement des populations issues d’une même région, qui se connaissent et pourront ainsi se porter un appui mutuel,
- veiller à la situation topographique du pays qu’elles auront quitté de manière à choisir le territoire le plus conforme à leurs habitudes et le climat le plus en rapport,
- exclure les chefs de famille de plus de 55 ans et les célibataires, et concéder à chaque famille 8 à 10 ha de terre et une maison bâtie par l’état.
Oppositions parlementaires, troubles politiques et difficultés financières, doublés de retards pris par les entrepreneurs, retardèrent cependant ce peuplement à 1851.
Dans la province de Constantine furent ainsi créés AHMED BEN ALI (BAYARD) et SIDI NASSAR (FOY), distants l’un de 3 km et l’autre de 5 km du centre de JEMMAPES. Leurs colons firent partis du 10ème convoi sous la direction du Capitaine Couston.
Dans l’esprit des militaires, ces deux centres permettraient un harmonieux développement de la vallée du FENDEK, avec une extension des terres cultivables autour de JEMMAPES.
Situation géographique et historique du village
AHMED BEN ALI est situé sur la rive droite de l’oued Fendek, à l’endroit où il jaillit de la gorge de SOUK EL DEB, et débouche dans la plaine de JEMMAPES.
Une chaîne de montagnes court de l’ouest à l’est du village. A 6 km de distance, se trouve une chaîne parallèle avec deux pics aux noms de SAFIA et FIFILA, et à l’ouest se dresse la chaîne de FILFILA au MAKSEM, de telle sorte que l’horizon n’est découvert qu’à l’est.
Au nord du village, dans une plaine, coule une rivière au fond d’une arène fermée aux trois quarts.
Cette situation géographique expliquera en grande partie la forte mortalité des premiers arrivants.
L’origine du site remonte aux romains qui y avaient construit un village important, comme le relate de Marcilly :
« La plaine du Fendek a deux bassins à la fertilité différente, cependant comme elle est verte et irrigable en grande partie, elle offrait de grandes ressources à une population industrielle. Aussi, les ruines sont-elles nombreuses. Les plus étendues sont celles de Guermoucha qui occupent l’emplacement même du village d’Ahmed Ben Ali. Les maisons importantes bordaient le sommet d’un talus raide qui descend du plateau sur la dépression de terrain où l’oued AZEREM prend naissance. Au centre de la bourgade était une construction plus considérable que toutes les autres, faite partie en moellons, partie en pierres de taille et consistait en des chambres étroites disposées autour d’une cour intérieure rectangulaire à peu près comme dans les maisons mauresques. Ces ruines proviennent d’une bourgade importante ou même d’une petite ville. »
Après le départ des romains, et avant de devenir Ahmed Ben Ali, le village était connu sous les noms de EL HENCHIR (les ruines, en arabe) et KSAR EL ARRIBIA ( le palais, la forteresse des bédouins).
Cet emplacement était occupé par la zaouia (1) Ahmed Ben Ali, avec pour chef le marabout (2) Mohamed S’GHIR . Ce chef religieux et temporel, qui est aussi cadi (3), détenait ces terres des anciens beys (4) de Constantine.
Cette zaouia était celle des ARB SKIKDA, descendants des habitants de l’antique Rusicade ( Ras Skikda en arabe) là où se trouve Philippeville. Ils furent refoulés vers l’intérieur dans la plaine du Fendek par les puissants BENI MEHENNA descendus des montagnes de COLLO.
Dirigée par le cheik (5) MABROUK BEL HADJ, elle faisait partie du caïdat (6) des RADJETAS du cercle de Philippeville, tribu formée par la réunion de familles arabes et berbères installées près de l’oued Fendek, qui a fourni l’essentiel des terres pour la création de Jemmapes (2850 ha) et une partie pour celles d’Ahmed Ben Ali, Sidi Nassar et Gastu (921 ha).
Les terrains, d’origine arch (7) s’évaluaient à environ 2000 ha.
Petit lexique : (voir aussi le lexique arabo-pieds-noirs)
1 zaouia : établissement religieux, siège d’une confrérie
2 marabout : saint, sanctuaire
3 cadi : juge musulman
4 bey : mot turc-osmanli désignant une autorité au sens le plus large du mot, dignitaire ottoman
5 cheik : ancien chef traditionnel d’une tribu, chef d’une confrérie, maître, directeur spirituel
6 caïdat : circonscription dépendant d’un caïd, lui même chef de service d’une circonscription ou d’une tribu
7 arch : terre tribale
En 1851 la zaouia de Mohamed S’GHIR comprenait 41 familles, soit 225 personnes, qui possédaient 37 araires, 714 vaches et bœufs, 830 moutons et chèvres et 114 chevaux.
Le cadi entretenait de bons rapports avec les militaires, puis les colons de Jemmapes. Il ne fit aucun obstacle au déplacement de sa zaouia, en échange de 300 ha de terres labourables sur les deux rives de l’oued EDDOUALIA, affluent du FENDEK . Satisfait en outre de garder la partie montagneuse de son territoire, il fera construire sa maison dans son nouveau cantonnement ; le centre Ahmed Ben Ali.
Cependant, lenteurs de l’administration et mutations des chefs militaires, changèrent les promesses initiales. Il fallut l’acharnement d’officiers comme le Capitaine de TOURVILLE , commandant le cercle de Philippeville, pour que Mohamed S’GHIR obtienne la concession de 190 ha de bonnes terres.