Sahara - Algérie

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
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Histoire généralité

Sahara, le plus vaste désert du monde, en Afrique. Il couvre plus de 8 millions de Km2 entre l'Afrique du Nord méditérranéenne et l' Afrique noire, l' Atlantique et la mer Rouge, de part et d'autre du tropique du Cancer.
L'abondance des fossiles et de l'outillage néolithique atteste une ère de vie foisonnante. Dans l'Antiquité, la sécheresse imposa l'abandon du cheval et son remplacement par le dromadaire à partir du II° siècle avant J.C. Les Arabes s'infiltrèrent au Sahara à partir du VII° siècle, implantant l'Islam. A la fin du XIX° siècle, le Sahara fut, dans sa majeure partie conquis par la France, qui prit Tombouctou en 1894.
L'espagne organisa à partir de 1884 sa colonie du Sahara occidental et l'Italie s'établit en Cyrénaïque et en Tipolitaine en 1911 - 1912.

Un million et demi de personnes environ vivent au Sahara, où le nomadisme a réculé, alors que s'est developpée l'industrie extractive (hydrocarbures surtout).

Le désert et des nomades

Département des Oasis

Cinquante ans après leur débarquement en Algérie, les troupes françaises n'avaient guère dépassé vers le sud la ligne El-Oued, Touggourt, Ouargla, Ghardaïa, El Goléa, Aïn Sefra.
Malgré les récits de voyageurs tels que Gordon Laing, René Caillé, Barth..., le Sahara proprement dit restait à peu près inconnu et ses habitants mystérieux sinon redoutés.

En 1881, le massacre de la mission Flatters avait pour effet d'arrêter une progression déjà très lente.
Pendant plusieurs années ce fut la stagnation sur les positions acquises. Puis, timidement, quelques essais d'expansion sont faits mais il ne s'agit encore que de la construction d'avant-postes; Fort Miribel, Fort Mac Mahon qui, en 1894, sont confiés en garde à des unités particulières, les Tirailleurs et les Spahis sahariens dont la création était une première tentative d'adaptation de troupes régulières à un pays très spécial.

En 1889, le retentissant succès de la traversée du Sahara par la mission Foureau-Lamy vient rendre espoir et confiance à ceux qui rêvent de réaliser l' Afrique française.

Aussitôt la progression au Sahara reprend. On sait de quelle façon inattendue le capitaine Pein, chargé de protéger le géologue Flamand avec des goumiers fut amené à occuper ln Salah le 29 décembre 1899.

On sait aussi que cette opération déclencha l'occupation et la soumission de toutes les Oasis sahariennes (Tidikelt, Gourara, Touat, Saoura).
Les nomades de tout temps, avaient tenu les habitants des oasis (Ksouriens) pour taillables à merci.
Ceux-ci, fellahs miséreux, voyaient périodiquement leurs palmeraies razziées; quant aux caravanes des Hauts Plateaux, elles ne voyageaient jamais en sécurité. Après leurs pillages, ces coupeurs de routes s'évanouissaient dans les ergs et les montagnes parfois ils se lançaient en rezzous ( troupe de pillards) jusqu'au Soudan fournisseur d'esclaves.

Soumettre les Ksouriens était une chose.
Tout autre était le problème de la soumission des nomades. Ceux-ci, guerriers mobiles, courageux et bien armés, ne voyaient pas d'un bon œil les Français s'installer dans les oasis où il avaient coutume de prélever périodiquement une dîme largement calculée.

Très tôt, leurs bandes se heurtent à aux troupes françaises. Mais les colonnes n'ont pas la mobilité nécessaire pour poursuivre et punir ces pillards fuyants.

Alimentées par d'interminables convois de chameaux, les opérations du sud sont coûteuses en hommes, en matériel et en animaux. L'opinion, soulevée par les financiers, s'alarme et l'on songe presque à abandonner le terrain conquis.

C'est alors que le chef d'escadrons Laperrine, saharien averti et clairvoyant, réussit à faire aboutir un projet déjà ébauché mais que son expérience lui permit de remanier.
Il fallut tout le prestige déjà grand du commandant Laperrine pour faire accepter le remplacement des Tirailleurs et des Spahis sahariens par des unités nouvelles encadrées par des officiers des Affaires indigènes et composées de nomades sahariens recrutés sur place et tenus de pourvoir eux-mêmes à leur nourriture, à leur vêtement et à leur remonte.

C'est à ces unités et à celles auxquelles elles ont donné naissance que revient la gloire , d'avoir, en quelques dizaines d'années, installé la paix française dans un territoire immense au prix de peu de sang mais de beaucoup d'héroïque patience dans les dangers, les privations et l'isolement.

La réussite des méharistes est d'être parvenus à attirer pacifiquement à eux les populations du désert, d'avoir su gagner leur confiance et leur estime en livrant combat pour défendre le faible et 1'opprimé contre les attaques des pillards venus de l'extérieur ou animés par les fanatiques.

Le 7 mai 1902, près du petit centre de cultures de Tit, au Hoggar, à plus de six cents kilomètres de leur base d'ln Salah, cent quarante hommes, dont les deux tiers soumis de la veille après nous avoir combattus, cent quarante nomades recrutés et remontés comme allaient l'être les compagnies sahariennes, cent quarante goumiers commandés par un seul Français, le lieutenant Cottenest, infligent une terrible et sanglante défaite aux Touareg réputés invincibles.
Ces compagnies méharistes sont devenues Les Compagnies Sahariennes (1902-1952).

Lorsqu'en 1911 Laperrine vit son oeuvre bien assise, les vastes territoires sahariens qu'il avait reconnus et explorés devenus bien français - lorsqu'il constata que les populations des oasis aussi bien que les grands nomades du Sud nous étaient définitivement ralliés, il partit se reposer pour quelques années en France. II savait que les traditions qu'il avait créées seraient respectées de ses successeurs dont il continuait par ses correspondances d'être le directeur moral. Il avait pu, de plus, améliorer le sort des populations misérables par la création et l'aménagement de points d'eau, la création d'écoles pro­fessionnelles et d'infirmeries indigènes. Au cœur politique du pays touareg, au Hoggar, il savait d'ailleurs que son ami le Père de Foucauld monterait bonne garde autour de ses protégés.

Lorsque l'année 1925 intervint avec ses signes meilleurs, on put immédiatement se mettre à l'œuvre et reprendre la mise en valeur du Sahara, entreprise dès 1913-1914.

D'ailleurs l'état de paix complètement revenu au Sahara depuis 1921 avait permis aux raids automobiles de se poursuivre à travers les Territoires du Sud. Déjà la route de la Saoura, prolongée à partir de Reggan, grâce à la ténacité invincible des frères Estienne, était ouverte au trafic courant.

Le médecin militaire, dans le Sud, a une existence dédoublée. Auprès de l'hôpital militaire où sont soignés les soldats et parfois les civils, il doit également diriger les infirmeries indigènes où sont reçus et soignés, hommes, femmes et enfants de la population autochtone.

A l'école, on suit ces enfants devenus grands. Médecins et instituteurs se liguent pour faire la chasse aux maladies contagieuses et surtout au terrible trachome auquel il y a quelques années encore le Sud devait tous ses aveugles misérables.

Enfin, les missions de l'organisme du chemin de fer transsaharien qui doivent aux pistes déjà tracées et aux reconnaissances faites, d'avoir pu parcourir sans grosses difficultés plus de trente mille kilomètres de routes désertiques en moins de six mois.

Les relations par avion, après s'être bornées à des raids sans lendemain, s'orientent peu à peu vers l'exploi­tation commerciale. La Compagnie Transafricaine du commandant Dagnaud a arrêté les grandes lignes de son fonctionnement.

Le développement prodigieux de plantations situées au pied de l'Atlas, notamment à l'Ouest de Biskra. El-Goléa, de son côté, où l'on a recommencé avec succès les recherches d'eau, Tout cela sera obtenu du service des forages, actionné, réorganisé et reporté vers le Sud. En somme, il s'agira de faire confluer partout où cela sera pratique, routes et chemin de fer vers la grande artère principale que dessinera le chemin de fer transsaharien

Les Touaregs

Les Touaregs fûrent pendant des centaines d' années les maîtres incontestés des routes commerciales du Sahara, ce qui leur procurait profit et autorité.
Mais, n'ayant pas su s' adapter à l' évolution de la situation économique et sociale, les Touaregs ont donc été obligé de se spécialiser dans l' agriculture et l' élevage pour survivre, c' est pourquoi ils vivent en général dans les montagnes.
Jusqu' à la fin du VIIème siècle, époque à laquelle ils fûrent écrasés par les Arabes qui envahissaient l' Afrique, les Touaregs avaient dominé le Sahara, dont ils contrôlaient les pistes caravanières. Cette activité leur permettait de faire des profits considérables, et de vivre aisément.
Considérés par les Arabes comme étant les pillards du désert, ils continuèrent cependant à contrôler le Sahara pendant des siècles, en vendant au Soudan des esclaves qu' ils capturaient, ou en pillant les Oasis, jusqu' à ce que les Français les soumettent en 1902.

Plus au Sud du désert saharien, les populations noires s' adonnent à l' agriculture : ce sont des Harattins, descendant des esclaves ramenés du Soudan par les Touaregs.
Les Touaregs, issus de la Méditerranée, ont envahit le Sahara à partir du Nord. De nos jours, la peau des Touaregs est plus foncée, surtout dans les populations de l' Aïr méridional, en raison des mariages mixtes avec des Noirs.
En revanche, les nomades des régions du Hoggar ou du Tassili ont conservé la pureté de leur race.
Au Sud, au fur et à mesure que les rapports avec l' Afrique noire se multipliaient, les Touaregs se métissèrent et se consacrèrent à l' agriculture. Les anciens esclaves (les Harattins) qui ont su devenir agriculteurs, sont désormais touchés par l' instruction. La vie des Touaregs des montagnes est excessivement misérable : par manque d' eau, l'hygiène est pratiquement absente.

Ces hommes ont conservé leur extrême réserve ancestrale, et se couvrent encore actuellement le visage d' un voile ne découvrant que les yeux: toutes les tribus vivant dans le désert s' enroulent un chèche sur la tête pour se protéger du sable et des rayons ardents du soleil, mais l' obstination des Touaregs à refuser de se découvrir ne découle pas de motivation d' ordre pratique, mais plutôt religieux.

Cette bande d' étoffe que les Touregs se nouent en turban est très longue. (parfois de plusieurs mètres). Ils portent sur le côté un sabre d' une lame d' environ un mètre, et enfilent par dessus leurs vétements pesants : une vaste gandoura qui flotte au vent. Elle est généralement de couleur bleu indigo, et décolore sur leur peau, d'où leur appelation d' hommes bleus.

Au Nord- Est du Hoggar, la pleine de l' Amadror est une immense cuvette au fond de laquelle se sont déposées d'énormes quantités de sel qui constituent la principale richesse des Touaregs.

Le Pétrole et le Gaz

C’est en janvier 1956 que le pétrole a été découvert pour la première fois au Sahara, a Edjeleh, dans la région de Fort Polignac . La découverte du plus grand champ pétrolier, Hassi-Messaoud est intervenue en juin de la même année.

Auparavant, en 1954 a eu lieu la première découverte d’hydrocarbures ; il s’agissait d’une grosse accumulation de gaz qui a été trouvée à Djebel Berga, au sud d’In Salah. C’était là le premier grand gisement de gaz dont les réserves étaient estimées à 100 milliards de mètres cubes.

C’est aussi, dès 1953, qu’ont été attribués les premiers permis de recherches à quatre grandes compagnies françaises : la Société Nationale de Recherche et d’Exploitation des Pétroles en Algérie (S.N.REPAL), la Compagnie Française des Pétroles - Algérie (C.F.P.A.), la Compagnie de Recherche et d’Exploitation Pétrolières au Sahara (C.R.E.P.S.) et la Compagnie des Pétroles d’Algérie (C.P.A.)

Par ailleurs, c’est en 1945 qu’avait été créé le Bureau de Recherches Pétrolières (BRP), un organisme public dont l’objectif était de mettre en place les conditions nécessaires pour aboutir à l’indépendance énergétique de la France et des territoires sous domination française.

Plusieurs idées, consistant à garder le Sahara sous juridiction française, furent émises tout au long de l’année 1956. Celle qui fut finalement retenue était d’en faire une entité politico-économique autonome, entretenant des liens très lâches avec les pays riverains, mais sur laquelle la souveraineté française serait encore plus accentuée qu’auparavant.

C’est Houphouët Boigny, futur président de la république de Côte d’Ivoire, alors ministre d’Etat du gouvernement Guy Mollet, qui élabora le projet définitif qui fut approuvé par l’Assemblée Nationale, le 29 décembre 1956. Cette initiative a, ensuite, fait l’objet d’une loi, promulguée le 10 janvier 1957, portant création de l’Organisation Commune des Régions Sahariennes (OCRS). Dans son article premier il y est dit :

Il est créé une Organisation Commune des Régions Sahariennes, dont l’objet est la mise en valeur, l’expansion économique et la promotion sociale des zones sahariennes de la République Française et à la gestion de laquelle participent l’Algérie, la Mauritanie, le Niger et le Tchad .

La participation de l’Algérie à la gestion des zones sahariennes françaises démontre que le Sahara n’était pas partie intégrante de l’Algérie. Très vite, dans la foulée, était créé, en juin 1957, un ministère du Sahara, le titulaire du portefeuille étant également désigné délégué général de l’OCRS.

C’est le 7 août 1957 qu’allait intervenir, au plan juridique et administratif, la séparation définitive du Sahara du reste de l’Algérie. Depuis 1902 et jusqu’à cette date, le Sahara était administrativement constitué de "quatre territoires du sud ", gouvernés depuis Alger par le gouverneur général de l’Algérie. En vertu des dispositions prises ce 7 août 1957, les quatre territoires du sud saharien étaient transformés en deux départements sahariens, intégrés au sein de l’OCRS, les départements des Oasis et de la Saoura. Ces deux départements constituaient le noyau des zones sahariennes de la République Française, visées à l’article premier de la loi de janvier 1957.

Les évènements survenus dans le courant de l’année 1956 ont également conforté l’idée de maintenir le Sahara sous souveraineté française.
La nationalisation du Canal de Suez par Gamal Abdel Nasser, suivie de l’attaque tripartite anglo-franco-israélienne contre l’Egypte avait créé des craintes chez les autorités françaises quant à l’approvisionnement en pétrole depuis le Moyen Orient. Il fallait donc développer très rapidement les gisements sahariens.

Le pétrole extrait de Hassi-Messaoud fut, dans une première étape, transporté par camions citernes, pendant que l’on posait un premier pipeline d’évacuation appelé "baby pipe" entre Hassi Messaoud et Touggourt, qui fut achevé en décembre 1957.
A compter de cette date, le pétrole allait être acheminé par wagons citernes, par la voie de chemin de fer reliant Touggourt - Bône. Vinrent ensuite deux gros pipelines, l’un de Hassi Messaoud à Bougie, le second d’In Aménas à La Skhirra en Tunisie, pour évacuer le pétrole d’Edjeleh et Zarzaïtine.

La France importait quasiment 100% de sa consommation pétrolière avant 1956; cette dépendance n’était plus que de 90% en 1960, avant de tomber à 60% en 1962.
De même, la balance commerciale était déficitaire avant l’arrivée du pétrole saharien, qui avait permis ensuite de faire une économie de l’ordre de 250 millions de dollars US, de l’époque, en 1960.

Plusieurs tentatives de négociation avec le FLN, puis le GPRA (Gouvernement Provisoire de la République Algérienne) furent initiées par les différents gouvernements français de l’époque.
Tour à tour Guy Mollet, Félix Gaillard, Pierre Pflimlin, puis surtout le général de Gaulle, ont fait des propositions publiques ou secrètes de règlement, allant de l’autonomie interne à l’indépendance totale.
Aucune de ces propositions n’incluait le Sahara comme portion du territoire algérien.

Comme on le verra plus tard à Evian, le GPRA était disposé à faire des concessions quant à l’exploitation des hydrocarbures au Sahara par les compagnies françaises, à offrir toutes les assurances nécessaires ....

C’est finalement, le 5 septembre 1961, que le général de Gaulle annonçait au cours d’une conférence de presse et pour la première fois que les départements sahariens des Oasis et de la Saoura faisaient partie intégrante de l’Algérie.