ALGERIE DOCUMENTATION LIEUX EL ARROUCH

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962



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EL ARROUCH

EL ARROUCH

Comme on l'a vu au cours de l'histoire de la conquête de PHILIPPEVILLE, EL ARROUCH a eu son heure de célébrité, car c'est de son camp retranché que les soldats du Général Valée sont partis pour effectuer la prise de PHILIPPEVILLE.

Lorsque les troupes françaises parvinrent à EL ARROUCH, les vestiges de la voie romaine, de Stora à Cirtha étaient encore visibles et utilisables. C'est en suivant ce ruban de pierres, que les bataillons arrivèrent sur la côte.

En 1838, les premiers détachements s'installèrent à demeure. Quatre bastions visibles encore de nos jours assurèrent la défense du camp.

Les premiers colons débarquaient en rade de Stora et attendaient au dépôt des Isolés de PHILIPPEVILLE, le départ d'un convoi militaire pour gagner les terres de colonisation qui leur étaient destinées.

Le peuplement d' EL ARROUCH fut surtout assuré par des familles belges et allemandes.

Les sapeurs du Génie n'avaient pas encore commencé les baraques en bois que ces émigrants furent dirigés sur EL ARROUCH. Ils durent camper sous la tente, aux environs d'un fortin qui était gardé par un détachement du 1er Bataillon d'Afrique.

Lorsque ce fort fut abandonné par la troupe, il fut transformé en ferme, dont le nom actuel, (ferme du 1er Bataillon d'Afrique) rappelle l'origine.

L'occupation militaire dura de 1838 à 1846. Avant de quitter le camp devenu un village, pour couronner son oeuvre de colonisation et de pacification, l'Armée édifiait au carrefour des routes, une fontaine portant cette inscription : "l'Armée à la Colonie - 1846" La commune d' EL ARROUCH fut créée par décret du 28 Août 1881.

C'est un chef-lieu de canton à 32 km de PHILIPPEVILLE et 57 de CONSTANTINE, bâti à 132 mètres d'altitude.

Un marché arabe réputé dans le département se tient tous les vendredis. De nombreuses transactions et des ventes de bestiaux sont traitées ce jour-là.

La gare de ROBERTVILLE ARROUCH se trouve à 6 km.

EL ARROUCH est un grand village d'agriculteurs.

Il possédait autrefois un asile d'alliénés, qui fut transformé par la suite en Asile colonial de Vieillards. D'importants bâtiments entourent une grande cour-jardin où 120 pensionnaires de l'Hospice se groupent pour se reposer ou rappeler leurs souvenirs. Ils finissent à l'ombre des palmiers et des grands arbres de ce jardin une vie qui n'a pas toujours été heureuse. Par deux fois le Gouvernement dû repeupler ce centre de colonisation, les colons ayant été décimés par le choléra et les tremblements de terre.

Lorsque l'on songe à de pareilles calamités, qui ont anéanti toute une population, on ne peut retenir son admiration devant le courage et la ténacité des émigrants, bavarois ou alsaciens, qui relevèrent ces ruines et, après avoir couché dans la glaise du cimetière les êtres les plus chers, ont continué cependant leur labeur quotidien.

On devrait graver en lettres d'or dans toutes les mairies des villages de l'arrondissement les noms de ceux qui furent les héroïques soldats de la conquête pacifique du sol sur les pillards, sur les fauves, sur la malaria et sur la misère.

EL ARROUCH a connu au début de la colonisation des périodes tragiques. Nombreux sont les colons dont les tombes recouvertes par les ronces, ne connaissent pas la pieuse sollicitude des descendants. Des familles entières ont disparu sans laisser de traces. D'autres les ont remplacées depuis 1850, et quelques unes ont fait souche. Leurs enfants actuellement dans l'aisance vivent dans un pays sain et continuent à développer leurs moyens de culture. Quelques excursions intéressantes sont à recommander.

Après avoir visité l'Hospice des vieillards, la mosquée, on peut se rendre en automobile (10 km) à la ferme Pellet. De là, en mulet, parvenir en 1 h 30 au sommet des Toumiettes (864 mètres).

Le panorama par temps clair est grandiose. On a devant soi tout l'horizon de PHILIPPEVILLE à DJIDJELLI, on aperçoit ces deux villes, et COLLO au milieu.

L'excursion au barrage des ZARDEZAS est également recommandée.

Elle se fait aisément en automobile par une route très belle.

Le barrage en construction est une oeuvre remarquable. Il est destiné à endiguer 50 millions de mètres cubes d'eau devant servir à l'alimentation de la ville de PHILIPPEVILLE et à l'irrigation de toute la plaine du Saf-Saf.

Des huileries modernes existent au village d' EL ARROUCH. On pourra les visiter avec intérêt. Au cimetière du village s'élève une pyramide dressée par le 61ème Régiment de Ligne à la mémoire des frères d'armes morts en Afrique de 1837 à 1843.


En continuant la route d' EL ARROUCH à ROBERTVILLE on arrive au village de SIDI-MESRICH qui se trouve à 10 km et à 42 de PHILIPPEVILLE.

Cette route va rejoindre celle du col de l'Estaya sur COLLO, et serpente à travers un massif forestier de toute beauté.

En revenant vers PHILIPPEVILLE on traverse le village de GASTONVILLE créé en 1848, dans une région très fiévreuse, aussi les débuts de la colonisation furent désastreux. Comme à ROBERTVILLE, par deux fois, il fallut repeupler le village.

Actuellement l'état sanitaire est excellent.

Le village comme tous les centres algériens est tracé en carrés, avec des rues droites et larges. La route nationale le traverse entièrement.

La région est riche en vignobles et surtout en terres à céréales, et l'élevage des bestiaux est pratiqué par tous les indigènes.

Le village est planté au bord du Saf-Saf qui chaque année élargit son lit au détriment des riverains. Des travaux de défense ont été effectués pour empêcher ce déplacement du lit de l'oued.

C'est en 1847 que l'autorité militaire a ouvert les registres de l' État-Civil du camp fixe d' EL ARROUCH.

Tour à tour furent officiers de l' État-Civil de 1847 à 1850 :

Louis PARAT ; Jean-Claude BOIVIN ; Joseph SOUVILLE ; Claude Joseph BOUVARD ; Adolphe TACUSSEL ; Guy Marie BOTHNA ; Adolphe CHARRONAT ; Joseph CARLIN ; Louis d'AUBUSSON ; Adolphe HARRIET ; François MAURICE.

Le 2 octobre 1840, M. CHADEYSSON, chef du 3e Bataillon d'Infanterie Légère d'Afrique, commandant le camp d' EL ARROUCH faisait à la mairie de PHILIPPEVILLE, la déclaration de la naissance, survenue le 2 octobre au camp, de Ernestine KOSSIOLOWKI, fille d'un réfugié polonais. Cette déclaration comme le mentionne cet acte "résulte du registre destiné à l'inscription de l'État-Civil fait hors du territoire français pour le camp d' EL ARROUCH"

Ces registres précieux ont été envoyés très probablement aux archives de l'Armée au lieu d'être déposés au greffe du Tribunal civil.

Ce fut la première naissance. Tous les actes de l'État-Civil jusqu 'à l'ouverture de ceux spéciaux à EL ARROUCH, furent ainsi enregistrés sur les registres de PHILIPPEVILLE.

L'État-Civil fut établi en 1848 et le 28 janvier, s'ouvrait par la naissance de WEISS Catherine Salomé, fille de Frédéric, boucher charcutier, dont les témoins furent BRONNER Chrisostome et HABERZETTEL Joseph, tous deux gendarmes à cheval au camp fixe d' EL ARROUCH.

Le 2e fut celui de DEMARCEY Louise Rosalie, née le 11 mai, fille de Jean, aubergiste à EL KANTOUR.

Il y eut en 1848, 7 naissances la plupart à l'Hôpital militaire :

VISSER Joséphine, MONIX Joseph, LALORY Marie, RICHARD Jean, RACHET Antoinette, SCHUIT Thérèse, FOSSEREAU Claire.

En 1849, 13 naissances parmi lesquelles, CRETE Alexandre, né le 23 février, fils de Louis GILLES, colon agricole. Ce fils de colon était encore bien conservé en 1925, puisqu'il se mariait le 12 juillet à Mért (Oise) à 76 ans.

Le 4 mars, LEMONT Marie, fille de François, concierge des bâtiments militaires d' EL ARROUCH. Le 14 mars, une lacune dans l'acte a privé de prénoms, pour le restant de ses jours, le jeune BOEFF, fils de Victor, boulanger.

Le 20 septembre ADJUS Gaytano Joseph Salvator, fils de Jean, marchand de comestibles. Le 26 septembre PELLEGRINO Victoire Marie, fille de l'Italien Joseph.

Le 20 décembre NAY Henri, fils de François, garde forestier.

En 1850, sept naissances, parmi lesquelles le 28 janvier, MONIN Thérèse, et MONIN Marie Séraphine, jumelles, filles de Joseph colon. Le témoin était le sieur CALAMAR François, menuisier.

Le 6 février, ABOUCAYA Moïse, fils de Martin, interprète, âgé de 30 ans ; témoins Clovis VILLEMAIN, propriétaire, 33 ans et GRECQ André, épicier 27 ans.

Le 11 octobre, DELOZANNE Etienne, fils de Pierre, piqueur des Ponts-et-Chaussées, marié à PHILIPPEVILLE en 1916 à l'âge de 66 ans.

Le camp fixe d' EL ARROUCH a été épargné par les grandes épidémies si meurtrières.

Les officiers, commandant le camp de colonisation, envoyaient à l'intendant militaire de PHILIPPEVILLE les déclarations de naissance, de décès et de mariage depuis la création du camp jusqu'en 1847, date où la commune d' EL ARROUCH put tenir des registres d'État-Civil réguliers. En 1842, Louis PARAT, capitaine commandant la colonie déclare trois décès civils. En 1843, il en déclare deux.

En 1847, on note 26 décès. Le premier enregistré, le 11 janvier est celui de ACHOUPART François, civil maltais, mort de pleuropneumonie. Le 2e est celui de BUTHURIN Joseph, grenadier au 31e Régiment de Ligne, 26 ans, de passage à EL ARROUCH pour aller à PHILIPPEVILLE, et partir en convalescence, originaire de ROMANS (Drôme), il est mort de dysenterie chronique.

Le 12 avril, FOSSEREAU Florine Sahara, 4 ans 8 mois, déclarée par Jean Baptiste TRACQUI, maréchal-ferrant, âgé de 30 ans.

Le 7 juin, BARRUEL Claude, surnommé CARABY charretier, 35 ans, trouvé mort à l'oued Hamart, à 10 km d' EL ARROUCH.

Le 5 juillet, ORLANO TORQUATO, né à Parme (Italie)

Le 6 août, STOCKERT Elisabeth Barbe, 71 ans, domiciliée à Saint-Charles, née à BURGLICHTEMBERG (Bavière), déclarée par son gendre ROHZBACHER Frédérik, colon concessionnaire à Saint-Charles.

Le 10 septembre, DELMAS François, célibataire, 35 ans, sans profession, trouvé mort sur la route de PHILIPPEVILLE à 1 km de la Place, ainsi que CASTASSEC Bernard manoeuvre, 44 ans, originaire de l'ariège.

Le 15 août, PUCELLE Henri François.

Le 28 octobre, COGNASSE Gabriel, du Puy-de-Dôme.

Le 27 septembre, DULON François, 43 ans, des Hautes Pyrénées.

Le 31 octobre, MUZAT François, 34 ans, de la Dordogne, mort d'un coup de feu.

Le 4 décembre, MOHAMMED, Indigène né à Tunis en 1811.

Texte d'Emile Ledermann paru sur le site de Marcel-Paul Duclos