-1934, à 20 ans il sort parmi les premiers de l’école polytechnique et opte pour la carrière militaire.
- 1940, Il est au Maroc – alors protectorat français – lors du désastre subi par l’armée française, en juin 1940. Jeune lieutenant, il refuse de rejoindre la France libre.
Il supporte mal l’effondrement de l’Armée française en l’année 1940 devant la Wermacht. Il rejoint l’Afrique du Nord où le Général Weygand essaie de reconstruire l’Armée française. Au débarquement Allié il rallie la 2e D.B. et participe à la campagne de Tunisie. Suivent la libération de la France et la conquête de l’Allemagne.
- Après l'école de guerre il va à l'état major de de LATTRE (3 ans). Le « Roi Jean » le marquera pourtant il ne le suivra pas lorsque ce dernier est nommé commandant en chef en Indochine car il est passionné par l'ABC (Arme Blindée Cavalerie).
- La fréquentation de camarades revenant d'Indochine (LACHEROY, TRINQUIER), etc..) engendre une mutation chez ARGOUD qui devient petit à petit un adepte de la contre-guerilla.
- 1954 Jacques Chevalier, secrétaire d’État à la guerre du gouvernement Pierre Mendés France, l’appelle à son cabinet comme attaché militaire. C’est dans ce bureau parisien feutré que le plus jeune colonel de l’Armée française reçoit son affectation comme commandant du 3e Régiment de cavalerie à cheval dans le secteur de L’Arba. Argoud comprend rapidement que l’ABC, qui lui est si chère, n’a pas sa place dans ces batailles des djebels. Argoud, avec ses cavaliers et ses supplétifs musulmans que l’on n’appelait pas encore « harkis », applique des méthodes expéditives qui vont impressionner les fellaghas et rassurer les musulmans de la région de L'ARBA. Cette méthode consiste en l’application d’une justice rapide et exemplaire, en faisant fusiller sur la place publique, les chefs rebelles et les responsables d’exactions inhumaines sur des populations civiles, en présence des survivants ou des familles de leurs victimes. Il existe une justice pour les temps de paix et une législation pour les temps de guerre or nous sommes en temps de guerrre révolutionnaire, écrit alors Argoud.
- Il est rappelé à Paris, parce qu’il dérange les politiques. Un séjour de 1957 à 1958, au sein des Forces françaises en Allemagne, l’écarte de la bataille d’Alger et du coup d’État du 13 mai 1958. Il réintègre toutefois, peu après, la guerre d’Algérie, en qualité de chef d’État-major du Corps d’Armée d’Alger sous les ordres du Général Jacques Massu et commence vraiment sa carrière politique : Interprétant le combat mené par la France comme un « épisode de la lutte entre le monde communiste et le monde occidental », Argoud, qui invoque de manière récurrente sa fidélité à sa « conscience chrétienne ».
Les colonels d’Alger, tous baroudeurs de la guerre d’Indochine, (Broizat, Château-Jobert, Gardes, Godard et Lacheroy), demeurent quelque peu sur leur réserve à son égard parce qu’il n’a jamais combattu en Extrême-Orient.
- La bavure voulue ou non du Général Massu qui provoque son limogeage, entraîne alors les « Journées des barricades » déclenchées par Jo Ortiz et Pierre Lagaillarde, en liaison avec Gardes et Argoud ! Dans le relais entre un Général expérimenté limogé, (Massu), et un nouveau commandant en chef débutant, (Crespin), le « véritable patron » du Corps d’Armée d’Alger, n’est autre qu’Antoine Argoud qui se trouve pour la première fois de sa carrière, impliqué dans un soulèvement civil appuyé par quelques militaires contre le gouvernement. Argoud s’imagine que la gravité des événements, sous la pression d’un million de Français d’Algérie et de l’Armée engagée dans le confit des djebels, peut amener un changement de politique de la part de de Gaulle ou de provoquer son départ. Il essaie d’infléchir Michel Debré, venu faire une excursion rapide et discrète à Alger pour vérifier « l’état des lieux », en lui demandant de rester fidèle à lui–même et à ses engagements des « Cahiers de la colère » et de faire changer de position le Général de Gaulle sur l’avenir de l’Algérie française.
- Le 24 janvier 1960 n’est pas le 13 mai 1958. Le couperet tombe provoquant exil, mutation, condamnation et prison : le Colonel Antoine Argoud est muté à Montpellier puis à Metz.
- A Paris Antoine Argoud retrouve ses amis d'Alger (Godard, Broizat, Vaudrey, Romain des Fossés, De Blignières, Chateau Jobert, Gardes, Lacheroy).
- 21 avril 1961, c'est le Putsch. Le Corps d’Armée d’Oran se montre très réticent à rallier les putschistes. Après les renoncements de la Légion (Colonel BROTHIER) de Sidi-Bel-Abbès et de l’Amiral Querville, commandant la base de Mers-El-Kebir, le Général Challe envoie alors à Oran, Antoine Argoud et les parachutistes des 14e et 18e RCP persuader le Général de Pouilly, chef du Corps d’Armée d’Oran. Quand ils arrivent à Oran, le Général de Pouilly et M. Gey, le préfet de l’Oranie, reniant leur engagement donné au Général Zeller, quittent la ville. On apprend alors par Alger l’échec du putsch et la reddition du Général Challe. Les deux envoyés sur l’Oranie, le Général Gardy et le Colonel Argoud se retrouvent complètement isolés. Argoud est meurtri de ne pas avoir été consulté. Les deux régiments parachutistes regagnant alors leurs zones opérationnelles dans le Constantinois avec ARGOUD. Gardy, se fond dans la clandestinité civile tandis qu'Argoud opte pour l’exil et gagne avec Lacheroy l’Espagne.
- Condamné à mort par contumace le 17 juillet 1961, il est alors interné aux Canaries par FRANCO, à la demande du gouvernement français. Il s'en évade facilement pour regagner la France, en février 1962. Il entre en contact avec le capitaine Pierre Sergent et le lieutenant Godot, avec lesquels il participe aux actions de l'OAS.
- Argoud rallie le « CNR » de Georges Bidault et Jacques Soustelle. En mai 1962, il se proclame « Chef de l’OAS en France » afin de ressouder les différents courants de pensées. En qualité de membre du CNR, il prend son bâton de pèlerin sans grand succès. A la suite des reprises d’attentats visant De Gaulle, Pierre Mesmer demande une « opération Homo » contre Argoud aux Services spéciaux qui refusent de s’y prêter. Par contre le 25 février 1963, une opération « Barbouzes », menée avec des truands du bar « Gavroche » de Jo Attia, Boucheseiche et Renucci, qu’il a eu le temps d’identifier, avant son enlèvement à la sortie de son hôtel à Munich, le ramène en France. Le chef militaire de l’OAS est retrouvé, ligoté et le visage tuméfié par des coups, dans le coffre d’une fourgonnette, garée près de la préfecture de police, où se trouve le bureau du commissaire Bouvier, chargé d’enquêter sur Argoud. Le chef de la P.J. manifeste aussitôt officiellement sa réprobation d’une telle action au mépris des lois internationales. Le gouvernement allemand réclame mollement et en vain la restitution du Colonel Argoud. Il est, à nouveau, condamné à la détention criminelle à perpétuité en décembre 1963 par la cour de sûreté de l’État. Pendant son procès, il se contente de répondre aux questions des juges : « Je ne suis pas à Paris ! Je suis toujours à Munich ! »
- L’amnistie du 15 juin 1968 lui ouvre les portes de la liberté. Il quitte la prison de la Santé pour gagner à pied son village de Darney dans les Vosges. Le périple de 350 kilomètres passe par Colombey-les-deux-Eglises. D’aucuns prétendent que c’était volontaire et qu’il aurait sonné au portail de La Boisserie où se retirera bientôt de Gaulle.
- Le retour à la Paix d’Antoine Argoud réveille sa première passion : la graphologie. Il ouvre un cabinet d’expertises et œuvre auprès des Tribunaux. Il demeurera toujours fidèle à ses amis politiques et consacrera son bénévolat à la défense de ses compatriotes.
- En 1974, Il publie son unique livre, « La Décadence, l’Imposture, la Tragédie », ouvrage de mémoires autant qu’un manifeste contre la trahison gaulliste.
Adieu mon Colonel…
Celui que l'écrivain pied noir Jean Brune qualifiait de dernier Paladin du monde occidental a rejoint la petite phalange de ses camarades d'infortune et de fidélité, les Colonels Gardes et Godard, le Commandant Guillaume, le Général Salan, et tous ceux qui, il y a quarante ans, on écrit une page d'histoire qui ne convient plus à ce pays, celle de l'Honneur.
- Gilles Buscia - Président d'honneur du Cercle de Nice.
Note :Il s’est trouvé un député, Jean-Pierre Soisson, pour rendre hommage au colonel Argoud à la tribune de l’Assemblée nationale, le 11 juin 2004, lors du débat sur le projet de loi portant reconnaissance de la nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés.
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