Vient alors pour quelques éléments de la 13e DBLE le temps du combat fratricide, de la douloureuse campagne de Syrie, où l'ennemi d'aujourd'hui est l'ami d'hier ! Forces Françaises Libres contre armée d'armistice aux ordres de Vichy. Si Amilakvari fait preuve comme toujours d'une rare efficacité au feu, il ressent très durement sur le plan moral cet affrontement. Bien qu'étant nommé lieutenant-colonel au cours de la campagne, il continue à arborer ses galons de commandant... La 13e DBLE est engagée devant Damas. Une fois le calme revenu et la victoire des forces anglo-FFL acquise, la convention de Saint-Jean d'Acre permet à la demi-brigade d'accroître ses effectifs au travers de ralliements. L'unité ne s'articule plus désormais en deux, mais en trois bataillons. Le 19 octobre, dans le cadre d'un sublime palais d'Orient, à Homs en Syrie, la 13e DBLE reçoit enfin son drapeau. L'unité constituée à la va vite, n'avait ni drapeau, ni insignes régimentaires ! c'est Amilakvari, genou à terre qui reçoit le drapeau, fabriqué au Caire par des françaises expatriées. L'homme qui le lui remet, Amilkavari le connaît depuis longtemps et le respecte : le général Catroux. Le lieutenant-colonel Dimitri Amilakvari prend le commandement de l'unité. Quelle gloire et que de chemin parcouru pour ce jeune prince caucasien !
En décembre, la 13e DBLE achève sa réorganisation. Elle est scindée en deux : le Ier bataillon reste en Syrie tandis que les IIème et IIIème bataillons sont affectés à la Brigade Kœnig, et partent pour l'Egypte. Fin janvier 1941 Amilakvari et ses légionnaires s'emparent de la position d'Halfaya où ils font de nombreux prisonniers. Cette année 41 voit aussi l'arrivée en Afrique du Nord d'un corps expéditionnaire allemand, l'Afrika Korps, commandé par un général qui deviendra une véritable légende, Erwin Rommel. Bientôt, dans quelques mois, les forces italo-allemandes se frotteront à Amilakvari sans réussir à prendre l'avantage.
Ainsi le 15 février 1942, les deux bataillons de la 13e DBLE arrivent en compagnie d'autres éléments du général Koening à Bir Hakeim. Les légionnaires participent à la construction de la ligne Ghazala - Bir Hakeim, composée de champs de mines, de fortins et de points d'appui. Bir Hakeim ressemble à une sorte de grand triangle de trois kilomètres de côté. On y creuse des trous de combat dans le sable et la rocaille. Quelques ruines sont transformées à la va vite en Quartier Général. Les rations de nourriture et d'eau sont réduites au minimum. Pour Amilakvari et ses "képis blancs" c'est le premier combat contre les "boches" depuis le départ de France en juin 40. Dès le 27 mai, et pendant deux semaines, les Français Libres vivent l'enfer parvenant à fixer quatre divisions de l'Axe, équipées de blindés et d'artillerie lourde. Les raids aériens sont incessants et les Stukas pilonnent jusqu'à quatre fois par jours les positions. 3.826 hommes luttent face à un ennemi largement supérieur en nombre et en moyens. Amilakvari est partout, court d'une position à l'autre, anime et encourage ses légionnaires, guide les tirs d'artillerie, réconforte les blessés, bref, il se comporte en chef admirable et admiré ! Les tankistes italiens se "cassent les dents" sur la position. Les Allemands du DAK ne font pas beaucoup mieux. Rommel propose la reddition à Kœnig qui la refuse. La position de Bir Hakeim, encerclée et isolée, entre dans la légende et permet aux anglais de la VIIIe armée anglaise de se renforcer. Dans la nuit du 10 au 11 juin, sur ordre, les FFL de Bir Hakeim, décrochent puis quittent de nuit leurs positions. Ils parviennent à briser l'encerclement des forces de l'Axe et à regagner les lignes alliées. Le 31 août 1941 Amilakvari prend la tête de la 13e DBLE et devient chef de corps à 35 ans !
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