Historique Fouka - Ville

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
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Liste des Villes

Présence française

1830 - 1962 ALGERIE

La colonisation militaire est la grande idée du gouverneur Bugeaud.
Il propose d'abord de remettre des troupeaux d'ovins et de bovins maigres à des soldats nomades qui les livreraient engraissés à l'Intendance.
Ensuite abandonnant ce projet d'élevage, il réalise dans le Sahel algérois à FOUKA un premier essai de village militaire avec des soldats libérés.

Voyons dans le Sahel comment l'idée qu'il s'était mis en tête se concrétisa.

En 1841 Bugeaud rassemble tous les libérales des camps de l'Algerois et les exhorte à rester en Algérie pour qu'ils deviennent colons.
Seulement 63 sur un millier répondent à son appel, 2 à peine possèdent quelques notions d'agriculture et savent tenir une charrue !

II fonde Fouka avec ce très petit nombre de volontaires, mais beaucoup abandonnent dès le début.
Pour retenir les plus méritants Bugeaud propose à son ami le maire de Toulon que le grand port varois recherche 20 jeunes filles.
Les mariages sont célébrés, suivant sa volonté, comme une cérémonie militaire d'où le qualificatif de mariage au tambour donné par les députés de l'opposition.
Les 3/4 des toulonnaises s'enracinèrent à Fouka.

Dès la fin 1843 des familles civiles s'installent à Fouka. Le curé du centre y attire 13 familles de l'Isère, ses compatriotes du Var et de la Drôme arrivent ensuite. L'étape du peuplement militaire se termine.

Les terres défrichées de ce centre créé à l'emplacement d'une source aménagée par les Romains sont au début ensemencées en blé et en fèves, les rendements sont faibles. La terre ne procure pas assez de bénéfices, beaucoup doivent partir.

A Fouka la vigne se répand partout, elle passe de 132 ha en 1878 à plus de 900 ha un demi-siècle plus tard. Elle donne des vins de qualité supérieure. Dans les interlignes du vignoble pommes de terre et petits pois sont cultivés : Fouka n'a eu sa cave coopérative qu'en 1927, mais c'est dans ce village en 1884 que le colon Paul Brame résolut le problème capital qui se posait aux viticulteurs des pays chauds : empêcher les températures de dépasser 40° dans les cuves en fermentation. Il prêcha de longues années dans le désert avant que sa méthode de vinification fut acceptée.
Brame le premier appliqua les procédés de réfrigération à la vinification des moûts de raisin ; grâce à lui les vins aigres-doux causés par les fermentations à haute température que l'on qualifiait de goût d'Algérie disparurent, l'emploi du réfrigérant ne resta pas confiné en Algérie, il fut adopté aussi par d'autres pays chauds tel que la Syrie, l'Argentine, l'Afrique australe, le Mexique, la Californie (cf la vigne en Algérie thèse H. Isnard p194)

Dans l'histoire des 975 villages pieds noirs Fouka, un des 3 « villages de Bugeaud », se singularisaient par 3 faits :

  • d'une part par une faible proportion des terres improductives (moins de 5%) - « À Fouka, plus que dans tout autre centre, tout ce qui pouvait être mis en culture l'a été et seules quelques broussailles de lentisques éparses ont subsisté là où la charrue ne pouvait attaquer le roc » (cf Un village de colonisation de Bugeaud : Fouka. Pierre Rouveroux p13)
  • d'autre part par une absence presque totale de la propriété indigène - « alors que dans de nombreux centres, les indigènes ont pût racheter une partie des lots de colonisation européenne, les habitants de Fouka, se sont au contraire attachés à leur terre ».
  •  enfin par un maintien de la petite propriété, « Fouka est resté très morcelé ».

extrait (partiel) des " aux échos d'Alger, numéro 95 - Marc MONNET

Mariages au tambour

Le 10 juillet 1842, Bugeaud s’adresse au ministre de la guerre : Jusqu’à présent, la population du village militaire de Fouka se compose de 60 colons tous célibataires.

Dans la vue de les attacher au sol, en les y retenant par des liens de famille, de manière à les y implanter d’une manière permanente, il m’est paru tout à fait indispensable de favoriser le mariage d’un certain nombre d’entre eux. Des ouvertures, leur ayant été faites à cet effet, le Commandant supérieur de Coléah, m’a transmis l’état nominatif des vingt plus méritants et plus persévérants à poursuivre les travaux de colonisation. J’ai pris l’engagement envers eux de les faciliter dans leurs projets de mariage, et, convaincu que Votre Excellence approuvera cette disposition, je leur ai promis de leur faire attribuer à cette occasion, à chacun une somme de 500f.[...]

M. le Maire de la ville de Toulon avec lequel je me suis mis en rapport pour cet objet a fait rechercher des filles modestes, laborieuses, à choisir soit parmi les jeunes personnes élevées à l’hospice, soit dans des familles honnêtes d’artisans et de cultivateurs. J’ai lieu d’espérer que le Conseil Municipal de Toulon accueillera favorablement l’appel que je lui ai fait pour l’engager à voter de son côté une certaine somme pour la dot des jeunes filles, afin de concourir à placer les nouveaux ménages dans une situation prospère.

Dès que ces arrangements pécuniaires seront terminés, je ferai donner successivement des permissions aux colons militaires pour aller contracter mariage, et chercher leurs femmes à Toulon.
(Les Foukassiens, archives et documents rassemblés par Roger Leuwers)

En août 1842, Bugeaud expédie à Toulon les vingt sujets qui paraissaient « les plus sérieux et les plus méritants ».

Le lendemain même de leur arrivée, ces heureux élus sont mis en présence, par les soins de la municipalité, de vingt jeunes filles pour la plupart orphelines, choisies parmi les domestiques de la bourgeoisie et les employées de magasin. La ville de Toulon accorde à chacune d’entre elles une petite dot de 200 F., et elles reçoivent en outre de nombreux cadeaux.

Après maintes péripéties, échange de fiancées entre camarades, ruptures et raccommodements, on finit par s’entendre, et, au bout de 3 mois - délai maximum fixé par Bugeaud - les mariages sont célébrés en grande pompe, avec accompagnement de tambours, clairons, musique, discours et sermons. Les vingt nouveaux couples précédés d’une fanfare défilent sous une pluie de fleurs devant le Conseil Municipal assemblé, puis joyeux et fiers, ils s’embarquent pour l’Afrique !

Ces « mariages au tambour » furent pendant quelques semaines l’objet de gloses de la presse française, et pourtant ils n’ont pas été en général plus malheureux que d’autres.

Si quelques-unes des Toulonnaises, transplantées dans un milieu peu policé, où elles furent en butte aux trivialités de la soldatesque, prirent le parti de fuir le domicile conjugal, les trois-quarts de leurs compagnes s’enracinèrent, et, comme l’avait prévu Bugeaud, firent de beaux rejetons !


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