L'unité italienne est en cours de réalisation. Les derniers obstacles politiques tombent avec la défaite française de 1870 permettant l'intégration des territoires pontificaux.
Tandis que Gènes, ancienne thalassocratie, même affaiblie, semble poursuivre son expansionnisme sur la lancée dans ses traditions maritime et commerciale, l'ancienne Cité s'ouvre à l'industrialisation du XIXe siècle. Elle s'appuie efficacement sur des réseaux commerciaux déployés depuis les croisades dans le bassin méditerranéen.
Cette mutation dans la continuité va en partie façonner le visage de l'Italie moderne.
Il illustre particulièrement les rivalités coloniales entre puissances européennes et traduit l'importance des enjeux économiques sous-jacents.
Les accords passés entre France et Angleterre, résultant de l'entente cordiale, réservaient à la France la colonisation de l'Afrique du Nord.
Forte de ces accord, la France déjà appuyée par le succès de son intervention en Algérie, a déployé une intense activité diplomatique. Elle tendait à écarter et empêcher les vues italiennes sur les diverses entreprises dont l'ère industrielle et coloniale ouvrait les séduisantes perspectives, notamment en Tunisie.
Un groupe d'origine gênoise installé en Tunisie, les tabarquins, avait su établir des liens reposants sur l'estime, la confiance et la compétence, avec l'autorité ottomane. La connaissance du terrain de ces gens ajoutée aux maladresses diplomatiques françaises, ont favorisés le succès relatif de quelques entreprises italiennes.
Ainsi Rubattino a pu racheter en 1880 aux Anglais (concessionaires depuis 1871) au terme de forte surenchères, la concession de la ligne de T.G.M. reliant la capitale au port de la Goulette. Le consulat italien qui appuyait ce rachat, visait à terme la main mise sur la concession du port de La Goulette et l'élargissement de l'emprise économique italienne sur la zone.
L'intervention militaire française de 1881, et l'octroi à la France de la concession du creusement du nouveau port de Tunis ruinaient les espoirs de Rubattino par l'investissement stratégique, mais antiéconomique de la France. L'histoire et l'absence de rentabilité du T.G.M. amenèrent l'entreprise Rubattino dont le fondateur est décédé en 1881) à se désengager par une vente à des intérêts français en 1898,
Cette affaire du T.G.M. fit grand bruit à Tunis. L'Italie a tenté sans succès de compenser et contrer par des campagnes d'opinions discréditantes, la nette et insolente supériorité financière, voire militaire, de la France dans ses entreprises coloniales.
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