BLANDAN Fait d'armes

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962
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Blandan Jean-Pierre
BLANDAN Fait d'armes
Le 1er, mai 1887, la statue de Blandan fut inaugurée à Boufarik. Elle représente le sergent blessé qui montre à ses compagnons la voie de l'honneur. Des bas-reliefs reproduisent diverses phases du combat. Le socle du monument renferme les ossements du brave sergent et de ses compagnons.

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Onze avril 1842, six heures du matin. Comme chaque jour, un détachement de soldats quitte le camp d'Erlon à Boufarik pour porter le courrier à la redoute de Beni-Mered. Le pays n'est pas sûr, des goums de partisans guettent l'Européen. Les gens du Khalifa de l'est, Ahmed-ben-eth-Thaiyeb-ben-Salem, des cavaliers hadjouth sillonnent sans cesse la Mitidja, prêts à accomplir leur oeuvre de mort. Nous sommes encore aux temps héroïques de l'installation française en Algérie. L'on ne peut se risquer en rase campagne sans être en nombre et armé jusqu'aux dents. Aussi, le service de la correspondance entre les postes se fait-il par détachements. Et la petite troupe qui quitte Boufarik le 11 avril 1842, escorte le courrier jusqu'à Beni-Mered, redoute en terre avec blockhaus, située à huit ou neuf kilomètres de là.

Ils sont seize jeunes conscrits du 26e de ligne, ayant à peine quelques mois d'école, un brigadier, deux cavaliers du 4e chasseurs d'Afrique. Un chirurgien, le sous-aide major Ducros, rentrant de congé, s'est joint à eux pour regagner son poste à Mered. Le sergent Blandan commande ce détachement de vingt hommes. Avant le départ il a scrupuleusement examiné la plaine au télescope. Elle semble déserte et calme: pas un seul maraudeur en vue, une quiétude singulière règne sur la plaine aride.

La troupe se moque des précautions prises par le chef et devise gaiement. Au bout d'une heure de marche elle atteint la Châbet-elMechdoufa à deux kilomètres de Boufarik, et s'apprête à descendre dans le lit desséché de ce ravin -aujourd'hui presque comblé quand, tout à coup, le brigadier Villars et ses deux chasseurs, qui marchent à une centaine de mètres en avant, se replient précipitamment sur le détachement, et lui signalent la présence, dans le ravin, de nombreux cavaliers ennemis, qui ont mis pied à terre, dans les lauriers roses, afin de ne pas signaler leur présence.

Instant pathétique ! les fantassins de Blandan ne se font pas d'illusion sur l'inégalité du combat qui va s'engager. Ils se défendent jusqu'à la mort. Ils n'ont chacun que vingt cartouches, seuls les trois cavaliers auraient pu aisément faire demi-tour et regagner rapidement Boufarik. Villars dit alors à Blandan : «Soyez tranquille, puisqu'il y a du danger, nous le partagerons avec vous», paroles simples mais qui traduisent le sentiment élevé du devoir des pionniers de l'Empire.

Déjà deux cent cinquante à trois cents cavaliers arabes, poussant leur cri de guerre, surgissent du ravin. II y a là des coureurs du Khalifa du Sebaou, Ahmed-ben-eth-Thayeb, des cavaliers de Hadjouth: Brahim-benKhouiled, Mostafa-ben-Smaïn et Djilaï-benDououad qui en est le chef, sont vêtus du burnous rouge de l'émir El-hadj-abd-el-Kader. L'un d'eux quitte ses compagnons pour s'approcher du détachement français et s'adressant à son chef, facilement reconnaissable à son galon et à ses trois chevrons, lui déclare

«Rends-toi nous ne te ferons pas de mal». L'on sait ce que de tels propos signifiaient; aussi, Blandan ajuste-t-il le cavalier arabe et tire : «C'est ainsi que se rend un français», dit-il, tandis que le spahi tombe inerte entre les jambes de son cheval.

L'intrépide sergent exhorte ses hommes au combat. «A présent, camarades, affirme-t-il, il ne s'agit plus que de montrer à ces gens-là comment des français savent se défendre..., surtout ne nous pressons pas et visons juste!».

Mais déjà l'ennemi attaque, ses cris de guerre retentissent étrangement dans la vaste plaine. Les cavaliers arabes, dont le nombre s'accroît sans cesse, enveloppent notre détachement. Ils le criblent de balles et tournoient autour de lui comme une volée de vautours.

A la première décharge ennemie, deux de nos hommes tombent, frappés à mort, cinq sont blessés, un tiers du détachement est donc hors de combat. Mais ils sont déjà vengés. II n'y a pas une de nos balles qui n'ait atteint son but. Les conscrits de Blandan tirent bien. Mais ils doivent maintenant lutter à un contre vingt. «Serrez les rangs», s'écrie le sergent, déjà frappé de deux balles. II est encore debout, superbe de courage et d'audace. Brillant ses dernières cartouches avec un sang-froid de vieux soldat. Soudain une troisième balle l'atteint à l'abdomen. Le sergent s'affaisse aux pieds de ceux de ses intrépides compagnons que le feu a épargnés. Rassemblant ce qui lui reste de force et raffermissant sa voix, le brave sergent s'écrie