« BEN BELLA » : différence entre les versions
Aucun résumé des modifications |
m ortho |
||
Ligne 23 : | Ligne 23 : | ||
Passionné de football dès l'enfance, il ne dissimulait pas sa brève appartenance à l'Olympique de Marseille, durant sa période de service militaire, ni le plaisir qu'il avait pris à constituer une équipe d'amateurs dans sa petite ville natale. Parmi tous les paradoxes qui jalonnent la vie d'Ahmed Ben Bella, il faut savoir qu'il aurait bien pu devenir footballeur professionnel en France, ou faire une carrière militaire, voire conserver la nationalité marocaine qu'avaient ses parents. Durant la Seconde Guerre mondiale, il sera d'ailleurs versé dans un goum (compagnie) de tabors marocains, en qualité de sergent-chef, puis d'adjudant. | Passionné de football dès l'enfance, il ne dissimulait pas sa brève appartenance à l'Olympique de Marseille, durant sa période de service militaire, ni le plaisir qu'il avait pris à constituer une équipe d'amateurs dans sa petite ville natale. Parmi tous les paradoxes qui jalonnent la vie d'Ahmed Ben Bella, il faut savoir qu'il aurait bien pu devenir footballeur professionnel en France, ou faire une carrière militaire, voire conserver la nationalité marocaine qu'avaient ses parents. Durant la Seconde Guerre mondiale, il sera d'ailleurs versé dans un goum (compagnie) de tabors marocains, en qualité de sergent-chef, puis d'adjudant. | ||
"Brillants états de service", c'est ce que disait le maréchal Juin à Alain de Sérigny, l'ancien directeur de L'Écho d'Alger, champion de l'Algérie française, peu suspect de la moindre sympathie à l'égard de Ben Bella. "Conduite militaire tout à fait correcte", c'est ce que dit toujours le colonel Argoud, ancien de l'OAS, qui demeure convaincu que, si Ben Bella avait pu devenir officier, il n'aurait jamais choisi "la rébellion". En 1940, sergent au 14e régiment d'infanterie alpine, Ahmed Ben Bella obtient la Croix de guerre pour avoir abattu un stuka dans le port de Marseille. Et en 1944, au 5e régiment de tirailleurs marocains, il est quatre fois cité, dont deux fois à l'ordre de l'armée, et le général de Gaulle lui remet en personne la Médaille militaire, lors | "Brillants états de service", c'est ce que disait le maréchal Juin à Alain de Sérigny, l'ancien directeur de L'Écho d'Alger, champion de l'Algérie française, peu suspect de la moindre sympathie à l'égard de Ben Bella. "Conduite militaire tout à fait correcte", c'est ce que dit toujours le colonel Argoud, ancien de l'OAS, qui demeure convaincu que, si Ben Bella avait pu devenir officier, il n'aurait jamais choisi "la rébellion". En 1940, sergent au 14e régiment d'infanterie alpine, Ahmed Ben Bella obtient la Croix de guerre pour avoir abattu un stuka dans le port de Marseille. Et en 1944, au 5e régiment de tirailleurs marocains, il est quatre fois cité, dont deux fois à l'ordre de l'armée, et le général de Gaulle lui remet en personne la Médaille militaire, lors d’une prise d'armes qui consacre l'énorme sacrifice des soldats nord-africains en Italie. | ||
C'est durant la bataille du Monte Cassino que Ben Bella sauve son capitaine, Offel de Villaucourt. | C'est durant la bataille du Monte Cassino que Ben Bella sauve son capitaine, Offel de Villaucourt. | ||
Ligne 35 : | Ligne 35 : | ||
En mars 1950, Ben Bella est arrêté à Alger, condamné, au cours d'un spectaculaire procès, à huit ans de détention, non sans avoir profité du tribunal pour tenir d'ardents propos révolutionnaires et nationalistes. En avril 1952, il s'évade de la prison de [[Blida - Ville|Blida]], réussit à gagner Marseille et Paris, où il se cache dans une mansarde de la rue Rochechouart. Puis, via la Suisse, c'est l'Égypte. | En mars 1950, Ben Bella est arrêté à Alger, condamné, au cours d'un spectaculaire procès, à huit ans de détention, non sans avoir profité du tribunal pour tenir d'ardents propos révolutionnaires et nationalistes. En avril 1952, il s'évade de la prison de [[Blida - Ville|Blida]], réussit à gagner Marseille et Paris, où il se cache dans une mansarde de la rue Rochechouart. Puis, via la Suisse, c'est l'Égypte. | ||
Le 9 septembre 1962, Ben Bella déclare: "L'Armée nationale populaire est à Alger, le Bureau politique a triomphé grâce au peuple..." Croit-il vraiment ce qu'il dit? Le 19 juin 1965, l'armée est toujours "populaire", mais le peuple ne bouge pas quand les officiers de l'état-major arrêtent, dans la nuit, le président Ben Bella qui tente encore d'argumenter. "Ne te fatigue pas, Si Ahmed, lui disent-ils, voilà longtemps que tu parles et que nous ne t'écoutons plus..." L'ont-ils jamais écouté? Il leur a servi de | Le 9 septembre 1962, Ben Bella déclare: "L'Armée nationale populaire est à Alger, le Bureau politique a triomphé grâce au peuple..." Croit-il vraiment ce qu'il dit? Le 19 juin 1965, l'armée est toujours "populaire", mais le peuple ne bouge pas quand les officiers de l'état-major arrêtent, dans la nuit, le président Ben Bella qui tente encore d'argumenter. "Ne te fatigue pas, Si Ahmed, lui disent-ils, voilà longtemps que tu parles et que nous ne t'écoutons plus..." L'ont-ils jamais écouté? Il leur a servi de marchepied, leur a donné le pouvoir, leur a garanti les prébendes. Décidément, il y a déjà longtemps que la guerre d'Algérie est finie ! | ||
Après le coup d'État de 1965, Ben Bella, arrêté en pleine nuit et en pyjama, non autorisé à emporter ses vêtements, en déduisit qu'il allait être rapidement exécuté. Détenu d'abord dans une cave du Ministère de la défense (à l'ancien quartier Rignault, siège du nouveau pouvoir comme la villa Joly était le siège de l'ancien), cette présence souterraine permit au colonel Boumediène de diriger son pouce vers le sol et de préciser énigmatiquement à l'ambassadeur de France, Georges Gorse, puis au représentant du général de Gaulle, Jean de Broglie, que "l'ancien président Ben Bella était à sa merci, sous son talon". Objet d'une surveillance constante, soumis au secret absolu, porte de la cellule toujours ouverte, sous la menace des armes de deux factionnaires toujours muets, Ahmed Ben Bella n'eut personne à qui parler durant huit mois. Assez vite transféré au Château Holden, il connut un régime qu'il appelle lui-même "de tombeau" et qui aurait dû provoquer à court terme la démence. Cantonné dans deux pièces aux fenêtres blanchies à la chaux, surveillé par caméras de télévision et micros, jamais autorisé à se rendre dans le jardin, il eut enfin droit aux visites de sa mère qu'on fouillait méticuleusement, au point de défaire ses nattes, et à qui on imposait en dépit de son grand âge un voyage de trois jours pour lui faire croire que la résidence de son fils n'était pas dans la Mitidja, mais très éloignée d'Alger. | Après le coup d'État de 1965, Ben Bella, arrêté en pleine nuit et en pyjama, non autorisé à emporter ses vêtements, en déduisit qu'il allait être rapidement exécuté. Détenu d'abord dans une cave du Ministère de la défense (à l'ancien quartier Rignault, siège du nouveau pouvoir comme la villa Joly était le siège de l'ancien), cette présence souterraine permit au colonel Boumediène de diriger son pouce vers le sol et de préciser énigmatiquement à l'ambassadeur de France, Georges Gorse, puis au représentant du général de Gaulle, Jean de Broglie, que "l'ancien président Ben Bella était à sa merci, sous son talon". Objet d'une surveillance constante, soumis au secret absolu, porte de la cellule toujours ouverte, sous la menace des armes de deux factionnaires toujours muets, Ahmed Ben Bella n'eut personne à qui parler durant huit mois. Assez vite transféré au Château Holden, il connut un régime qu'il appelle lui-même "de tombeau" et qui aurait dû provoquer à court terme la démence. Cantonné dans deux pièces aux fenêtres blanchies à la chaux, surveillé par caméras de télévision et micros, jamais autorisé à se rendre dans le jardin, il eut enfin droit aux visites de sa mère qu'on fouillait méticuleusement, au point de défaire ses nattes, et à qui on imposait en dépit de son grand âge un voyage de trois jours pour lui faire croire que la résidence de son fils n'était pas dans la Mitidja, mais très éloignée d'Alger. | ||
Ligne 41 : | Ligne 41 : | ||
Les conditions s'améliorent quand meurt Boumediène, à la fin de 1978. Mais six mois s'écoulent avant la décision du transfert en résidence surveillée dans le sud, à M'Sila. | Les conditions s'améliorent quand meurt Boumediène, à la fin de 1978. Mais six mois s'écoulent avant la décision du transfert en résidence surveillée dans le sud, à M'Sila. | ||
*Ce portrait est paru dans Le Temps stratégique No 3, hiver 1982-1983.Par Charles-Henri Favrod | *Ce portrait est paru dans Le Temps stratégique No 3, hiver 1982-1983.Par Charles-Henri Favrod | ||
Version du 5 février 2008 à 23:33
![]() | |||||||||
Ahmed BEN BELLA |
| ||||||||
Grade :' | |||||||||
Date de Naissance : 25 juin 1916 Lieu de Naissance : Marnia Pays de Naissance : Algérie Date de décès : Lieu de décès : Pays de décès : | |||||||||
Présentation :
| |||||||||
Faits marquants :
Interné en France de 1956 à 1962 |
Dates importantes :
Renversé par BOUMEDIENNE en 1965, il est emprisonné quatorze ans dans le Sud algérien. | ||||||||
Contexte :
| |||||||||
| |||||||||
|