Fils d'un général de division, Pierre Guillaume sort de l'École navale en 1948. Lors de la guerre d'Indochine, il est officier de marine dans une division navale d'assaut.
Pierre Guillaume restera profondément marqué par les catholiques du Tonkin. Il disait : Qui se souvient de ces curés vietnamiens qui pleuraient en embrassant le pavillon français à l'arrière de nos bateaux ? Qui se souvient de ces jonques, de ces sampans, de ces radeaux de bambou portant des familles entières qui chantaient des cantiques ? Ils voguaient à demi immergé, vers la terre promise symbolisée par le pavillon français … Qui se souvient de toutes ces églises abordant le pavillon du Pape ? J'ai vu des réfugiés chanter les matines sur des bateaux, en actions de grâce. J'ai vu des femmes mettre un enfant au monde sur un radeau de bambou. Chaque paroisse avait sa bannière. C'était cela la chrétienté ! Chaque transport était un miracle. Prévue pour quatre-vingts à cent marins, la Marie-José arrivait à Haïphong avec sept cents chrétiens. Le bateau gîtait mais il tenait. Plus de sept cent mille chrétiens seront sauvés par la Royale.
- On se souvient du raid du Crabe-Tambour : Il remonta jusqu'à la cathédrale de Phat Diem. A lui seul, il sauvera plus de vingt cinq mille réfugiés. Il ne reçut pas la Médaille de saint Grégoire, décoration du Saint-Siège, qu'il avait pourtant méritée.
- Le 20 avril 1956 à Cam Ram, rapatriable après son troisième séjour en Indochine, il décide de rejoindre la Métropole avec un ketch, le Manohara. Après une traversée mouvementée, il échoue son bateau en Somalie à Ras Hafun le 14 novembre 1956 et est de retour à Paris le 18 décembre 1956.
- En 1957 il suspend son service militaire dans la Marine pour prendre en Algérie le commandement du Commando Parachutiste Guillaume à la tête duquel son frère Jean-Marie a été tué.
- En avril 1961, pendant le putsch, il est adjoint du général Challe pour les questions maritimes.
- Jugé le 17 août 1961, il déclare : "Si je n'étais pas dans ce box, je serais dans les rangs de l'OAS". Il est condamné à 4 ans de prison avec sursis. Rendu de force à la vie civile, hostile à la politique d'abandon gaulliste, il rejoint l'OAS.
- Il devient l'adjoint militaire du Général Jouhaud, chef de l'OAS d'Oran. Il organisa, entre autres, le mitraillage d'Oujda par deux pilotes de T6 de l'Organisation.
- Le 24 mars 1962 à Tlemcem, Oranie, il est arrêté par des policiers suite à un contrôle banal de papiers. Ceux de son véhicule ne correspondent pas à celui-ci.
- Pierre Guillaume est ensuite condamné par la Cour de sûreté de l'état, une juridiction gaulliste qui fût par la suite déclarée illégale, à huit années de détention qu'il purgera pour bonne partie à Tulle avec Salan, Jouhaud, Camelin, de Sèze… Dans son rapport circonstancié qu'il adresse à Monsieur l'Amiral, chef d'Etat Major de la Marine, il termine celui-ci par : "Au-delà de l'intégrité du territoire national et de la part de l'Algérie française, c'est l'âme du Pays qui se détruit lentement. Nous avons provisoirement échoué et cela seul, je le regrette."
- Rendu à la vie civile, il continue de vivre sa passion pour la mer en renflouant et affrétant des navires. Il travaille jusqu'à ses derniers jours, avec une grande compétence, à Radio Courtoisie.
- "Sa dernière grande joie aura été d'avoir pu assister, malgré son extrême faiblesse, le 1er novembre à Théoule-Sur-Mer à l'inauguration des 94 plaques du "Carré des Camarades de combat tombés pour l'Algérie française". Il nous avait dit alors quel était son enthousiasme d'avoir vu l'immense ferveur des centaines de participants à cette cérémonie publique d'hommage aux héros de l'Algérie française" (André COLLIN/ADIMAD).
- Son aventure militaire indochinoise lui avait valu d'être le modèle du héros du film de Pierre Schoendorffer : Le Crabe-Tambour.
- Marin exceptionnel, Officier de Marine exceptionnel, Parachutiste d’élite, le Lieutenant de Vaisseau Pierre GUILLAUME est décédé le mardi 3 décembre 2002 après un combat très courageux contre une maladie impitoyable. Aucun Officier de la Marine Nationale, en activité, n'aura le courage d'assister à son enterrement. Après avoir écouté le récit de certaines des histoires qui lui étaient arrivées, une jeune historienne, étudiante à l’EHSS avait eu l’idée d’enregistrer les entretiens. Par la suite, elle a procédé à la mise en forme d’un texte que Pierre Guillaume a relu au cours de l’été 2002 et l’a chargée de sa publication, mais après sa mort. Il tenait à ce que le récit contribue à rectifier les erreurs commises par certains historiens, écrivains, romanciers ou journalistes.
Ce livre a pour titre : "Mon âme à Dieu, Mon Corps à la Patrie, Mon Honneur à Moi" (Editions PLON – Paris 2006).
Il vivait à bord de son voilier, l'Agathe, dans le port de Saint-Malo.
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