Histoires Saint Eugène - Ville - Récits

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962




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Je suis heureux de pouvoir insérer sur le site de Saint Eugène cette petite histoire qui m'a été communiquée par mon ami Gérard STAGLIANO.

Les STAGLIANO, authentiques Saint-Eugènois sont plus jeunes que moi, de la génération de la plus jeune de mes belles-sœurs, Noëlle CHANLON; ils demeuraient à l'ouest de ce qui était « spécifiquement SAINT-EUGENE », au niveau de l'arrêt des CFRA dit « JAÏS, dernier arrêt avant les DEUX-MOULINS ». Ils étaient des inconditionnels des « plages » de SAINT EUGENE, et grands pêcheurs devant l'Eternel ! Ils étaient aussi joueurs de Volley-Ball, sport quasi national de SAINT EUGENE aprés le Foot Ball !


Vous en souvient-il, demande Gérard?


Je confirme............il m'en souvient !

Vous en souvient-il ?

Tout de suite après la guerre, je parle de 1939-1945, il y avait à Saint-Eugène, une marchand de poissons ambulant qui parcourait de la mairie aux Deux-Moulins, toute l'avenue Maréchal-Foch, et revenait par le boulevard Pitolet pour vendre ses poissons.

Ma mère surveillait son passage, toujours bruyant pour attirer le chaland bien évidemment.

Quand il arrivait sous l'immeuble de Pierre PORTELLI, au 166 bis, où nous habitions. Il déposait son cageot par terre, mais la marchandise était dissimulée sous un linge humide, un sac de jute, imbibée d'eau, pour que le ou les poissons ne souffrent pas trop de la canicule.

Ma mère sortait la tête et le haranguait de la fenêtre de sa chambre, depuis le 3e étage :

  • « Qu'est-ce que tu as de bon aujourd'hui ? » 

Pour n'obtenir que la même et lancinante réponse, péremptoire de surcroît :

« Descends ! »

Le plus souvent, il avait de grosses crevettes rouges[1]. La maternelle en prenait 1,500 kilo pour deux francs six sous, qu'elle nous préparait de deux manières,

crevettesrouges.jpg

  • Avec les grosses têtes et leur pattes qu'elle écrasait dans un gros pilon de marbre gris, elle faisait une soupe de poissons très odorante, mais moins que celle qu'elle faisait avec les crabes Fioupélans, que nous attrapions sur les rochers de la plage de l'Indépendance, les crabes à poils, jaunâtres ou « Ériphia Verrago ».

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  • Quant aux belles queues, elle nous les préparait en court-bouillon mayonnaise.
  • D'autres fois, elle faisait les crevettes entières, à la sauce armoricaine avec des pâtes, le plus souvent des spaghetti qui avaient la prédilection paternelle.
  • D'autres fois encore, c'était un cageot entier de rougets de vase, les plus goûteux, comme chacun sait, qu'elle faisait frire légèrement farinés et qu'elle présentait à table en montagne, toujours pour deux francs six sous.

Si d'aventures, nous rechignions à les dévorer, c'était mauvais signe, et à la fin du repas, on avait droit au thermomètre au trou du pet, histoire de vérifier s'il n'y avait pas anguille sous roche : angine, rhume des foins etc.

Mais la mémoire maternelle vacille sur le prénom du vendeur ambulant ; elle ne se souvient plus du prénom.


Elle avance Azziz mais sans conviction : moi, mais je ne sais pas, pourquoi, je dirai Areski. Sans l'affirmer.

Personnellement je confirme que c'était Arezki: (J.C.Thiodet)

Sur la fin, ce brave Arezki ne déambulait plus : on lui avait octroyé une petite voûte, à l'arrêt de la mairie de Saint-Eugène.

Il y avait :

  • d'un côté, la montée en macadam pour aller au chemin des chèvres et à Notre-Dame d'Afrique, (la rue du docteur TROLARD) qui débutait devant la villa des Chanlon et du moutchou qui vendait le beurre arabe ;
  • de l'autre un escalier confortable qui rejoignait cette montée.

À la base de l'escalier, du côté de l'ancienne Poste, c'est là que se trouvait la voûte et notre Areski !


Vous en souvient-il ?


1 Ces crevettes sont curieusement appelées « gambas » de leur nom espagnol sur la Côte d'Azur ou la plupart des gens sont Italiens d'origine.

2 À Marseille, ces crabes poilus sont appelés des FIOUPELANS, un joli nom en l'occurrence.