Histoires Sousse - Ville
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[...] Il n’y a rien d’étonnant à ce qu‘on retrouve en Tunisie des objets mobiliers, des ustensiles de ménage, d’origine sicilienne.
La Sicile est proche de la Tunisie, à laquelle, dans les temps préhistorique, l’île état rattachée par le prolongement du Cap Bon.
Nombreux étaient les ouvriers siciliens qui venaient chercher du travail en Tunisie.
Excellents maçons, ils ont construit, peut-on dire, presque toutes les anciennes maisons du pays, palais du Bardo, demeures princières dont plusieurs subsistent, On y retrouve naturellement les goûts italiens.
Ayant vécu sur une île, certains de ces capaciote, comme on les appelait, je vais dire pourquoi, étaient de rudes marins.
J ‘ai raconté ailleurs l’acte de courage accompli par la poignée de ces hommes qui, sous la conduite de Félix Gandolphe, alors agent officiel de la Compagnie Générale Transatlantique, s’étaient portés au secours d’une embarcation en péril. Rien n’obligeait ces sauveteurs volontaires, que le sentiment du devoir, à venir en aide à des imprudents. Il s’agissait, en effet, de la barque appartenant aux officiers du 4e Tirailleurs, et qui avait témérairement quitté le rivage.
Ces braves gens étaient venus en Tunisie avec leurs familles généralement nombreuses.
Ils s’étaient groupés et formaient de véritables agglomérations, auxquelles ils avaient donné en souvenir de la mère patrie, le non d’une localité de chez eux, CAPACE , d’où le nom de capaciote.
C’est ainsi qu’à Sousse, il y avait Capace Grande vers le quartier Sud, et à l’autre extrémité de la ville Capace Piccolo, ainsi nommé parce que moins important à l’origine et plus isolé sur la hauteur qui dominait la ville
Les officiers de la garnison avaient allégoriquement appelé ce quartier le Trocadéro. C’est là que nous avons construit notre villa, auprès de laquelle Mgr Leynaud, alors curé de Sousse, (par la suite Archevêque d’Alger) eut l’heureuse inspiration de faire édifier l’église Saint Félix, dédiée à un martyr de l’antique Hadrumète, aujourd’hui Sousse. L’église-mère Notre-Dame a été, il y a peu, entièrement rasée par pur fanatisme, il ne faut pas craindre de le dire. Elle gênait paraît-il, la grande mosquée voisine, dont le minaret se dressait en face du clocher de Notre-Dame. Prétexte fallacieux : le clocher de Notre-Dame a subsisté pendant de nombreuses années sans qu’aucun musulman s’en soit formalisé et sans que nul n’ait demandé de débaptiser la rue de l’Église, qui conduisait au sanctuaire.
Ces immigrés avaient conservé leurs usages.
C’est ainsi que pour la fête des Rameaux, ils tressaient ingénieusement des branches de palmiers, qu’ils décoraient de dorures et de rubans multicolores, et vendaient à la porte des églises.
Musiciens, ils nous donnaient, aux principales fêtes, des aubades de violon et de guitares, dont les remerciait un pourboire accueilli avec diligence.
Parfois leurs usages frisaient l’inattendu.
Ils utilisaient, en particulier pour les enfants de hauts pots de chambre, sur lesquels on s’asseyait comme sur une chaise percée.
Leurs goûts artistiques se révélaient plus noblement par ailleurs.
Dans le vestibule d’une famille habitée par une famille amie (les Cagnone) un panneau en carreaux de faïence représentait un personnage qui montrait du doigt l’accès de l’escalier conduisant à l’étage. Le discret informateur avait devancé les bandes dessinées. il était sensé prononcer le mot inscrit prés de lui « salite », montez.
Que reste-t-il de ce charmant passé ? Bien peu de chose en vérité, et, pour ceux qui l’on connu, un souvenir nostalgique.
(Nîmes 10 septembre 1980 – Th. G.)
Extrait d'une note de Théodore GANDOLPHE - avocat à Sousse - 1886/1984
Note : En fait le nom de cette agglomération sicilienne est Capaci