Etat AVANT Djerba - Ville

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962




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TUNISIE

Djerba Nom actuel : ?

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Djerba, l'île des Lotophages, immortalisée par Homère, est située à l'extrémité du golfe de Gabès et à 90 kilomètres de cette ville. Elle n'est séparée de la terre ferme que par un étroit bras de mer, et dans l'antiquité, son ancienne capitale Meninx était reliée au continent par une chaussée, que les indigènes franchissent encore à marée basse, quoiqu'elle soit aujourd'hui aux trois quarts ruinée.

Cette île, à peu près carrée, mesure 34 kilomètres d’est en ouest et 30 kilomètres du nord au sud avec un périmètre d'environ 150 kilomètres et une superficie de 64.000 hectares.

Véritable oasis au milieu de la mer, elle est très belle, d'une fertilité extraordinaire et admirablement cultivée.

La population de Djerba, d'origine berbère pure, est d'environ 60.000 habitants, très douce, gaie, polie et laborieuse. Les Djerbiens sont cultivateurs, tisserands, potiers, marins et pêcheurs ; les tissus de laine, les couvertures, les poteries de Djerba sont très renommés.

Les Juifs habitent deux villages de l'ile : Hara-Kebira (1.500 hab.) et Hara-Srira (700 hab.), dans un site pittoresque, lieu de pèlerinage renommé parmi les Juifs des côtes de la Méditerranée, à cause de sa synagogue nommée Ghriba où l'on aurait trouvé une table de Moïse, dite '’Sifer’’.

L'île est partagée en un très grand nombre d'enclos où les habitants vivent sur le terrain qu'ils cultivent. Ils y ont leurs demeures qui sont pour la plupart disséminées au lieu d'être réunies en villages, en bourgs et en villes. Toutefois, il existe sur différents points, plusieurs centres de population.

Le besoin de la défense a poussé les gens de Djerba à faire de leurs fermes de véritables forteresses. Elles se composent d'un parc à bestiaux entouré d'une haute muraille aux angles de laquelle s'élèvent des tours. En cas de guerre, les troupeaux se réfugient dans le parc et les habitants armés garnissent les tours. Les fermes, se prêtant un mutuel appui, peuvent résister fort bien contre l'attaque des nomades. Le résultat obtenu est frappant ; à Ajim, où ces fermes forteresses existent, les cultures vont jusqu'à la mer; entre El-Kantara et Sedouikèche, où ce mode de défense n'a pas été employé, le désert est en train de reconquérir cette portion de l’île.

Les Djerbiens sont, au point de vue musulman, des protestants du rite Ouahabite ; ils ne croient pas à la mission divine des prophètes, y compris Mahomet. Leurs mosquées sont remarquables par leurs dimensions exiguës ; elles ont un minaret minuscule, surmonté, comme ceux du M'Zab, d'une sorte de lanterneau soutenant une pierre conique plantée verticalement. On compte, disséminées dans l'île, de 350 à 400 de ces mosquées miniatures.

Houmt-Souk, la capitale administrative, compte 700 habitants. Située à 800 m. de la mer; elle est le centre principal du commerce de l'île.

A 800 m environ de la localité, sur le bord de la mer, le Bordj-el-Kebir, avec fossés et batteries, massive citadelle espagnole qui tombe en ruines. A l'intérieur, on remarque le tombeau d'un marabout très vénéré des indigènes.

Le cimetière catholique, à 300 m. de là, renferme les ossements qui avaient servi à édifier le Bordj-er-Rious ou Tour des Crânes, construite avec les ossements des Espagnols, après la victoire remportée en 1560 par Dragut sur la flotte espagnole.

Guide Conti- 1912