Historique Ouargla - Ville

De Encyclopédie-de-L'AFN_1830-1962




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Ouargla Nom actuel : ?

Historique

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Situation

Ouargla, Perle du Sud

se situe à 128 m. d'altitude, à 190 km à l'Est de Ghardaïa, 388 km au Sud de Biskra, 160 km au Sud-Ouest de Touggourt.

Capitale du désert, entourée de cinq petites oasis  : Sidi Khouiled, Chott, Adjadja, Rouissat et Bamendil.

Les habitants du Ksar (ancienne ville), essentiellement un mélange de Berbères et des descendants d'esclaves (noirs) venus d'Afrique depuis plus de deux siècles.

Histoire ancienne

Ouargla se composa d'abord de quelques bourgades voisines les unes des autres, qui finirent par se réunir et former une ville considérable, dont les Beni-Ouargla tirent une place pour leur servir d'asile. Quoi qu'il en soit, la population actuel des Ouargla se compose de quatre races bien distinctes : les Arabes, les M'Zabites, les Aratini(noirs) et les « nègres », autochtone d'autrefois, dépouillés par l'invasion musulmane et assujettis à la glèbe à titre de fermiers dans des conditions cependant différentes de l'esclavage, et tenant plutôt à un pacte entre vainqueurs et vaincus.

Ouargla, perdu dans les sables, défendu par une enceinte et un fossé, a été longtemps gouverné par des chefs prenant le nom de sultan, et dont le règne éphémère finissait toujours par un assassinat. Un Arabe disait au colonel Colomieu :Ouargla ne fait pas de sultans, il les défait ! Toute l'histoire de ce ksar est là.

Dans ses derniers temps, nous voyons Mohamed-ben-Adbd-Allah, un instant khalife à Tlemcen, qui n'était pas à la hauteur de son commandement, partir pour la Mecque et revenir à Tripoli, s'installer à Rouissat et se faire proclamer sultan à Ouargla. Groupant autour de lui tous les mécontents, il veut tenir tête à la France à Laghouat, d'où il parvient à s'échapper.

Période française

Ouargla, dès lors, est proclamé ville française( 1852). Mohamed-ben-Abd-Allah, reprend les armes, est encore battu et fait prisonnier par nos alliés Si-Bou-Bekeur et Si-Lala, des Oulad-Sidi-Cheikh.

Ouargla de nouveau organisé, dépend du cercle de Laghouat.
Après avoir rencontré, quelques tentatives de résistance, la France affermit sa présence à partir de 1872.
Les Mozabites revinrent alors dans la ville pour commercer ; peu à peu ils acquirent des propriétés et pris des Noirs pour métayers (Khammès).

La ville moderne fut créée depuis 1928 par le colonel Cabillet, disciple de Lyautey.

Au commencement de 1875, quelques missionnaires (les Pères Blancs) sahariens se sont établis à Ouargla, où ils s'occupent à soigner les malades et à enseigner les français aux enfants indigènes.

D'un côté la ville française, de l'autre la ville indigène séparée par la porte de Tanit.

La vieille ville, autour de la place des chameaux, est un dédale de ruelles coupées de passages aériens qui permettent aux femmes de se rendre visite d'une terrasse à l'autre. Sur la place des chameaux, entourée de portiques, comme un cloître, se tient le marché; Le minaret de la Grande Mosquée domine la ville de ses 68m (belle vue sur la palmeraie au-delà de laquelle brillent les plages de sels de la Sebkha.

La ville européenne est avant tout militaire. Elle s'étend autour des bordjs Lutaud avec son Musée saharien et Chandèze.Marquée par l'architecture soudano-saharienne du Colonel Cabillet, mort à Ouargla en mars 1940. (Hotel Transatlantique, Portes du Sud, Eglise, Mission des Pères Blancs...)

Santé publique

Paludisme

Dans certaines oasis du Sahara Algérien, abondamment irriguées, le paludisme a revêtu longtemps un caractère hyperendémique net, malgré les mesures prises pour le combattre : parmi celles-ci Ouargla a longtemps joui du triste privilège d'occuper une place prépondérante.

Au début de l'année 1949, l'Administration décida de tenter l'assainissement durable de cette oasis par une mise en œuvre aussi complète que possible des divers moyens de lutte connus. Les opérations furent effectuées sous la direction du Service de Santé des Territoires du Sud au Gouvernement Général de l'Algérie et le contrôle technique en fut confié aux services de Parasitologie de la Faculté de Médecine à Alger
Il est intéressant, au bout de quatre années de lutte ininterrompue, de faire le point de la situation et d'exposer les résultats obtenus.

La population est d'environ 28 000 habitants parmi lesquels on compte 6 à 700 Européens, militaires et leurs familles en majorité, résidant pour la plupart dans l'agglomération construite au cours de ces trente dernières années et qui s'étale sur près de 2 km au Sud-ouest du ksar.
La population musulmane est répartie en deux groupes ethniques d'importance sensiblement égale, celle des ksour est constituée en majeure partie des métis, les «Ouarglis », issus du croisement de Berbères ou d'Arabes et de nègres du Soudan. La population nomade est arabe : elle vit sous la tente, campant aux alentours d'Ouargla durant la période automno-hivernale pour repartir au printemps soit au Sahara (Chaamba), soit vers le Nord (Sait, Otba, Mekhadma).

L'oasis est alimentée par deux nappes aquifères : la nappe phréatique, située à une profondeur variant de 0,60 m à 3 mètres qui fournit de l'eau salée ; la nappe artésienne, d'une profondeur de 50 à 70 mètres, qui donne de l'eau douce. Dans ces nappes ont été creusés plusieurs centaines de puits dont l'installation et l'entretien sont fréquemment défectueux (puits indigènes) : l'eau des puits de la nappe artésienne est rarement jaillissante mais habituellement ascendante (pompage).

L'irrigation de la palmeraie est assurée par « écoulement alterné » dans des canaux ou « seguias ». L'eau usée est collectée dans un vaste réseau de canaux de drainage, les « khandeg », d'une longueur approximative totale de près de 100 km. Ces canaux évacuent l'eau vers une vaste zone décline de 4 km2, emplie d'eau salée en hiver mais à sec en été, le « chott » : en forme de croissant, ce dernier s'enfonce en direction du Sud-Est, entre les diverses palmeraies de l'oasis.

Il est aisé de comprendre qu'avec un système hydrographique de cette nature et de cette importance, les gîtes à moustiques aient pu, de tout temps, être innombrables. Et le souvenir est demeuré vivace, tout particulièrement chez les touristes ou les visiteurs étrangers, de ces nuées de moustiques qui attaquaient en plein jour et même en plein vent le promeneur dans la palmeraie et rendaient cette dernière pratiquement inaccessible durant la majeure partie de l'année.
C'était le pays de « l'Anophèles multicolore », l'espèce prédominante des eaux salées.

Dès 1882, lors de l'installation de la première infirmerie-ambulance, les médecins signalaient que la palmeraie n'était qu'un vaste marécage et que les habitants étaient décimés par la fièvre.
Plus tard, c'était encore de véritables hécatombes que provoquait le paludisme parmi la population autochtone et l'on peut encore lire dans les archives que, durant l'automne d'une certaine année, il n'y avait plus assez de femmes pour préparer le couscous.
En 1942, un médecin écrivait qu'aucun enfant indigène n'échappait au paludisme » et la population infantile représentait un réservoir de virus important.

Une désinsectisation massive de tous les locaux couverts dans l'agglomération d'Ouargla et dans les 4 ksour de l'oasis marqua la première phase de la lutte. Elle fut réalisée par pulvérisations sur les murs et plafonds d'une émulsion aqueuse d'un mélange en proportions définies de D.D.T. et d'H.C.H.

Les opérations durèrent un mois, du 25 février au 25 mars 1949. Elles furent menées à bien grâce au concours de l'autorité militaire qui fournit une main-d'oeuvre gratuite de 50 troupiers répartis en cinq équipes. Plus de 3 millions de mètres carrés de surfaces furent traités et 38.500 litres de produit employés.

Ces opérations, malgré leurs résultats spectaculaires (destruction immédiate de tous les insectes) et l'action persistante de produit pendant plus de deux mois, ne furent pas renouvelées en raison de leur coût élevé. Et dans le courant de l'année et des années suivantes, ce mode de protection fut limité aux casernements, aux écoles et aux bâtiments administratifs.

Lutte Contre le germe causal

Pour parachever la lutte, les mesures précédentes furent accompagnées d'un « action préventivocurative de masse » à l'aide des médicaments antimalariques de synthèse.
Instaurée à titre d'essai sur une petite collectivité, durant l'automne 1948, à l'aide du chloriguane, à raison d'une prise hebdomadaire unique du médicament, et ayant donné toute satisfaction ( P. JACQUEMIN. - Essais de chimio-prophylaxie du paludisme à l'aide de la paludrine « Cahiers médicaux de l'Union Française », N. 28, Mars 1949.), la méthode fut appliquée à la totalité de la population du centre d'Ouargla du 15 juin au 30 novembre 1949.

A dater du 1er décembre 1949, devant les conditions devenues très favorables, la médication cessa d'être appliquée aux adultes, mais continua à l'être sans interruption jusqu'au 30 novembre 1950 à tous les enfants de 1 à 15 ans.

Cette médication fut acceptée sans la moindre réticence par les populations, au demeurant très favorablement impressionnées par l'amélioration de la situation.

Conclusion

Le but proposé à l'origine est atteint : autrefois la plus impaludée des oasis algériennes, Ouargla est maintenant assainie. Certes, il appartient à ceux qui ont la responsabilité sanitaire du pays d'éviter que les mesures de prévention, toujours indispensables, ne tombent dans l'oubli et qu'aucune faille ne se produise dans le système défensif actuellement bien au point : à ce prix et à ce prix seulement l'assainissement de la palmeraie sera maintenu.( R. MANDOUL et P. JACQUEMIN. - Assainissement de l'oasis d'Ouargla. Bulletin de la Société de Pathologie Exotique, N° 7-8, Juillet-Août 1951).

  • Source :Documents algériens (extrait partiel) Le Médecin-Colonel PASSAGER Directeur du Service de Santé des Territoires du Sud ALGER, le 1er Janvier 1953.

Aujourd'hui

Aujourd'hui, Ouargla est le chef-lieu de la troisième plus grande wilaya d'Algérie mais aussi l'une des moins peuplées (445 619 hab. en 1998).
Néanmoins avec la proximité de Hassi Messaoud, elle est devenue la capitale du pétrole, englobée de bâtiments administratifs, une zône industrielle, ses écoles comme l'Institut agricole du Sahara qui font qu'elle a quelques attraits pour les pétroliers en virée, beaucoup moins pour les touristes. L'antique « reine du désert » dans son oasis d'environ 6400 hectares, entourée d'un mur d'enceinte et protégée par une forteresse (la Casbah) s'élève à peu près au centre de l'oasis, sur une terre formée de roches calcaires ; les rues sont étroites, tortueuses et sales.

Le nombre de dattiers arrosés et en plein production doit déjà dépasser 500 000. Dans un rayon de 16 km, s'en trouvent peut-être 400 000 autres, des djalis, devenus infertiles faute de soins et d'irrigation.

  • Source : Extrait partiel de la Revue P.N.H.A n°116 signé J.M.L